NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
Ce texte est tiré du Courrier de l’environnement. Pour vous abonner gratuitement, cliquez ici.
Le gouvernement Legault s’apprête à autoriser des coupes forestières dans l’habitat essentiel des caribous de la Gaspésie alors que le « projet pilote » de sauvegarde de cette population au seuil de l’extinction se fait toujours attendre. Québec n’a pas non plus de stratégie en ce qui concerne l’avenir de la majorité des bêtes, qui vivent désormais en captivité.
En prévision de la « saison d’opérations » 2025-2026, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) a mené une consultation sur une « proposition », qu’il présente comme un « plan d’aménagement spécial de récupération des bois affectés par le chablis découlant de la tempête de vent de décembre 2023 et par l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette ».
Dans le cadre des échanges de questions et de réponses avec Le Devoir, le ministère précise qu’« une portion de ce plan spécial » comprend un territoire situé tout autour du parc national de la Gaspésie (le cœur de l’habitat des caribous) et qui a été défini par le gouvernement du Québec comme une « zone d’habitat en restauration » (ZHR) du caribou montagnard de 4944 km2 dans le cadre d’un « projet pilote » de protection à venir.
Cette ZHR est calquée sur l’« habitat essentiel » à la survie et au rétablissement de l’espèce. Celui-ci a été désigné par le gouvernement fédéral, qui a classé cette population « en voie de disparition » en 2002. Cela signifie que le plan de coupes forestières du gouvernement Legault va empiéter sur cet écosystème naturel, qui est déjà très perturbé par l’activité humaine, principalement en raison de la récolte de bois.
Le MRNF n’a toutefois pas voulu préciser les superficies qui seront touchées ni les volumes de bois qui seront offerts à l’industrie. Il indique seulement qu’il en est à « compléter son exercice d’harmonisation des usages du territoire forestier ». On ajoute que « les conclusions de ce processus seront rendues publiques sous peu ».
Est-ce que les coupes à venir dans la ZHR sont cohérentes avec la protection de l’habitat essentiel ? Le MRNF n’a pas répondu directement à la question, mais a souligné que les territoires ciblés pour le projet pilote sont « considérés dans les décisions et actions gouvernementales ». Il est toutefois possible d’y autoriser des « travaux de restauration de l’habitat » et « la récolte de bois issus de perturbations naturelles ».
Critiques
Expert reconnu du caribou forestier, Martin-Hugues St-Laurent estime que les coupes prévues par le gouvernement « nous éloignent de l’objectif d’autosuffisance de cette population, surtout si au final on ajoute de nouvelles voies d’accès, donc des chemins forestiers, pour s’y rendre ». Ces chemins sont utilisés par les prédateurs du caribou.
La Société pour la nature et les parcs du Québec (SNAP Québec), qui a participé aux consultations gouvernementales, déplore elle aussi l’idée d’augmenter les perturbations humaines. « Aucune étude crédible ne démontre l’absence d’impact des coupes de récupération sur les populations de caribou, ce qui force à l’application du principe de précaution compte tenu de la grande précarité de l’espèce », a-t-elle fait valoir dans le cadre des consultations.
« Le gouvernement s’apprête à autoriser des coupes forestières dans une zone où il a lui-même proposé de restaurer l’habitat. À quoi ça sert de dépenser de l’argent pour reboiser et fermer des chemins si on coupe la forêt avec l’autre main ? C’est un non-sens complet et un gaspillage de fonds publics, en plus de nuire au caribou », affirme le directeur de la conservation de la SNAP Québec, Pier-Olivier Boudreault.
L’organisme réclame donc le retrait des chantiers de coupes dans la ZHR et propose de mettre en œuvre un projet qui permettrait de tester les options de récolte dans les zones touchées par les perturbations naturelles, mais en dehors de l’habitat essentiel. Le gouvernement devrait toutefois prévoir des mesures de compensation pour les entreprises, affirme M. Boudreault.
Caribous en enclos
Selon les données scientifiques disponibles, les caribous de la Gaspésie, qui font partie de l’image de marque du parc national, sont condamnés à disparaître en raison de la destruction de leur habitat.
La situation est suffisamment critique pour que le gouvernement décide de capturer des bêtes en 2023 et en 2024 afin que les femelles gestantes puissent donner naissance en enclos, à l’abri des prédateurs des faons. Selon les informations fournies par le ministère de l’Environnement, 19 caribous vivent aujourd’hui en captivité (avec six faons nés en 2024), contre environ une douzaine en liberté.
Le ministère n’a pas voulu préciser si des femelles en enclos sont actuellement gestantes. Il n’a pas non plus de plan pour la suite : « En fonction de divers paramètres de la population en Gaspésie (par exemple : survie, condition physique, rapport des sexes, productivité), des relâchements sporadiques d’individus sont envisagés, comme une proportion des caribous demeure en milieu naturel. Le nombre et le moment des relâchements ne sont pas déterminés pour le moment. »
On ignore aussi quand le « projet pilote » de protection évoqué l’an dernier par le ministre de l’Environnement Benoit Charette pourrait être mis en œuvre. Au moment de l’annonce, le ministre caquiste avait indiqué qu’il pourrait autoriser les activités industrielles dans les milieux naturels propices aux caribous. En plus des coupes forestières, il existe des permis d’exploration minière en vigueur dans leur habitat.
Le caribou de la Gaspésie se trouve seulement dans une petite portion de la péninsule. Il s’agit d’une relique des populations de caribous qui peuplaient autrefois toute la péninsule gaspésienne, les provinces maritimes et quelques États de la Nouvelle-Angleterre.