Les patrons des deux géants TotalEnergies et Saint-Gobain ont défendu samedi une Union européenne plus concentrée, notamment en matière énergétique, à l’instar de ce qui a pu exister avec la Communauté européenne du charbon et de l’acier.
« Il faut refaire la CECA »
« Il faut maintenant se dire que la seule façon de s’en sortir, ce n’est sûrement pas de raisonner comme on veut le faire aujourd’hui, au bord de chacun des pays. Il y a un continent européen (qu’) il faut approfondir, il faut refaire la CECA », a exposé le patron du géant français de l’énergie lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence.
La Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), traité signé par six pays dont la France, l’Allemagne et l’Italie pour mettre en commun la gestion des mines et de la sidérurgie, fut en 1952 l’un des socles de l’UE.
Le modèle de la CECA a lui aussi été invoqué par le patron du géant des matériaux Saint-Gobain, Benoit Bazin, qui intervenait dans la même table ronde.

Améliorer « l’efficacité énergétique »
« On a fait il y a longtemps la CECA à six pays et il y a des mécanismes de coopération renforcée à neuf pays » a-t-il dit. « On voit bien que l’Europe n’a pas la bonne gouvernance pour avancer » a ajouté M. Bazin, évoquant notamment le besoin d’améliorer « l’efficacité énergétique » du Vieux continent privé de ressources naturelles pour sortir de la crise énergétique qui menace ses industries clés.

« Par exemple, on ne veut pas faire d’éoliennes en France. Mais les Allemands aiment bien les éoliennes : faisons les en Allemagne et faisons des centrales nucléaires en France et simplement, organisons l’interconnexion entre les pays », a illustré Patrick Pouyanné.
Selon lui, la nécessité d’approfondir le marché unique s’applique à l’énergie comme aux marchés financiers ou aux télécoms.
La politique de l’UE a empêché l’émergence de « champions européens »
Il a critiqué la politique de concurrence européenne, trop tournée vers les consommateurs, et insuffisamment vers les entreprises, laquelle a empêché selon lui l’émergence de « champions européens ».
Appelant les Européens à changer « d’algorithme », il a cité le domaine des télécoms, où évoluent une multitude d’opérateurs en Europe dont « aucun n’a la taille critique », ou le veto de Bruxelles à la fusion Alstom-Siemens.
« Je pense que les consommateurs en Europe sont très contents », avec des tarifs de téléphonie plus faibles qu’aux États-Unis, mais « à vouloir faire toujours moins cher, on ne crée pas l’innovation », a-t-il fustigé.
« Aujourd’hui être 27 c’est trop compliqué »
Pour Patrick Pouyanné, la meilleure façon de renforcer le marché unique repose sur « des coalitions de bonne volonté » de certains pays, comme ce fut le cas lors de la création de l’euro.
« Aujourd’hui être 27 c’est trop compliqué, (…) on ne peut pas avancer au même rythme », a-t-il aussi déclaré, « notre modèle d’unanimité à 27 et de vouloir embarquer tout le monde ne peut pas être un socle pour améliorer la compétitivité européenne ».
« Il faut 50% d’ingénieurs et de techniciens en plus »
Défendant également un maintien de l’industrie en Europe, M. Bazin a insisté sur le besoin de compétences. « En France, si l’on veut avoir de la compétitivité industrielle en 2030, il faut 50% d’ingénieurs et de techniciens en plus », ce qui nécessite une « stabilité des investissements et des politiques publiques » a-t-il plaidé.
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