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Eric B., 63 ans, infirmier libéral, marié, deux enfants. Jérémie D., 34 ans, juriste, pacsé. Nicolas M., 43 ans, chauffeur, en concubinage. Awad M., 30 ans, éducateur auprès de jeunes en difficulté, marié. Leur casier judiciaire était vierge. Des vies bien rangées. Sur leur téléphone, les enquêteurs ont retrouvé des centaines de connexions vers des sites de rencontres tarifées, Wannonce et Sexemodel, réputés pour héberger des annonces de prostituées mineures.
Ces hommes ont tous "consommé" Mina (1), 14 ans et vierge à l'époque, les cheveux au carré, des traits d'enfant et les yeux tristes. Lors d'une fugue, elle s'est retrouvée séquestrée dans un appartement parisien par une bande de filles, mineures pour la plupart, cachées dans la salle de bains pendant les passes et sortant par moments pour la tabasser ou filmer des actes sexuels forcés. Les images, diffusées sur les réseaux sociaux pour attirer le chaland, hantent son avocate, Sarah Girand. Elle reçoit dans son cabinet parisien, encore marquée par cette jeune ado complètement perdue. "Son regard… Ce dégoût sur le visage, les ecchymoses sur le corps. Les hommes ne pouvaient ignorer sa souffrance, ni la croire majeure. Impossible." L'un d'eux a d'ailleurs admis lors de sa garde à vue que Mina n'était pas vraiment "pulpeuse" comme les femmes qu'il apprécie d'habitude. "Mais je ne savais pas qu'elle était mineure", a-t-il insisté.
C'est l'argument de défense numéro 1 des quelques clients qui finissent devant un tribunal correctionnel : assurer avoir été "piégé" par une jeune fille faisant plus que son âge. D'autres affirment être frappés d'amnésie une fois à la barre, ils ne se souviennent ni de l'acte sexuel ni des visages. Dans le dossier de Mina, l'un des prévenus s'est même posé en victime, affirmant avoir été "traumatisé par [sa] garde à vue".
Dans cette affaire, quatorze ADN différents ont été relevés. Huit clients ont été identifiés et ont écopé d'une amende, trois à de la prison avec sursis pour recours à la prostitution et deux à un an ferme pour non-assistance à personne en danger. Lors de l'enquête, il n'a pas été possible d'établir pour la plupart des clients qu'ils connaissaient l'âge réel de la victime. Seul l'un d'eux est mis en examen pour viol ; le procès doit se tenir à Paris au premier trimestre 2026. Si la qualification est retenue, ce serait une première. Aucun client n'aurait été condamné en cour d'assises pour relations sexuelles avec des mineurs de moins de 15 ans, comme le prévoit pourtant la loi de 2021. Contacté, le ministère de la Justice déclare ne pas savoir. Entre 15 000 et 20 000 adolescentes seraient victimes de prostitution en France aujourd'hui. Et l'âge ne cesse de reculer, certaines ont à peine 11 ou 12 ans… sans que les clients ne soient inquiétés.
Chambre pleine de jouets
Sur le terrain, tous les observateurs dressent ce même constat. Abrupt. "Des hommes cherchent à "consommer" de la mineure. Il n'y a pas de profil type. C'est monsieur Tout-le-Monde." Les dossiers judiciaires que nous avons consultés recoupent les récits recueillis par les associations. Il y a cet homme, la soixantaine, marié avec enfants et petits-enfants, qui sonne à la porte d'un pavillon. Sur l'annonce, la fille disait avoir 19 ans. En réalité, elle en a 12. Quand elle le conduit dans sa chambre pleine de jouets, l'homme tique. Mais passe à l'acte. Ou cet éducateur de l'Aide sociale à l'enfance jugé pour relations tarifées avec une ado de 15 ans vivant dans l'établissement où il exerçait… Il ne pouvait donc ignorer ni son âge ni sa vulnérabilité. C'est aussi ce client habituel, décrit à Libération par Linda (1), 15 ans, tirée depuis peu de la prostitution. Il est père d'une enfant du même âge. Elle se souvient, dans sa maison, des photos de ses proches sur chaque mur : en vacances, lors des anniversaires, des mariages. "Il me disait : "On peut coucher dans le lit de ma femme, ça ne me dérange pas.""
