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Échaudées par la grève de Postes Canada de l’hiver dernier, plusieurs petites entreprises ont pris les devants pour s’éviter un autre chaos logistique alors qu’un nouveau débrayage du service postal se profile à l’horizon.
« On a appris de la dernière grève. Cette fois-ci, on se sent prêtes, on sait quoi faire et à quoi s’attendre », lance au bout du fil Marie Beaupré, copropriétaire de l’entreprise montréalaise Les Mauvaises Herbes, qui se spécialise dans la vente de produits naturels.
Depuis mardi, avant même le déclenchement officiel d’une grève des employés de Postes Canada — qui pourrait survenir dès le 23 mai —, l’entreprise a complètement cessé d’utiliser le service postal de la société d’État, qui assure d’habitude 75 % de ses livraisons de colis.
Les commandes seront temporairement acheminées vers ses clients par d’autres transporteurs, comme Purolator ou Chasseurs courrier, avec qui l’entreprise fait affaire occasionnellement.
« Pour nous, c’était hors de question de revivre le même scénario que cet hiver. On s’était retrouvés avec beaucoup de colis pris en otages dans les entrepôts de Postes Canada. Ça a généré du stress pour l’équipe et pour nos clients, qui se demandaient quand ils recevraient leurs commandes », souligne Marie Beaupré.
Pertes d’argent
En s’y prenant ainsi d’avance, Les Mauvaises Herbes s’assurent qu’aucun colis ne se retrouvera cette fois-ci bloqué en cours de livraison. Cette solution a toutefois un prix : « On perd de l’argent, c’est sûr, car les autres transporteurs sont en général plus chers que Postes Canada », explique l’entrepreneuse, qui indique à titre d’exemple avoir dépensé 15 000 $ de plus en changeant de transporteurs durant le temps des Fêtes. « Reste que, dans la balance des pour et des contre, c’est le choix le plus judicieux en ce moment. »
La dernière grève de Postes Canada a aussi laissé un goût amer à Gabriel Doucet-Couture, copropriétaire de la savonnerie Gabeko, en Gaspésie. Il estime pour sa part avoir perdu entre 20 000 $ et 30 000 $ de chiffres d’affaires, faute d’avoir pu envoyer des colis aux clients ou recevoir la matière première pour confectionner ses produits à temps.
« On n’a pas pris de risques : vendredi, on a envoyé nos derniers colis avec Postes Canada. On va passer temporairement par un autre transporteur, le temps de la grève », précise-t-il.
D’après la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), le dernier arrêt de travail des employés de Postes Canada a entraîné des pertes de revenus et de ventes de plus de 1 milliard pour les PME.
De l’avis de Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la FCEI, les PME — dont plus des trois quarts (79 %) comptent sur les services de la société d’État — ne peuvent se permettre de subir de nouvelles perturbations.
« Postes Canada est en train de se mettre à dos ses meilleurs clients, les seuls qui lui permettent de demeurer pertinent, croit M. Guénette. Beaucoup d’entreprises avaient mentionné cet hiver vouloir trouver d’autres fournisseurs, pour ne plus dépendre de Postes Canada. S’ils ne sont pas encore passés des paroles aux actes, cette deuxième grève en moins de six mois risque de les convaincre de le faire. »
Où en est le conflit ?
Après 32 jours de débrayage en novembre et décembre derniers, les quelque 55 000 employés de Postes Canada ont été forcés par l’ancien gouvernement Trudeau de retourner au travail. Les conventions collectives existantes avaient ainsi été prolongées jusqu’au 22 mai.
Depuis, les négociations entre le syndicat et l’employeur restent dans l’impasse. La volonté de Postes Canada d’étendre la livraison la fin de semaine constitue un des désaccords majeurs entre les parties. Celles-ci ne s’entendent pas sur la façon de se doter du personnel nécessaire à cette mesure.
Lundi après-midi, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a informé la direction que les employés prévoyaient de former un piquet de grève à compter de vendredi matin à minuit, interrompant ainsi la livraison de près de 8,5 millions de lettres et de 1,1 million de colis par jour de semaine.
Depuis 2018, Postes Canada cumule des pertes de plus de 3 milliards, alors que les Canadiens envoient de moins en moins de lettres et que les concurrents accaparent toujours plus le marché des colis.
Dans un rapport déposé le 15 mai, la Commission d’enquête sur les relations de travail chez Postes Canada a recommandé l’élimination progressive de la livraison quotidienne du courrier à domicile aux adresses individuelles, tandis que la livraison quotidienne aux entreprises devrait être maintenue. La Commission conseille par ailleurs la levée des moratoires sur la fermeture des bureaux de poste ruraux et la conversion vers des boîtes postales communautaires.