C’était sa première opération de sauvetage.

Scott Ruskan, un sauveteur de 26 ans de la garde côtière basé à Corpus Christi, au Texas, a été réveillé en pleine nuit par des coups frappés à sa porte le 4 juillet. Il y avait des inondations dans la région de San Antonio, et il était appelé en renfort, lui a-t-on dit. Avait-il une tronçonneuse ?

Ruskan faisait partie d’une équipe chargée d’évacuer des centaines de personnes au Camp Mystic, un camp d’été chrétien pour filles situé le long de la rivière Guadalupe, qui est devenu un lieu de désastre lors des inondations catastrophiques qui ont fait plus de 80 morts dans le centre du Texas. Selon les autorités, environ 750 filles se trouvaient dans le camp en cette session d’été.

Photo: Julio Cortez Associated Press Des secouristes à la recherche de personnes disparues près du Camp Mystic, le long de la rivière Guadalupe, le dimanche 6 juillet 2025, à Hunt, au Texas

Ruskan et son équipe ont décollé en hélicoptère vers 7 heures du matin, heure locale, pour se rendre au camp, près de Hunt, au Texas. Il leur a fallu près de six heures pour atteindre San Antonio en raison de la mauvaise visibilité et des conditions météorologiques difficiles. « Une expérience éprouvante », a-t-il déclaré.

À la fin de l’opération, Scott Ruskan a été reconnu pour avoir sauvé 165 personnes du Camp Mystic.

Récits éprouvants

Ce dernier faisait partie des plus de 1700 secouristes, membres de familles ou citoyens qui ont utilisé des hélicoptères et des drones, sont arrivés à cheval et en camion, et ont recherché à partir de bateaux et de voiturettes de golf les personnes qui étaient toujours portées disparues alors que les opérations de recherche et de sauvetage entamaient leur quatrième jour.

Photo: Carter Johnston Le New York Times La rivière Guadalupe inondée à Hunt, au Texas, près du site du Camp Mystic, le 5 juillet 2025

Les dernières 48 heures ont donné lieu à de nombreux récits de sauvetage poignants. Une femme de 22 ans a été secourue après avoir passé la nuit accrochée à un arbre. Une jeune fille a été retrouvée après avoir flotté sur un matelas pendant des heures. Une mère et son fils de 19 ans ont survécu en s’agrippant l’un à l’autre et à un arbre. Une animatrice du Camp Mystic a aidé à évacuer ses 14 jeunes campeurs vers un lieu sûr.

Photo: Carter Johnston Le New York Times Des bénévoles préparant leurs chevaux pour rejoindre les équipes de secours le long de la rivière Guadalupe, près d’Ingram, au Texas, le dimanche 6 juillet

Scott Ruskan et son équipe ont eu une tâche particulièrement difficile à accomplir.

Après un voyage périlleux depuis Corpus Christi, ils ont finalement atterri au Camp Mystic et commencé à travailler avec 12 hélicoptères de sauvetage, dont ceux de la Garde nationale de l’armée. Près de 200 personnes, pour la plupart des campeurs et quelques membres du personnel du camp, devaient être évacuées. Deux zones d’atterrissage principales ont été mises en place : l’une sur un terrain de tir à l’arc et l’autre sur un terrain de football.

Photo: Carter Johnston Le New York Times Des débris laissés par la crue de la rivière Guadalupe devant un parc de caravanes motorisées à Kerrville, au Texas, le 6 juillet 2025

À cet instant, Ruskan s’est rendu compte que rester sur place permettrait de libérer deux sièges supplémentaires dans son hélicoptère pour les évacués. « J’aimerais rester, je pourrais être beaucoup plus utile au sol », a-t-il indiqué à son unité.

Il est alors devenu la personne-ressource principale sur le terrain pour trier les survivants et leur apporter un soutien émotionnel.

« Les enfants étaient en pyjama », se souvient-il en entrevue, précisant que certains n’avaient qu’une seule chaussure au pied. Ils avaient froid et étaient fatigués, beaucoup étaient trempés. Et ils cherchaient désespérément des réponses au sujet de leurs amis.

Photo: Jordan Vonderhaar Le New York Times Les autorités à la recherche de victimes parmi les décombres près du parc pour véhicules récréatifs Blue Oak à Kerrville, au Texas, dimanche

« J’avais un travail à accomplir », ajoute Ruskan. « Toutes ces personnes vous regardent avec terreur, le regard perdu dans le vide. Elles veulent être réconfortées, elles veulent que quelqu’un les sauve. »

Course contre la montre

À l’échelle du Texas, au moins 82 personnes sont mortes dans les inondations, dont 28 enfants. Plus de 40 personnes sont toujours portées disparues, selon les autorités, dont 10 campeurs du Camp Mystic et un animateur. Samedi soir, plus de 850 personnes avaient été secourues lors des opérations de recherche. Les autorités texanes ont assuré aux habitants qu’elles continueraient les recherches jusqu’à ce que toutes les personnes disparues soient retrouvées, tout en reconnaissant que l’espoir d’en retrouver d’autres vivantes s’amenuisait d’heure en heure.

« Nous resterons concentrés à 100 % à la recherche de tous les enfants qui se trouvaient au Camp Mystic, ainsi que de toute autre personne, et nous fouillerons tout le lit de la rivière pour nous assurer qu’ils seront retrouvés », a déclaré le gouverneur du Texas, Greg Abbott, lors d’une conférence de presse dimanche.

Photo: Jordan Vonderhaar Le New York Times Les équipes de recherche et de sauvetage fouillant les zones inondées à Kerrville, au Texas, dimanche

Plus tôt dans la journée, le président Donald Trump a accédé à la demande d’Abbott de déclarer l’état de catastrophe naturelle, afin que l’aide fédérale puisse être acheminée vers les zones touchées. Les autorités locales et fédérales ont exhorté la population à ne pas se rendre sur place pour participer aux opérations de recherche et de sauvetage et ont demandé aux gens de ne pas utiliser de drones privés au-dessus des zones touchées.

Photo: Julio Cortez Associated Press Des secouristes à bord d’un bateau près du Camp Mystic, le long de la rivière Guadalupe, le dimanche 6 juillet 2025, à Hunt, au Texas

Vendredi, au Camp Mystic, Ruskan a transporté les campeurs vers les hélicoptères qui les ont mis en sécurité, portant parfois deux filles dans un bras. Alors qu’il emmenait certains évacués, il a assuré aux autres qu’il reviendrait les chercher.

Certains lui ont demandé s’ils pouvaient emporter leurs peluches. « Bien sûr », leur a-t-il répondu.