Hélène Bodart, directrice du pôle protection de l'enfance dans l'association lilloise Solfa, raconte son effarement au moment de sa prise de poste. "Une petite rentre d'une passe habillée en surpyjama licorne. En pilou ! Je ne comprenais pas, je les imaginais toutes surmaquillées." L'explication de son collègue la glace : "Parce que le pyjama enfant, ça plaît !" Elle repense aussi à cette jeune de 17 ans, qui balance sans rire : "Je suis bonne pour la retraite. T'as vu mes formes ? C'est foutu pour moi." Il y a encore cet appel par erreur à la plateforme d'aide des victimes de Loire-Atlantique. L'homme voulait "commander une jeune. Livrée à domicile".
Léa Messina, qui pilote depuis quatre ans ce dispositif d'écoute nommé Alba, consigne les mots et des captures d'écran des téléphones des ados. Par un jour de ménage et de lassitude devant l'ampleur du phénomène, elle a bazardé son fichier. "Quand va-t-on se réveiller ? Ce n'est pas de la prostitution mais de la pédocriminalité. Les petites nous racontent tout, elles se livrent. Peut-être aussi pour vérifier notre réaction, et s'assurer que ce n'est pas normal." Comme ce client, déçu, textotant après la passe : "J'espérais que tu n'aies pas encore de hanches et de seins." Elle rapporte aussi ces mots d'une adolescente pleine de vie : "J'ose plus aller à la boulangerie, le gars derrière le comptoir, j'ai peur que ce soit un client." Cette autre jeune, résumant des années de recherches sociologiques : "Ils roulent en Tesla ou en Clio. Avec des sièges auto ou pas. Certains portent l'alliance, d'autres non. Des grands-pères, des jeunes. Des paumés, des riches. C'est tout le monde."
"Pour eux, c'est comme mettre des étoiles dans les restos"
Une consœur de Léa Messina, à l'autre bout de la France, décrit ce moment "terrible" relaté par une jeune fille. En arrivant dans l'appartement pour une passe, cette dernière se décompose : "Le client, c'était le policier de la brigade des mineurs." Une autre éducatrice est, elle, témoin direct d'une situation semblable. Lors d'un rendez-vous pour un avortement, l'ado reconnaît le gynécologue. Tout son corps se met à trembler. "On s'attend à voir des visages de monstres, mais ça peut être un beau blond, bien habillé. C'est comme au procès des viols de Mazan", résume une déléguée départementale aux droits des femmes et à l'égalité, préférant garder l'anonymat, tiraillée entre la volonté de dénoncer et celle de se protéger pour poursuivre son travail. Tous les professionnels de terrain partagent ce ressenti : "Ces hommes se savent tellement intouchables qu'ils ne se cachent même pas, ils laissent des commentaires sur les sites en accès libre. Allez voir."
Nous voici à Montpellier, dans les locaux à l'adresse tenue secrète de l'Amicale du nid. Claire Grangeaud pilote une équipe d'éducatrices, qui, entre autres actions, procèdent à des maraudes numériques. Toujours en binôme, "sinon c'est trop dur". Elles parcourent les sites internet d'annonces tarifées, ressemblant à des supermarchés en ligne. Ce matin-là, Louise et Anne (1) scrollent sur Sexemodel. Dans la barre de recherche, elles ciblent les profils de "18 à 23 ans". "Les filles ne peuvent pas indiquer qu'elles sont mineures. Mais dans ces tranches d'âge là, une partie l'est", note Louise, qui malaxe une balle antistress. Les annonces défilent.
A force, elles ont l'œil pour les repérer. "Elle est mineure, elle, ça se voit." Anna (1), 19 ans selon son annonce, a en effet des traits d'adolescente. Elle pose en lingerie transparente ou en maillot de bain à la plage. On lit : "Je suis une femme algérienne coquine et toujours de bonne humeur." Dans l'annonce, on trouve son pseudo Snapchat pour envoyer des messages éphémères, insaisissables par la police. Certains ne prennent même pas cette précaution. Section commentaires, les clients se lâchent : "J'ai pu la rencontrer. J'ai bien aimé, j'espère qu'elle reviendra." Dans son profil de "consommateur", l'homme affirme avoir 29 ans et vivre à Dijon. Il a commenté 21 "prestations" de prostituées – dont la plupart aux traits enfantins – avec des messages du type "j'ai bien kiffé, j'ai pu assouvir un fantasme de plus" ou "très investie et se donne à fond. Foncez".
