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Il n’y a pas que le diable qui se cache dans les 389 pages du projet de loi sur la fiscalité qui, cette semaine, va animer d’importantes négociations politiques au sein du Congrès américain. Le One, Big, Beautiful Bill (premier, grand et superbe projet de loi) — c’est le nom que lui a donné la Maison-Blanche — saisit aussi en quelques lignes le vaste projet que s’est donné le gouvernement américain de relancer la natalité aux États-Unis, en baisse depuis plus de 50 ans, comme dans la plupart des pays industrialisés à travers le monde.
Une quête de « baby-boom » qui, derrière une réduction d’impôt pour les familles de deux enfants, l’élargissement de l’accès à la garde d’enfants ou la pérennisation d’un crédit d’impôt pour congés payés, est aussi guidée par la volonté du nouveau gouvernement de renouer avec l’image passéiste d’un pays dans lequel les femmes procréaient tout en restant à la maison.
« Il n’y a aucune raison de penser que les politiques natalistes aux États-Unis vont se montrer efficaces et faire augmenter la natalité, résume en entrevue le sociologue Philip Cohen, spécialiste de la démographie américaine à l’Université du Maryland. L’expérience des pays européens [dont la Norvège et la Finlande] montre que même les projets les plus ambitieux ont peu de chances d’avoir des effets significatifs, et rien de ce qui est proposé aujourd’hui par le gouvernement américain n’atteint ce niveau ».
Il ajoute : « La réussite d’une politique nataliste repose finalement sur son échec. Autrement dit, elle échoue à augmenter la natalité, mais elle parvient à atteindre un autre objectif, à savoir faire la promotion des familles traditionnelles, des relations de genre patriarcales et une vision nostalgique de l’histoire. »
Difficile de ne pas voir la forêt derrière l’arbre que pointe du doigt Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche. En février dernier, le populiste s’est autoproclamé « président de la fécondité » en signant un décret visant à améliorer l’accès à la procréation assistée. La mesure, selon lui, vise à reconnaître « l’importance de fonder une famille et la nécessité pour les politiques publiques de notre pays de faciliter la procréation pour les mères et les pères aimants et désireux d’avoir des enfants », a-t-il justifié à l’époque.
Son proche conseiller et allié politique, le propriétaire de la compagnie Tesla, Elon Musk, se pose également en chantre de la procréation, en prêchant d’abord par l’exemple : il est le père de 14 enfants et se fait une fierté d’avoir ainsi semé à tout vent avec la contribution active de 4 femmes.
Civilisation menacée
« L’humanité est en train de mourir », a récemment déclaré le milliardaire sur les ondes de Fox News, pour justifier sa cellule familiale élargie et inciter le mâle américain à marcher sur ses traces. « Le taux de natalité est très bas dans presque tous les pays. Si cela ne change pas, la civilisation va disparaître. »
En janvier dernier, le vice-président J.D. Vance a également déclaré « vouloir plus de bébés aux États-Unis ». C’était lors d’un rassemblement politique anti-avortement tenu à Washington. Le républicain, père de trois enfants, inscrit d’ailleurs son appel dans une série de remarques cherchant à faire la promotion de la famille traditionnelle tout en dénigrant au passage les femmes qui n’ont pas d’enfant.
En 2022, alors en campagne pour devenir sénateur de l’Ohio, Vance avait vanté les vertus de la femme au foyer en dénonçant, dans les pages du Wall Street Journal, le principe des garderies subventionnées, qui contribue à l’éclatement de la famille traditionnelle, selon lui. « Les jeunes enfants sont plus heureux et en meilleure santé lorsqu’ils passent la journée à la maison avec un parent », avait-il écrit.
Aux États-Unis, « ce parent » est dans plus de 80 % des cas une femme, selon les récentes enquêtes du Pew Research Center.
« Encourager les femmes à avoir des enfants est un retour en arrière, et les femmes d’aujourd’hui — si elles lisent et réfléchissent — le voient très bien », commente Susan Campbell, qui enseigne le journalisme à l’Université de New Haven et chronique sur la politique dans les pages du Connecticut Post. « La dernière fois que les États-Unis ont connu un baby-boom important, l’économie était florissante et le gouvernement mettait en place certains programmes pour encourager et soutenir les familles. Pour beaucoup, avoir un enfant est une façon d’exprimer son espoir en l’avenir. Quand vous regardez ce qui se passe aux États-Unis en ce moment, est-ce que le mot “espoir” est celui qui arrive en premier ? » a-t-elle demandé, lorsque jointe par Le Devoir cette semaine.
Le mouvement pro-natalité, tout comme ses nouveaux alliés et porte-voix à la Maison-Blanche, ne devrait pas s’enfarger dans ce genre de détail, préférant dégainer ses idées et laisser croire qu’elles vont enrayer un taux de natalité au plus bas, à 1,62 enfant par femme. Trump a proposé de parrainer des programmes de formation à la procréation offerts aux jeunes filles, en guise de cours d’éducation sexuelle, ou de décerner des médailles aux mères actives pour leur contribution au renouvellement de la nation. Des mesures terrifiantes pour ceux et celles qui se souviennent de leur implantation dans l’Allemagne nazie ou dans la France collaborationniste du maréchal Pétain.
En janvier, le cocktail natalisme et clientélisme, prisé par les régimes autoritaires, a également été servi dans une note du secrétaire américain aux Transports, Sean Duffy, qui a demandé à son ministère de favoriser les projets de construction et d’infrastructure dans « les communautés dont les taux de mariage et de natalité sont supérieurs à la moyenne nationale ». Une directive certainement guidée par J.D. Vance qui, tout comme son patron, aime la politique transactionnelle, surtout quand elle défend intérêts privés et idéologie du trumpisme.
« L’important pour eux, ce n’est pas d’accomplir quoi que ce soit dans le monde réel, dit le sociologue Philip Cohen. Ce qu’ils veulent, c’est que le public soit témoin au quotidien de leur projet politique et culturel. Cela se passe de la même manière dans tous les régimes autoritaires : ils font la promotion d’une natalité élevée, échouent à la faire augmenter, mais en tirent une image qui apporte du soutien à leur mouvement. »