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Entre 2019 et 2023, selon des documents issus d’une fuite informatique consultée par Heidi.news parce qu’elle était d’intérêt public, une dizaine au moins de personnes employées par la Fondation de Verdeil ont été licenciées pour des fautes professionnelles ou de la maltraitance, pendant et que plus de vingt autres étaient épinglées pour des actes ou attitudes non conformes aux attentes de l’employeur. Normal? Pas normal? Frédéric Pralong, directeur actuel de la Fondation, soupire.
Précisons d’emblée que les faits en question se sont déroulés avant son entrée en fonction à l’été 2024, si bien que ses réponses seront d’ordre général afin d’éviter «toute spéculation» sur une période que l’intéressé n’a pas connue. Elles permettent toutefois de mieux comprendre la problématique du recrutement dans un domaine qui souffre d’une pénurie de personnel qualifié, d’un manque de valorisation des métiers en lien avec le handicap, mais peut-être aussi d’un travers humain consistant à abuser parfois d’une situation de pouvoir envers un être plus faible.
Tolérance zéro
Frédéric Pralong rappelle au préalable que la Fondation de Verdeil «compte actuellement plus de 520 collaboratrices et collaborateurs (286 équivalents plein-temps) pour plus de 750 jeunes bénéficiaires, sur environ 40 sites. Il faut donc mettre le nombre de licenciements qui ont pu être prononcés par le passé en rapport avec la dimension de notre institution.» En d’autres termes, les éducateurs spécialisés maltraitants des années sur lesquelles Heidi.news dispose de documents, ne représentent qu’environ 5% du personnel.
«La Fondation n’entend pas commenter des situations individuelles, poursuit le directeur. Elle reste extrêmement stricte quant à la posture et au comportement attendu de ses collaboratrices et collaborateurs dans l’accompagnement des élèves en situation de handicap qui fréquentent ses différentes structures. Le principe de la tolérance zéro est appliqué s’agissant de comportements inadéquats, dangereux, irrespectueux et irresponsables envers les enfants.»
Avocats muets
De fait, la Fondation de Verdeil ne semble pas avoir failli. Quand une situation problématique était portée à la connaissance du directeur de l’époque, Cédric Blanc, il y avait des conséquences – sous forme d’avertissement, de sanctions, voire de licenciement. Mais dans certains cas, cela a donné lieu à des tractations suite à la contestation du licenciement. Et pour cause: les personnes impliquées dans le groupe WhatsApp «Camp Poly», contenant des propos injurieux pour les enfants (voir épisode précédent), n’ont pas su que le pot aux roses avait été découvert et protestaient encore de leur innocence.
Comme d’autres éléments ont été évoqués pour prononcer le licenciement, plusieurs employés concernés ont constitué un avocat afin d’obtenir une compensation financière et/ou la remise d’un certificat de travail ne permettant pas à un futur employeur potentiel de déceler des manquements. Heidi.news a contacté trois de ces avocats, aucun n’a souhaité répondre à nos questions.
Un contact agréable
Prenons l’exemple de Jean* (prénom modifié), membre du groupe WhatsApp «Camp poly», à qui il a été reproché, dans sa lettre de résiliation de contrat de travail, «une atteinte à la dignité des élèves et des professionnels par l’usage d’une forme d’humour dégradante». Le certificat de travail intermédiaire stipulait d’abord ceci: «De manière générale, Monsieur a répondu aux différentes tâches détaillées dans ses deux cahiers des charges et nous lui reconnaissons une bonne capacité d’adaptation. Des événements plus récents nous ont toutefois conduits à admettre qu’il ne répondait plus à nos attentes sur le plan du comportement.»
Après échange de lettres entre avocats, le certificat final stipule que «de manière générale, Monsieur a répondu aux différentes tâches détaillées dans ses deux cahiers des charges et nous lui reconnaissons une bonne capacité d’adaptation. De contact agréable et d’humeur égale, il entretenait des relations cordiales avec son environnement professionnel.»
Une autre collaboratrice, également membre du groupe «Camp Poly» et ayant notamment tenu des propos à connotation sexuelle devant les enfants s’en sort avec un certificat de travail qui conclut: «Madame a répondu aux différentes tâches ci-dessus avec disponibilité et ponctualité.»
Le principe de vérité
Le cas de Jean et de cette dame ne sont pas uniques: cela semble être un procédé habituel. Frédéric Pralong explique: «Les certificats de travail font effectivement souvent l’objet d’une discussion entre l’employeur et l’employé, parfois via avocats interposés. Il ne s’agit pas de clémence, mais de simple respect du cadre légal.»