Toujours sur la page d'Anna, un autre client : "Bien serrée et juteuse. Elle encaisse super bien." Anne fulmine. "C'est un malade lui." En cliquant sur le profil de l'homme, on découvre son visage, un costume de pilote de ligne sur un tarmac d'aéroport. "C'est dire leur impunité. Pour eux, c'est comme mettre des étoiles dans les restos. Ils se refilent les conseils et les bons plans, ils sont solidaires. Certains disent même carrément : "Allez-y, elle est mineure."" Les deux éducatrices envoient les captures d'écran à Pharos, la plateforme gouvernementale de signalements, et un SMS type à la jeune fille, via son numéro. "Vous pouvez nous contacter si vous avez besoin d'infos sur vos droits, d'écoute ou de conseils en réduction des risques." Environ une fille sur dix saisit la perche tendue et répond. C'est rare, mais ça arrive. Un travail de fourmi. Lors de la matinée que Libération a passée avec l'équipe de l'Amicale du nid, le profil de la jeune Anna a totalisé 470 vues, dont 20 en dix minutes.
Tarifs plus élevés pour les mineures
A Nice, l'équipe du projet Inside, lancé dans le cadre du plan de lutte contre la prostitution des mineurs de l'ex-secrétaire d'Etat Adrien Taquet en 2022, qui scrute aussi les plateformes en ligne, repère les émoticônes et mots codés des prédateurs pour trouver des mineures. La part de pizza, par exemple. Ou le nœud rose, bien que déjà obsolète. "Dès que cela commence à se savoir, ils en prennent d'autres", commente Béatrice Parent, coordinatrice du dispositif. Pareil pour les sites. Quand Coco.gg a fermé, car hébergeant en masse des annonces de mineures, l'activité a basculé en partie sur Discord, accessible seulement par parrainage. Les algorithmes dopés par l'IA simplifient aussi la vie des clients : les profils de mineures, parce que très demandés, remontent vite dans les "tops" mis en avant en haut du site. En moyenne, une mineure rapporte dans les 3 000 euros jour au proxénète. Les tarifs sont plus élevés que pour les majeures, confirme, à Nantes, Léa Messina. 80 euros le quart d'heure, 150 la demi-heure.
Ce sentiment de toute-puissance des clients, que tous mesurent à longueur de maraude, s'accompagne souvent de pratiques sexuelles extrêmes, assurent les associatifs. La sodomie, par exemple, est quasi systématique. Les corps des enfants, souvent en sang. Dans le cas de la jeune Mina, la mention "Sodomie + 70 euros" a été ajoutée à l'annonce après quelques heures d'activité, accompagnée d'un émoji bouche grande ouverte. "Je lui ai dit que je ne voulais pas qu'il le fasse." Edouard S., 43 ans au moment des faits, PDG d'une société florissante et vivant dans le coin chic du XVIIIe arrondissement de Paris, n'écoute pas Mina. Il exige même des proxénètes cachées dans la salle de bains qu'elles filment. La situation l'excite, ses mots sont de plus en plus violents, il adresse des coups de poing.
Face aux policiers lui mettant les images sous les yeux, il reconnaît que la jeune fille "ne semble pas consentante", "dégoûtée". Pour se défendre, il affirme avoir pensé à un "jeu sadomasochiste". Mina avait appelé à l'aide à plusieurs reprises, se confiant aux clients les moins brutaux. "Je suis forcée", répétait-elle, les suppliant de la sortir de là. Plusieurs lui promettent d'alerter la police, l'un d'eux s'enorgueillit même d'avoir un frère parmi les forces de l'ordre. Aucun ne l'a fait. Sur les huit clients identifiés, deux ont été condamnés pour non-assistance à personne en danger à deux ans de prison avec sursis dont un ferme, avec bracelet électronique.
