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De grandes ambitions et peu de moyens

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Le tout nouveau président-directeur général de l’Institut national d’excellence en éducation (INEE), Lucien Maltais, n’est pas encore entré en fonction qu’il récite sagement les leçons caquistes. Alors que gronde un mouvement de protestation contre les coupes annoncées en éducation, le top gun de l’éducation rappelle que les « ressources sont rares et précieuses » et qu’il faut les utiliser avec parcimonie. Il y a un peu plus de deux semaines, alors qu’il était encore directeur général du Centre de services scolaire des Chênes, il semblait préoccupé par l’effet des compressions.

Ce nouvel institut, sur lequel on semble fonder les espoirs d’une révolution, ne pourra pas vendre ses miracles si le réseau de l’éducation est saigné et n’a pas les ressources, le temps et l’énergie à consacrer aux recettes destinées à améliorer la réussite. L’idée d’un Institut national d’excellence en éducation est une excellente nouvelle, comme nous l’avons déjà souligné. Mais le contexte dans lequel il commence ses travaux ne viendra pas adoucir la tâche, bien au contraire, ni non plus apaiser les craintes de ses farouches détracteurs.

L’objectif de l’INEE est de fonder les pratiques en éducation sur des résultats obtenus grâce à des pratiques scientifiques rigoureuses, les fameuses données probantes. Sous cet énoncé d’apparence simple se cachent toutefois de multiples nuances : dans un univers où les idéologies et les chapelles pullulent, le fait de choisir une pratique au détriment d’une autre peut presque prendre l’allure d’un choix politique. Lucien Maltais et son équipe devront manœuvrer avec délicatesse et lucidité.

Pour le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, cet Institut permettra de fournir des réponses en temps réel à des enjeux cruciaux. Comme le nombre d’enseignants manquant à l’appel, la quantité d’élèves en situation de difficulté par centre de services scolaire, les taux de réussite et de décrochage à des étapes importantes du parcours scolaire. Aussi invraisemblable que cela puisse être, l’aspect bureaucratique et pharaonique du réseau de l’éducation ne permet pas de dresser un portrait juste et complet des enjeux au moment où on souhaite les analyser. On peut comprendre la frustration de celui qui veut comprendre avant de pouvoir agir.

L’indépendance de l’INEE devait constituer une condition essentielle de sa liberté d’action et surtout, de son succès. Or, la mainmise du ministre de l’Éducation n’y sera pas négligeable : comme le confirme la loi 23, c’est sur sa recommandation que sera nommée l’entièreté des membres composant son conseil d’administration. En outre, les « sujets prioritaires qui bénéficieraient » des interventions de l’INEE seront choisis en concertation avec le ministre. Cette emprise est importante, et préoccupante.

Les débats de l’INEE entourant la réussite scolaire ne pourront pas exclure l’éléphant dans la pièce, soit la quantité sans cesse croissante d’élèves en difficulté d’apprentissage et présentant des troubles de comportement ou des problèmes de santé mentale que comptent les classes du Québec. Ces élèves représenteraient 20 % des effectifs scolaires, selon les données du ministère de 2022-2023. De ce groupe dont les besoins excèdent ce qu’un enseignant peut offrir dans sa gestion de classe ordinaire, 6 sur 10 obtiendront un diplôme 7 ans après leur entrée au secondaire, contre 8 sur 10 chez les autres élèves. Ce problème autour duquel le Québec tourne depuis plus de 20 ans et qui coûte une fortune est au cœur des principales doléances du corps enseignant. Celui-ci s’essouffle à une tâche qui est devenue impossible à accomplir, tant la gestion de la classe est liée au nombre sans cesse croissant de profils variés, aux besoins tous différents.

Comment l’INEE va-t-il composer avec la « recette » que certains tentent de pousser pour améliorer la réussite des élèves, et qui s’appelle l’enseignement efficace ? Un peu à la manière des débats qui ont déchiré le milieu de l’éducation avec son Renouveau pédagogique ancré sur le socioconstructivisme, assisterons-nous encore à des dérives idéologiques laissant les élèves en plan ? L’enseignement efficace consisterait à appliquer des principes de présentation et de révision de la matière à petites doses, à poser des questions aux élèves sur une base quotidienne, à offrir des mises en application concrètes de la matière et à assurer une vérification constante de la compréhension de la matière. Dans certains centres de services scolaires qui ont éprouvé la méthode, les taux de réussite ont parfois augmenté de 10 %. L’idée d’une méthode unique applicable pour tous suscite déjà toutefois des inquiétudes chez les penseurs de l’éducation.

Le ministre Drainville a déjà démontré qu’il espérait plus d’efficacité et de transparence dans son réseau gigantesque, et ses intentions sont louables. Sur ce chemin noble de l’amélioration de la réussite des élèves, gare à ne pas imposer des ambitions ministérielles à un institut dont la valeur ajoutée devrait précisément être liée à sa liberté d’agir en dehors du champ politique.

Ce texte fait partie de notre section Opinion. Il s’agit d’un éditorial et, à ce titre, il reflète les valeurs et la position du Devoir telles que définies par son directeur en collégialité avec l’équipe éditoriale.

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