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À Sunnyside, dans l’État de Washington, un groupe d’employés agricoles travaillant pour une entreprise canadienne fait campagne pour boycotter ses produits, accusant l'entreprise de pratiques antisyndicales. Selon des militants, le contexte politique actuel aux États-Unis pourrait ouvrir la voie à une vague de syndicalisation.
Quand la ferme de champignons Ostrom (aujourd’hui Windmill Farms) a ouvert ses portes, en 2019, plusieurs travailleurs y ont vu une occasion d’emploi stable, comparativement aux autres possibilités dans cette région agricole du sud de l’État de Washington.
La cueillette de champignons, qui a lieu en serre, permet de travailler à longueur d’année dans un environnement à la température contrôlée.
C’est ce qui a attiré Angela – dont nous avons accepté de n’utiliser que le prénom – dans ce milieu de travail, pendant la pandémie. Cinq ans plus tard, elle y est toujours, même si elle dit travailler parfois jusqu’à 15 heures par jour – environ 55 heures par semaine en moyenne – et ne bénéficier que d’une semaine de vacances par année.
Nous sommes traités comme des esclaves, résume l’employée qui est dans la soixantaine. La femme d’origine mexicaine, qui vit aux États-Unis sans papiers depuis une vingtaine d’années, fait partie d’un groupe de travailleurs qui militent depuis plus de deux ans pour se syndiquer.
Six employés actuels et passés interrogés par Radio-Canada affirment que, en raison des quotas de récolte élevés, des longues journées de travail et de l’intimidation à laquelle ils font face, un climat de peur généralisé s’est installé au sein des équipes de l’entreprise, qui appartient aujourd’hui à un fonds d’investissement canadien.
La firme Instar Asset Management, propriétaire de l’entreprise, a décliné les demandes d'entrevue de Radio-Canada. Windmill Farms fait face à deux recours différents devant la Cour supérieure et la Commission des droits de la personne de l’État de Washington pour pratiques antisyndicales et discrimination.
Dans des documents déposés en Cour, le directeur général de l’entreprise, Jeff Cratty, nie toutefois avoir découragé l'activité syndicale ou ciblé les partisans du syndicat, affirmant d'ailleurs ne pas savoir quels employés soutiennent les efforts de syndicalisation.
Une entreprise sous la loupe de l’État
Quand le fonds d’investissement Instar Asset Management a repris la ferme, à travers l’entreprise ontarienne Windmill Farms, il faisait figure de sauveur pour les quelque 200 employés.
Le propriétaire précédent, Ostrom, était dans la mire du procureur de général de l’État de Washington pour discrimination après avoir renvoyé 140 travailleuses locales et les avoir remplacées par des hommes embauchés à travers un programme de visas temporaires.
Les preuves que mon équipe a découvertes sont claires, avait déclaré le procureur général Bob Ferguson, aujourd’hui gouverneur de l’État, à l'époque. Ostrom a fait preuve de discrimination à l'égard des ouvrières agricoles et des habitants de l'État de Washington pour pouvoir embaucher des travailleurs étrangers temporaires, majoritairement masculins, qui ont moins de droits. Leur comportement est inquiétant et illégal.

L'entreprise ontarienne Windmill Farms a acquis la ferme de champignons de Sunnyside, dans l'État de Washington, en 2023.
Photo : Radio-Canada / Francis Plourde
Quelques mois après le rachat de l’entreprise, le procureur général annonçait que l’entreprise devrait payer 3,4 millions de dollars américains en compensation, mettant fin à la poursuite.
Les nouveaux propriétaires s’engageaient ainsi à prendre des mesures pour protéger les employés, respecter les lois de l’État contre la discrimination et à ne pas prendre de mesures de représailles contre les employés déposant une plainte pour discrimination.
Les employés rencontrés par Radio-Canada allèguent toutefois que le climat de travail a empiré depuis l’arrivée d’Instar Asset Management, et soupçonnent que cette situation est liée à leurs tentatives de syndicalisation.
Une nouvelle poursuite pour pratiques antisyndicales
En novembre 2023, environ 10 mois après le rachat de l’entreprise, le syndicat United Farm Workers (UFW) a ainsi déposé une poursuite au civil devant la Cour supérieure de l’État de Washington contre l’entreprise au nom de six employés licenciés, alléguant de l’interférence, de la discrimination et des mesures de représailles contre les employés qui ont fait part de leurs inquiétudes aux gestionnaires ou qui appuient la syndicalisation.
Les avocats des plaignants allèguent que Windmill Farms s'est engagée dans des pratiques illégales pour contrer les tentatives de syndicalisation des travailleurs, notamment des actes de représailles, des licenciements injustifiés et des violations des lois sur le travail et les sous-traitants de main-d'œuvre. La cause étant toujours en cours, les allégations n’ont pas été prouvées devant les tribunaux.
Dans des documents déposés en Cour, l'entreprise affirme toutefois que les plaignants ont été licenciés en raison d'un historique disciplinaire qui comprenait notamment des problèmes de présence et de non-respect des normes de production. Ses avocats ont demandé le rejet de la requête.
La cause est toujours en cours et les dossiers des plaignants individuels ont été transférés en arbitrage.
Elle allègue avoir été licenciée de façon arbitraire
En marge de cette poursuite et des démarches de syndicalisation, une employée renvoyée récemment a déposé, le 12 février dernier, une plainte pour discrimination auprès de la Commission des droits de la personne de l’État de Washington.
Arrivée aux États-Unis en 2022, Julia Velasquez a travaillé pendant deux ans à la ferme de champignons de Sunnyside. En octobre dernier, elle a été suspendue avec salaire en raison d’une enquête liée à des accusations de harcèlement sexuel qu'elle affirme être fausses. Elle a été officiellement licenciée le 6 janvier dernier.

