Didier Marie est chef d’entreprise à Juvigny-les-Vallées. Et pour lui, comme pour nombre d’acteurs économiques du Mortainais, l’affaire est claire : « Le contournement, ce n’est pas pour gagner deux minutes. C’est pour que les véhicules puissent rejoindre l’A84 en toute sécurité. »

Comme d’autres chefs d’entreprise, élus ou habitants du secteur, il alerte sur l’état de la D103 à Saint-Quentin-sur-le-Homme, l’axe principal pour rejoindre l’autoroute depuis le Mortainais ou Juvigny. Une route trop étroite, sinueuse, où les poids lourds se croisent difficilement. Idem pour la route dans le bourg de Saint-Martin-des-Champs, la RD 247.

L’étroitesse des routes dénoncée

Lundi 26 mai, ils ont décidé de se rendre sur place à l’entrée de Saint-Martin-des-Champs, après le rond-point de la Croix Bazin, pour comprendre la situation. Des camions stationnés volontairement sur les bas-côtés illustrent le problème : la chaussée est trop étroite pour permettre un croisement sécurisé. Le soir, quand le trafic s’intensifie, la situation devient critique.

« Regardez comme c’est serré », indique Didier Marie.

Tous les jours, c’est un flot incessant de véhicules.

À ses côtés, Cédric Pelchat, dépanneur automobile installé depuis 2022 à Saint-Martin-des-Champs, témoigne : « On fait trente allers-retours par jour, ce n’est pas tenable. Il nous faut 30 minutes pour rejoindre l’A84, la route n’est pas du tout adaptée. »

Un axe qui traverse les bourgs

Pour relier Mortain ou Juvigny à l’A84, les poids lourds doivent traverser les bourgs de Saint-Quentin-sur-le-Homme et Saint-Martin-des-Champs, au risque de mettre en danger piétons et cyclistes. Le maire délégué Jacques Lucas s’inquiète pour la qualité de vie de ses administrés : « À la mairie, on n’ouvre plus jamais les fenêtres côté rue. Le bruit est constant. On veut une vie normale pour nos habitants. »

« Ce n’est pas pour gagner deux minutes »

Jean-Michel Besnier, chef d’entreprise dans les travaux publics, souligne le retard pris sur le projet : « On attend depuis longtemps le contournement, puis tout s’est arrêté depuis 2006. On se retrouve sans liaison pour rejoindre la Bretagne en toute sécurité ».

Marie-Hélène Fillâtre, ancienne élue de Juvigny et suppléante du député Bertrand Sorre, rappelle que le territoire avait anticipé ce tracé :

« La caserne de pompiers a été placée ici en prévision de l’A84, et la gendarmerie est attendue. Le Département a même déjà acquis des terrains pour créer une route sécurisée. »

Un enjeu de développement pour le Mortainais

Au-delà de la sécurité, les défenseurs du projet y voient une chance de désenclaver l’Ouest du Mortainais. « On parle de 300 emplois dans le Mortainais », avance Didier Marie. « Cela peut avoir un impact pour le développement économique de l’Est du territoire. »

Quant à l’argument souvent avancé des « 2 minutes gagnées pour 14 millions d’euros », les soutiens dénoncent une caricature : « Ce n’est pas une question de confort, c’est une question de sécurité », insiste Jacques Lucas.

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