Garbo parle ! En 1930, le cinéma américain tournait avec ce slogan la page du cinéma muet. « Donne-moi un whisky et mets-en beaucoup, mon petit », susurrait la Divine. Près d’un siècle plus tard, on jurerait que Google nous rejoue la même scène. Veo 3 parle, et nous donne envie de commander un double scotch. Car non content de produire des images bluffantes de réalisme, son générateur de vidéos par intelligence artificielle (IA) est maintenant capable d’y ajouter du son, des paroles et même de la musique. Et il est quasiment impossible de détecter la supercherie.

Présenté le 20 mai, Veo 3 a presque éclipsé les autres nouveautés annoncées par le géant américain lors de sa conférence annuelle des développeurs. À partir d’un simple texte, l’outil est capable de réaliser des séquences pouvant atteindre une minute, incluant bruitages et dialogues. De nombreuses vidéos ont depuis fait le buzz sur les réseaux sociaux : petits films d’animation, scènes dignes d’un blockbuster hollywoodien, extraits de concerts ou fausses publicités. Toutes entièrement générées par l’IA, sans qu’il soit possible de deviner à aucun moment son intervention.

Cinq lignes de texte pour une scène digne d’un blockbuster

Intégré au sein de Flow, l’outil de réalisation de films par IA développé par Google, Veo 3 promet une véritable révolution dans la production audiovisuelle. En changeant quelques mots, il est possible de « tourner » la même scène dans un décor différent, d’adopter le style typique des films des années 1960, de modifier la lumière ou les costumes, de réécrire les dialogues, d’intimer à un personnage de prendre l’accent écossais ou de rire pendant une phrase. Des outils permettent de maintenir la « cohérence » des éléments entre les scènes - faiblesse inhérente aux IA génératives, et principale limite jusqu’à présent à la production de contenus plus ambitieux. Il est même possible de cloner une voix ou des expressions faciales.

Un potentiel massif de désinformation

Mais plusieurs fausses interviews et faux journaux télévisés laissent aussi entrevoir l’énorme menace que fait peser sur l’information cette nouvelle génération d’IA. Deepmind, la filiale de Google à l’origine de Veo, assure prendre le problème au sérieux, bloquer les demandes et résultats indésirables et apposer un filigrane invisible sur toutes les images générées par son IA, et même la piste sonore. Reste à savoir toutefois si les réseaux sociaux, de plus en plus rétifs depuis l’élection de Donald Trump à toute forme de modération, imposeront un contrôle automatique de ce filigrane.