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FIGAROVOX/TRIBUNE - Inaugurée samedi 21 juin, la «forêt urbaine» plantée devant l’Hôtel de Ville relève plus d’une opération de communication coûteuse que d’un projet écologique, regrettent les architectes Dominique Dupré-Henry et Tangui Le Dantec.
Dominique Dupré-Henry et Tangui Le Dantec sont architectes et cofondateurs du collectif «Aux arbres citoyens».
Représentée par des visuels enchanteurs de façade au fond d’un sous-bois, la création d’une « forêt urbaine » sur le parvis de l’Hôtel de Ville était l’un des projets emblématiques de la seconde mandature de la maire de Paris. Tel un décor de théâtre, cette « forêt » vient de faire l’objet d’une inauguration très médiatique le 5 juin dernier, à l’occasion de la visite du président brésilien, Lula da Silva, en France. Elle est ouverte au public depuis le 21 juin. Il convient cependant de préciser qu’il s’agit dans la réalité de l’implantation de deux bosquets, d’une surface totale de 1000 m2, de part et d’autre du parvis dont un quart de la surface a été végétalisé, soit au total environ 2500 m2. D’un point de vue technique, il est en effet plus juste de parler de bosquet, car la superficie plantée ici est bien inférieure à ce qui est généralement considéré comme une forêt, même en milieu urbain.
S’il est à regretter que ce projet n’ait pas pu bénéficier, comme la place de la Concorde, d’un concours de concepteurs, il a par contre mobilisé un budget très important de six millions d’euros, malgré son faible intérêt environnemental. La mairie de Paris a, semble-t-il, fait le choix d’investir massivement dans ce qu’elle considère comme un élément phare de sa politique de communication.
La place de l’Hôtel de Ville étant située au-dessus d’un parking, il était évidemment exclu de creuser une fosse suffisamment profonde pour y planter des arbres comme cela aurait dû être le cas pour une véritable forêt urbaine. Seules deux bandes étroites, le long des anciennes fontaines aujourd’hui végétalisées, sont réellement constituées de pleine terre. La majorité des végétaux ont donc été plantés sur une fine dalle en ciment armé, simplement recouverte d’une couche géotextile, d’une structure en plastique et d’une faible quantité de terre rapportée par-dessus, créant une sorte de talus.
Le dispositif donne l’impression d’avoir été conçu dans la précipitation afin de répondre surtout à des délais d’inauguration imposés par un calendrier médiatique et politique.
Cette disposition non traditionnelle ne permettant aucune réserve d’eau en cas de canicule, une irrigation a été installée qui crée déjà des problèmes visibles d’évacuation, avec des flaques d’eau boueuse. En effet, la terre située au-dessus de la dalle glisse logiquement sous l’effet de son poids et encombre les égouts, qui ne semblent pas avoir été réaménagés, ni les avaloirs d’ailleurs, en fonction du projet. Le dispositif donne l’impression d’avoir été conçu dans la précipitation afin de répondre surtout à des délais d’inauguration imposés par un calendrier médiatique et politique.
Alors qu’il est fortement conseillé par les professionnels de planter des arbres jeunes et d’éviter les sujets adultes qui auront beaucoup de difficultés à reprendre, la mairie a fait le choix d’importer depuis des pépinières allemandes et néerlandaises des sujets de haute taille (jusqu’à dix mètres), fort coûteux, dont certains commencent déjà à décliner. De plus, certaines essences choisies, comme par exemple, en arbres structurants, les grands féviers d’Amérique ou, en strates basses, les érables japonais, sont des espèces non indigènes dont le bénéfice sera très faible en matière de biodiversité pour la flore et la faune locales. Enfin, il est à noter que la période de plantation qui s’est étirée jusqu’au mois de juin est tout à fait hors délai, puisque celle-ci n’aurait pas dû excéder le mois d’avril. Victimes de ce calendrier inapproprié, les érables normalement pourpres, restés en attente de plantation, sont déjà presque brûlés.
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De manière plus générale, il y a fort à craindre qu’une bonne partie de ces arbres ne survivent malheureusement pas au-delà de quelques années. L’objectif de la mairie de rafraîchir l’espace et d’offrir ombrage et bien-être aux usagers paraît largement irréaliste dans la mesure où l’évapotranspiration des arbres aura beaucoup de peine à exister dans un espace aussi réduit et un environnement aussi minéral.
La durée de vie des arbres se mesurant en décennies, les cycles d’une véritable forêt se basent sur des temps longs, or le décor planté sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris semble apparemment conçu pour une durée de vie assez faible. Dès l’ouverture au public, les visiteurs ont pu constater que les strates végétales basses exposées au soleil étaient déjà en train de brûler, malgré un arrosage important. Il est regrettable que l’argent du contribuable parisien serve ainsi à financer des projets non durables et très coûteux, qui n’ont que peu à voir avec l’écologie et qui semblent avant tout des vitrines au service d’un agenda politique.