Jean-Christophe Schwaab, juriste spécialisé en droit du travail, n’est pas tout à fait de cet avis. S’il ne commente pas les cas spécifiques à la Fondation de Verdeil, il explique les enjeux de telles attestations: «Le certificat de travail doit être bienveillant. Cependant, le principe de vérité doit toujours l’emporter. L’employeur engage sa responsabilité. S’il y inscrit des informations fausses ou s’il passe sous silence certains manquements, le prochain employeur peut se retourner par voie légale contre lui. Pour ma part, je trouve que le certificat de travail est un instrument mal fichu. Quand tout va bien, il est utile, mais quand il n’est pas clair, il pose des problèmes. Par ailleurs, le doute profite rarement au candidat…»
Extrait de casier
Evidemment, la Fondation de Verdeil – comme la plupart des employeurs – ne se base pas uniquement sur un certificat lors d’une embauche. Elle explique: «Le processus de recrutement prévoit systématiquement une analyse du dossier de candidature, des prises de références ainsi qu’un ou plusieurs entretiens individuels. Avant la décision d’engagement, un extrait de casier judiciaire ordinaire et un extrait spécial sont demandés. De plus, une autorisation de pratiquer doit être délivrée par l’Etat de Vaud pour chaque collaboratrice et collaborateur qui est en relation avec les élèves. Malgré les difficultés actuelles de recrutement, les engagements ne sont pas pour autant effectués à la légère.»
Alors que fait concrètement le canton de Vaud? Laurène Weguener, déléguée à la communication à la Direction générale de l’enseignement obligatoire et de la pédagogie spécialisée (DGEO), explique: «Une vérification de l’extrait ordinaire et spécial du casier judiciaire est effectuée chaque année par la DGEO en sa qualité d’autorité de haute surveillance. De plus, pour bénéficier d’une autorisation de pratiquer, les professionnels des établissements de pédagogie spécialisée doivent remplir des critères concernant la formation, les compétences humaines et professionnelles.» En d’autres termes, le personnel qui veut travailler dans le domaine du handicap, ne doit pas avoir été condamné en raison d’infractions pouvant mettre en danger les personnes vulnérables.
Retraits d’autorisation très rares
Le hic, c’est que dans la plupart des cas portés à notre connaissance – exception faite du chauffard lancé à plus de 140km/h sur l’autoroute avec des enfants de la fondation à bord – il n’y a pas eu mise en danger de la vie d’autrui… Des blagues dégradantes, des allusions sexuelles, une arnaque sur les heures de travail, de l’irrespect, une prise en charge inadaptée, quelques gifles, de la contention injustifiée, entre autres, constituent des fautes professionnelles et parfois de la maltraitance, certes, mais ne s’inscrivent pas au casier judiciaire.
La DGEO procède à deux à trois contrôles de structures chaque année et réagit plus spécifiquement en cas de dénonciation ou d’élément problématique porté à sa connaissance. Cependant, Laurène Weguener reconnaît: «Cela arrive très rarement que des autorisations de pratiquer soient retirées.»
Le couteau par le manche
Avec les références, que le candidat peut aménager à sa guise, les certificats de travail semblent être le seul moyen de faire savoir au prochain employeur les manquements de la personne licenciée, car les institutions ne sont pas censées appeler l’employeur précédent pour se renseigner. Par ailleurs, la pénurie aiguë de main-d'œuvre qualifiée en Suisse romande profite à ces employés peu scrupuleux. «Ils tiennent le couteau par le manche», lâche une responsable RH dans le domaine social.
Heidi.news a pu établir que plusieurs personnes licenciées pour justes motifs par la Fondation de Verdeil avaient retrouvé peu après un travail en relation avec l’enfance. Ainsi, celle qui apparaît comme la meneuse du groupe WhatsApp «Camp Poly», licenciée fin 2019 pour «atteinte à la dignité des élèves et des professionnels par l’usage de propos humiliants répétés et une forme d’humour dégradante, menaces à l’encontre de collègues, non-respect des directives institutionnelles, absences et retards injustifiés», réapparait quelques mois plus tard en Valais dans l’organigramme de l’enseignement spécialisé, lequel précise qu’elle «dispose d’une riche expérience avec les adolescents en difficultés».
Améliorer les salaires
«Dans le canton de Vaud, il reste difficile de recruter du personnel qualifié, admet Frédéric Pralong, compte tenu du manque de candidats, de la concurrence du secteur public et de la concurrence des employeurs des cantons limitrophes comme le Valais et Fribourg qui offrent des conditions plus favorables.» L’Etat de Vaud est d’ailleurs annoncé, dans un communiqué d’août 2024, qu’il va allouer 24 millions sur cinq ans pour améliorer les salaires du secteur social parapublic. Ce plan s’étale donc jusqu’en 2029. Reste à savoir si de meilleures conditions salariales seront suffisantes pour attirer des candidats dans ces métiers indispensables au bon fonctionnement d’une société plurielle, mais qui pâtissent d’une image peu valorisante.
Frédéric Pralong se veut rassurant. «De tels comportements restent heureusement des exceptions, et l’immense majorité du personnel employé au sein de notre institution se distingue d’abord par son professionnalisme, l’investissement dans son travail et une attitude irréprochable.»