Julia Velasquez, originaire du Pérou, a été licenciée au début de l'année. Elle allègue que c'est en raison de son appui pour la création d'un syndicat à Windmill Farms.
Photo : Radio-Canada / Francis Plourde
Ce sont des représailles exercées contre moi parce que j’ai soutenu mon chef d’équipe, affirme la mère de quatre enfants. Selon elle, les accusations ont été orchestrées par un groupe d’employés qui l’ont harcelée et maltraitée. Elle allègue que les ressources humaines n’ont pas pris la peine de récolter sa version des faits pendant l’enquête.
S'il y avait un contrat syndical dans cette entreprise, il y aurait plus de supervision dans la façon dont ils licencient un travailleur, croit-elle.
Un contexte difficile pour les travailleurs
Selon les lois en vigueur dans l'État de Washington, les entreprises agricoles ne sont pas obligées de reconnaître les demandes de syndicalisation, compliquant les efforts déployés par les travailleurs.
Comme travailleurs agricoles, nous n’avons pas de voix, personne ne nous écoute, déplore l'organisatrice syndicale Lorena Avalos. Plusieurs travailleurs ne connaissent pas leurs droits. Je veux faire savoir à mes compatriotes que nous avons des droits et qu’il faut s’en prévaloir.

Lorena Avalos, de United Farm Workers (au centre), aide deux ex-employées de Windmill Farms qui ont perdu leur emploi.
Photo : Radio-Canada / Francis Plourde
Selon United Farm Workers, le climat politique actuel, avec les menaces d’expulsion de travailleurs sans papiers, ajoute à la pression.
Ça nous empêche de parler et de dire ce qui se passe à la ferme de champignons, la maltraitance au travail, renchérit Julia Velasquez, une des rares à pouvoir parler à visage découvert, car elle a un statut légal aux États-Unis. Nous courons le risque de perdre notre emploi et, maintenant, nous courons le risque d'être expulsés.
Le vrai danger, pour nous, c'est que les producteurs utilisent la menace d’expulsions massives et l’idée que les prix des aliments vont augmenter pour essayer de favoriser l’embauche de travailleurs temporaires, explique Antonio De Loera-Brust, directeur des communications d'United Farm Workers.

La chaîne Fiesta Foods a cessé de se procurer des produits de Windmill Farms en appui aux travailleurs agricoles.
Photo : Radio-Canada / Francis Plourde
Un boycottage qui ne passe pas inaperçu
Dans ce contexte de menaces d’expulsions de travailleurs sans papiers, les tentatives de syndicalisation, qui comportent le boycottage des produits de l’entreprise, ne passent pas inaperçues dans la région.
Depuis l’annonce de l'initiative, en décembre dernier, la chaîne Fiesta Foods, qui dessert la communauté latine de la région, a cessé d’acheter des produits de l’entreprise.
On a décidé de ne plus acheter les champignons de cette entreprise pour appuyer notre communauté, explique le gérant de la chaîne, Luis Moreno. Le boycottage se poursuivra jusqu'à ce que la situation des travailleurs s'améliore, dit-il.
Une firme d’investissement à responsabilité sociale
La firme Instar Asset Management, propriétaire de Windmill Farms, a été informée des allégations faites par les travailleurs et décliné la demande d’entrevue de Radio-Canada.
Sur son site web, Windmill Farms affiche toutefois une déclaration contre l’esclavage moderne, expliquant que le travail forcé, celui des enfants et la traite de personnes vont à l’encontre de sa mission et de ses valeurs.
Nous nous imposons les normes les plus élevées et attendons de nos employés et travailleurs contractuels qu'ils agissent avec intégrité et respectent à tout moment la loi, les réglementations et les règles applicables dans les régions où se passent nos activités. Si, dans certains cas, ces attentes ne sont pas satisfaites, nous examinerons la situation et prendrons les mesures qui s'imposent.