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Les riches reçoivent de plus gros et de plus fréquents héritages. Mais ce dont héritent les autres fait une plus grosse différence, particulièrement pour les plus pauvres.
En 2023, seulement 15 % des ménages appartenant au cinquième des Québécois les plus pauvres disaient avoir déjà reçu au moins une fois un héritage, rapporte une étude de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) dévoilée vendredi dont Le Devoir a obtenu copie. Cette proportion allait en augmentant graduellement avec le niveau de revenu pour dépasser les 40 % chez les familles appartenant au groupe sélect du cinquième des Québécois les plus riches.
Si les montants reçus sont également très inégaux, à raison d’une valeur moyenne de près de 247 000 $ pour les plus riches contre seulement 42 000 $ pour les plus pauvres, les proportions s’inversent complètement lorsqu’on considère l’importance relative de ces héritages par rapport à la valeur des actifs totaux des membres de chaque groupe. En effet, si pour les plus riches, les héritages reçus ne représentent que 4 % de leur patrimoine médian, les quelques dizaines de milliers de dollars hérités par les plus pauvres équivalent aux deux tiers (67 %) de toute leur fortune accumulée.
Ces nouvelles données sont intéressantes parce que l’avancée en âge des baby-boomers devrait conduire au plus grand transfert de richesse intergénérationnel de l’histoire du Québec, selon les experts. Les Québécois âgés de 65 ans et plus détenaient un avoir net totalisant presque 1000 milliards en 2023.
Un portrait plein de trous
Malgré son importance, le phénomène se révèle particulièrement mal documenté au Canada en raison, entre autres, du fait que les héritages n’y sont pas directement taxés.
Comme la richesse accumulée est répartie de façon particulièrement inégale — les familles québécoises parmi les 10 % les plus riches disposant d’un avoir net médian de presque deux millions de dollars en 2019 contre seulement 400 $ pour les 10 % les plus pauvres, selon Statistique Canada —, plusieurs craignent que le grand transfert de richesse prévu vienne creuser les inégalités.
Basée sur les données de la dernière Enquête sur la sécurité financière, conduite par Statistique Canada en 2023, l’étude de l’INRS présente un tableau incomplet de la situation, admet volontiers la professeure Maude Pugliese, son autrice, avec Diana Peña Ruiz.»
D’abord parce que l’enquête fédérale a toujours eu du mal à cerner la réalité du petit groupe des plus grandes fortunes, celles du 1 %, ou même du 0,1 % les plus riches, rappelle la sociologue.
Quant aux héritages que les répondants ont dit aux enquêteurs avoir reçus au cours de leur vie, il y a fort à parier qu’ils n’aient pas pensé mentionner les sommes qu’ils auraient également pu recevoir par l’entremise de fiducies ou sous forme d’aide financière pour l’achat d’une maison ou pour des études de la part d’un proche encore vivant. Aussi, il est probable que le transfert intergénérationnel de richesse soit plus important encore, particulièrement du côté des plus riches.
Le Québec dans le Canada
L’étude de l’INRS rapporte qu’en dollars constants, la valeur totale moyenne des héritages reçus par les 10 % les plus riches a varié depuis presque 20 ans d’un creux de 213 000 $ à un sommet de 294 000 $, et de 2700 $ à 5700 $ pour les 10 % les plus pauvres sans que l’on sache trop pourquoi.
Les sommes impliquées en ce domaine, comme les écarts entre riches et pauvres, se révèlent moins élevées au Québec que dans la plupart des autres provinces, notamment l’Alberta, la Colombie-Britannique et l’Ontario. Alors qu’au Québec, les 20 % des ménages les plus riches disaient, par exemple, avoir reçu 247 000 $ en héritages en 2023, ce montant était de 415 000 $ en Ontario, de plus de 500 000 $ en Colombie-Britannique et de presque 600 000 $ en Alberta.
Le rattrapage du Québec en matière d’accès à la propriété et l’augmentation du prix des maisons pourraient compter parmi les facteurs en cause, observait dans une récente étude la doctorante en sociologie à l’Université de Chicago, Camille Biron-Boileau.
Les données disponibles au Canada ne permettent pas de savoir ce que les gens font de leurs héritages, disait cette dernière. La recherche évoque cependant que les plus riches sont en meilleure posture pour les faire fructifier que les personnes à revenus plus modestes.
Une énigme élucidée ?
Tout cela ne fera rien pour réduire les inégalités de richesse au Québec, comme au Canada, bien au contraire. De plus en plus de voix en appellent d’ailleurs à une augmentation des impôts, non seulement sur les revenus, mais aussi sur la richesse accumulée.
Plus particulièrement, certains s’étonnent que, contrairement à la majorité des pays développés, le Canada n’ait pas, à proprement parler, d’impôt sur les successions et réclament qu’on corrige la situation. D’autres leur répondent que cela n’est pas tout à fait vrai, parce qu’au Canada, une personne qui décède est réputée disposer de tous ses actifs et payer une dernière fois ce qu’elle doit à l’impôt avant de pouvoir transmettre ses avoirs à qui que ce soit.
On s’était étonné, il y a un an, qu’un sondage de l’Observatoire québécois des inégalités rapporte que de toutes les mesures proposées pour réduire les inégalités de richesse, la moins populaire était l’idée de taxer davantage les gros héritages. Y compris auprès des Québécois les plus pauvres.
On comprend peut-être mieux maintenant pourquoi, dit Maude Pugliese. S’il est vrai que leurs héritages se révèlent plus modestes et moins fréquents que ceux des plus riches, ils restent, pour des familles qui peinent sans doute à épargner, l’une des seules manières d’acquérir du patrimoine. Paradoxalement, un impôt sur les héritages coûterait ainsi plus cher à ceux qui en ont moins, en proportion de leurs avoirs totaux, qu’aux riches qu’on dit vouloir taxer.