Syndrome de Stockholm
La plupart du temps, les victimes ne coopèrent pas avec les policiers, voire les insultent. C'est l'une des particularités de ces affaires, compliquées à saisir : les adolescentes ne se considèrent souvent pas comme victimes et la plupart du temps soutiennent leur proxénète, affirmant vendre leur corps de leur plein gré. Les psychologues expliquent cela par l'emprise, et la recherche inconsciente de l'état de dissociation de leur corps, quand la sidération anesthésie tout ressenti. "Quand vous arrivez devant les magistrats du siège pour tenter de démontrer l'existence d'un viol, et qu'en face, la jeune fille soutient qu'elle était consentante… On a beau expliquer, c'est compliqué", témoigne un procureur sous anonymat. Dans le cas de Mina, l'expertise psychologique a révélé une forme de syndrome de Stockholm, "elle minimise la gravité des faits qu'elle a subis", note le rapport. Lors de la première audition, la jeune fille a d'abord pris la défense des clients, avant de révéler la cruauté des faits.
Ces derniers mois, des expérimentations se mettent en place pour que des associations accompagnent des ados lors des auditions, afin de faciliter leur parole. "Une victime qui refuse d'être aidée par les institutions mine le moral des équipes, des enquêteurs et de toute la chaîne pénale", poursuit le procureur. Il comprend la rage des associations devant le peu de clients sanctionnés, la partage d'une certaine manière. "On ressent ce décalage entre le discours politique de lutter contre la prostitution et la pédocriminalité, et la réalité de nos moyens d'enquête." Moyens humains, dit-il, mais aussi légaux.
Surtout vu le nombre d'annonces en ligne et de clients : le magistrat prend l'image de la petite cuillère et de l'océan. Pourtant, dès que les signalements sont solides – et ils le sont de plus en plus – des enquêtes sont ouvertes. Un bond a été fait ces dernières années : les professionnels repèrent plus vite les signes de prostitution. Dans les parquets, partout des procureurs sont nommés référents, parfois avec des moyens d'enquête dédiés. C'est à l'étape suivante que ça coince. Dans les commissariats ou les gendarmeries, les enquêtes s'empilent. Et stagnent. "Un seul policier est référent pour tout le département ! Il est super. Mais seul, il peut quoi ? s'énerve Claire Grangeaud à Montpellier. Les téléphones des gamines pourraient être confisqués pour convoquer les clients."
Les messages sur les téléphones, même explicites – "Mots crus, fessées, crachats, OK ?", "J'espère que vous appréciez la sodo peu importe la taille car c'est ce que je recherche" – ne suffisent pas à caractériser la connaissance de la minorité par le client et donc à démontrer le délit. Car le recours à une prostituée majeure est passible d'une simple amende et donc ne permet pas l'ouverture d'une enquête. Sans preuve solide permettant d'établir que le client savait être devant une adolescente, l'enquête tourne court. Les rendez-vous, s'organisant en ligne et souvent via des messageries cryptées (Snapchat, WhatsApp, Signal…), ne facilitent pas le boulot des enquêteurs. Leur priorité est d'ailleurs autre : coincer les têtes de réseau, "plus dangereux que les clients" et "avec plus de chances de les incarcérer", résume le procureur. Aujourd'hui, les clients poursuivis sont donc le plus souvent ceux trouvés "en chemin", au cours d'une enquête pour proxénétisme.
Des commissariats "noyés sous le boulot"
Lénaïg Le Bail, cheffe de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (Ocrteh), coordonne l'action des services de police et de gendarmerie sur le territoire. Au siège, elle pilote une vingtaine d'enquêteurs aguerris, habilités notamment pour traquer en ligne, à l'aide de faux profils. La volonté de sanctionner les clients est présente, dit-elle, mais "à l'heure actuelle, leur identification n'est généralement possible qu'à l'aune des enquêtes pour proxénétisme". Quand les preuves sont accablantes, comme pour Mina. Ou lorsque le père d'une des victimes est policier et mène l'enquête, seul, à l'image de ce dossier jugé en 2021, aboutissant à la condamnation de deux clients à un an de prison ferme.
