Ancien vice-président et candidat du Nouveau Parti démocratique (NPD) du Manitoba, Chris Wiebe, a quitté la formation politique en raison de ce qu'il décrit comme un« style de leadership directif » et les politiques peu progressistes du premier ministre Wab Kinew. Le soutien de ce dernier aux pipelines a été un élément clé dans sa décision de rompre publiquement avec le parti.

Candidat du NPD dans la circonscription de Dawson Trail en 2023, Chris Wiebe a perdu l'élection face au député progressiste-conservateur Bob Lagassé. Depuis, il a renoncé à son adhésion au parti en mars dernier.

Il a également occupé le poste de vice-président du parti pour les régions du sud et du sud-est de la province.

Je dirais qu'il y a un certain nombre de raisons : un leadership dysfonctionnel au sein du parti lui-même. En outre, le parti a fait campagne en tant que progressiste, mais il gouverne en tant que conservateur, a déclaré Chris Wiebe durant un entretien à l'extérieur du Richardson College for the Environment and Science de l'université de Winnipeg, où il travaille en tant que professeur de chimie.

Chris Wiebe est déçu de voir que le gouvernement néo-démocrate a fait si peu de progrès sur les changements climatiques depuis l'élection et ne semble pas avoir de plan climatique.

Il explique qu'il a été poussé à prendre la parole publiquement après que le premier ministre Wab Kinew se fut dit ouvert, vendredi, à des expéditions de pétrole par la baie d'Hudson.

Chris Wiebe estime que cette déclaration contredit la position que Wab Kinew défendait en 2023, alors qu'il assurait que son parti n'appuyait pas les pipelines.

Nous avons eu de nombreuses réunions avec M. Kinew tout au long de la campagne pour parler de politique, et l'une de ses lignes de conduite était de ne plus construire d'oléoducs.

Chris Wiebe dénonce un virage à droite du NPD

Interrogé sur les commentaires de Chris Wiebe, le premier ministre, Wab Kinew, a rejeté l'idée que son parti a formulé une telle interdiction concernant les pipelines. C'est un parti ouvert à tous, et il y a de la place pour tout le monde dans l'Équipe Manitoba, a-t-il déclaré lundi.

Cette vision n'est pas celle de Chris Wiebe. Ayant été inspiré en politique par le social-démocrate Bill Blaikie, il estime au contraire qu'il n'y a plus de place pour les idées progressistes au sein du NPD.

Il reproche au premier ministre de ne pas tenir compte de l'avis des candidats lors de l'élaboration des politiques.

L'ancien candidat va jusqu'à comparer le gouvernement Kinew à celui de l'ex-premier ministre progressiste-conservateur Brian Pallister, une période marquée par des coupes budgétaires.

Nous vivons le troisième mandat de [Brian] Pallister, a déclaré Chris Wiebe, en référence à l'ancien premier ministre PC du Manitoba qui a remporté des mandats en 2016 et en 2019.

Je pense que c'est un budget d'austérité qu'ils nous ont donné. Les soins de santé ne s'améliorent pas, et l'éducation ne s'améliore pas. Nous avons des difficultés avec l'enseignement postsecondaire. Je ne vois donc pas beaucoup de différence entre nous et les conservateurs.

Le premier ministre a balayé du revers de la main cette comparaison en riant.

Quiconque m'a déjà vu jouer au basketball rejetterait la comparaison avec Brian Pallister et, pour ce que ça vaut, je n'ai jamais vu Brian Pallister chausser des patins, a dit Wab Kinew à la blague.

Un gouvernement tiraillé entre crises et image publique

Paul Thomas, professeur émérite de sciences politiques à l'Université du Manitoba, estime toutefois qu'on aurait tort de prendre la sortie de Chris Wiebe à la légère.

Il ne s'agit pas d'un individu en colère et mécontent comme Mark Wasyliw, dont les ambitions ont été frustrées par la décision de M. Kinew de l'exclure du Conseil des ministres, et qui s'est ensuite lancé dans des tirades sur les médias sociaux pour attaquer le chef , affirme le professeur, en parlant du député provincial de Fort Garry, maintenant indépendant.

[Chris Wiebe] est une personne réfléchie, sérieuse, et ses positions sont très bien présentées.

Selon M. Thomas, le gouvernement Kinew doit composer avec des difficultés majeures, comme la guerre commerciale avec les États-Unis et les feux de forêt au Manitoba, et n'a peut-être pas la capacité de se concentrer sur le bonheur des membres de son parti.

Il avance également que l'accent mis par le premier ministre sur les sondages et la popularité pourrait nuire à sa capacité à élaborer des politiques.

Je pense qu'il adore plaire à la galerie, et on peut se demander si cela ne contribue pas à une hésitation à prendre des décisions difficiles, conclut Paul Thomas.

Avec les informations de Bartley Kives