En 2023, près de 400 personnes ont été poursuivies pour proxénétisme, tenue d'un lieu de prostitution ou violences sur personnes victimes de prostitution impliquant des mineures. Et moins de 20 clients. A la préfecture de police de Paris, Christophe Molmy, chef de la Brigade de protection des mineurs, est cash : "Notre cible, ce sont les proxénètes. Les clients sont du ressort des commissariats mais ils sont noyés sous le boulot, tous les dossiers sont prioritaires. On veut tout pénaliser, ce n'est pas toujours la solution." Il croit en l'importance de mener un travail de fond sur la marchandisation et la déshumanisation des rapports sexuels.
Une autre raison, moins avouable mais plus concrète, explique le peu de poursuites judiciaires : dans les commissariats, les policiers sont évalués en fonction de leurs résultats. Du nombre d'incarcérations, notamment. Poursuivre des clients, en établissant la preuve qu'ils connaissaient la minorité de la victime, est trop hasardeux pour être "rentable". Sollicité, le ministère chargé de l'Égalité entre les femmes et les hommes estime que "l'Etat doit être intraitable face à ceux qui s'en prennent à nos enfants (...) il est impératif que les clients soient poursuivis systématiquement".
L'avocate de Mina, Sarah Girand, ouvre encore une autre porte : "Les proxénètes, c'est une population spécifique proche, sinon la même, que celle des stups. C'est plus facile de les poursuivre. Alors que les clients sont parfois des personnes puissantes, bien insérées socialement. C'est tabou. Exactement comme l'inceste. Ça touche toutes les couches de la société." Interrogés lors de l'enquête, les proches d'Edouard S., mis en examen pour viol, assurent n'avoir rien observé chez lui de particulier. Tous parlent du PDG comme d'un "gentil garçon", "ambitieux", "respectueux". Une ex conjointe, 17 ans au moment de sa rencontre avec celui qui est alors trentenaire, évoque tout de même son "addiction au sexe". Le quadragénaire avait déjà été poursuivi pour viol en 2022 dans une précédente affaire impliquant aussi une ado de 15 ans approchée via un site de rencontres… "Il n'aurait pas pu faire ça, je le connais", défendent ses amis. Edouard S. avait obtenu la relaxe et quitté le tribunal libre.
(1) Les prénoms ont été modifiés.
La lutte contre la prostitution des mineurs, "priorité nationale"
Contacté dans le cadre de cette enquête, le ministère chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes en France certifie que la lutte contre la prostitution des mineurs constitue "une priorité nationale". "L'engagement de la ministre Aurore Bergé est sans ambiguïté à l'égard des clients, avec une protection totale des victimes, en particulier lorsque celles-ci sont mineures et d'une vulnérabilité extrême, délibérément ciblées du fait de leur fragilité. L'Etat doit être intraitable face à ceux qui s'en prennent à nos enfants", affirme à Libération le cabinet de la ministre, sans expliquer toutefois pourquoi si peu de personnes sont poursuivies en France, notamment pour viol, alors que la loi le permet. "Des moyens renforcés sont mobilisés pour assurer un travail coordonné avec les parquets et les services spécialisés, afin de garantir des poursuites exemplaires", ajoute le ministère. Dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel (SNLP) dévoilée le 2 mai 2024, onze mesures sont par exemple censées endiguer la progression du phénomène. Deux s'adressent notamment aux professionnels de l'Aide sociale à l'enfance (ASE), qui interviennent au sein des foyers où l'on recense ces dernières années de nombreux cas. Elles sont axées sur une meilleure formation et prévention. En parallèle, la campagne de communication "C'est combien ?", initiée à l'occasion des Jeux olympiques de Paris 2024, a été relancée pour interpeller les clients potentiels et rappeler les risques pénaux qu'ils encourent. "Le message est clair : acheter un acte sexuel à un mineur, c'est un crime. Et vous serez poursuivi", explique le porte-parole du ministère. Sans effet notable pour l'heure : pour rappel, moins de 20 clients d'adolescentes sont condamnés chaque année et la plupart jouissent encore d'une grande impunité malgré des actes sévèrement punis par la loi.
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