NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway

Titre original :
Quand les conflits armés deviennent des instruments économiques
Publié le 27 juin 2025
Dans le théâtre géopolitique contemporain, la notion traditionnelle de la guerre s’est métamorphosée en un phénomène complexe où les frontières entre conflit militaire et intérêts économiques s’estompent progressivement.
L’économie de la guerre subventionnée
Ce que nous observons aujourd’hui révèle une réalité troublante : les guerres par procuration, le financement du terrorisme et l’utilisation de groupes mercenaires ne sont plus des accidents géopolitiques, mais constituent désormais les rouages essentiels d’un système économique mondial où la violence armée sert directement les intérêts financiers des grandes puissances.
L’exemple le plus frappant de cette transformation réside dans l’industrie de l’armement américaine. Le conflit ukrainien a généré des profits considérables pour les fabricants d’armes américains. Les actions des cinq principaux groupes d’armement américains ont bondi de plus de dix fois leur valeur, tandis que les ventes d’assistance militaire à l’Ukraine ont atteint environ 20 milliards de dollars en novembre dernier. Raytheon a épuisé en dix mois de conflit l’ensemble de sa production de missiles antichar Javelin de cinq années et de missiles de défense aérienne Stinger de treize années.
Cette logique économique s’étend bien au-delà du cas ukrainien. L’industrie mondiale de l’armement a généré 632 milliards de dollars de revenus en 2023, soit une augmentation de 4,2% par rapport à 2022. Les États-Unis dominent ce marché avec 50% des revenus mondiaux, soit 317 milliards de dollars, tandis que la Chine occupe la deuxième position avec 103 milliards de dollars. Ces chiffres illustrent comment les conflits armés sont devenus des catalyseurs directs de croissance économique pour les puissances industrielles.
Les mécanismes de contrôle par des intermédiaires
Les grandes puissances ont développé des stratégies sophistiquées d’influence par des intermédiaires qui leur permettent d’atteindre leurs objectifs économiques sans engagement militaire direct. La Russie a perfectionné ce modèle avec le groupe Wagner et d’autres entités paramilitaires présentes dans plus de 30 pays sur quatre continents. Ces organisations opèrent selon un modèle économique viable : elles financent leurs opérations grâce au contrôle des ressources naturelles des territoires où elles interviennent, créant ainsi un cercle autoentretenu de violence et d’extraction économique.
Le cas du Niger illustre parfaitement cette dynamique. En juillet 2023, la junte militaire qui a pris le pouvoir s’est opposée aux intérêts occidentaux tout en recherchant le soutien de la Russie et de ses groupes mercenaires. Le Niger détient la septième plus grande réserve d’uranium au monde et produisait environ 5% de la production mondiale. La junte a menacé l’exportation d’uranium vers la France, qui acquiert 20% de son uranium naturel depuis le Niger. Cette situation a contraint la France à chercher de nouveaux partenaires, visitant le Kazakhstan et l’Ouzbékistan pour maintenir son approvisionnement énergétique.
La Turquie et la stratégie de centralisation des groupes révolutionnaires
La Turquie a développé une approche particulièrement efficace en Syrie et en Libye, centralisant de nombreux groupes révolutionnaires sous une vision islamo-nationaliste et les associant à ses propres forces militaires pour étendre son influence au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
En Syrie, l’approche turque de « contrôle par centralisation » envers l’Opposition syrienne armée lui a permis de mener une stratégie de guerre par procuration efficace depuis 2016.
En Libye, l’armée turque a poursuivi une stratégie de guerre par procuration depuis que Ankara et le Gouvernement d’accord national (GNA) ont signé un accord de coopération sécuritaire et militaire en décembre 2019.
Cette intervention s’inscrit dans la doctrine turque de la « Patrie Bleue » (Mavi Vatan), particulièrement axée sur l’accès aux ressources et aux frontières maritimes en Méditerranée orientale. Les objectifs secondaires incluent la limitation de l’influence égyptienne et émirati au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
La France et le néocolonialisme militaire
La France maintient un réseau complexe d’influence militaire en Afrique qui sert directement ses intérêts économiques. Entre 1945 et 2005, la France a mené plus de 130 interventions militaires en Afrique, dont beaucoup dans ses anciennes colonies. Cette présence militaire permanente lui permet de préserver son accès privilégié aux ressources naturelles africaines et de maintenir sa position géopolitique.
Le cas récent du Niger révèle les limites de cette stratégie. La junte nigérienne a signé un nouvel accord militaire avec la Russie et a introduit des instructeurs militaires russes dans le pays en avril 2024, forçant le départ des forces françaises et américaines. Ce changement d’alliance illustre comment les puissances émergentes défient l’ordre établi en offrant des alternatives aux arrangements néocoloniaux traditionnels.
Des analystes soupçonnent même que le financement français arrive secrètement au Rwanda pour protéger les intérêts français en Afrique, notamment dans les missions de maintien de la paix rwandaises dans les zones riches en ressources du Mozambique. Cette pratique remettrait en question l’alignement entre l’UE et ses États membres sur les relations avec les gouvernements étrangers et les forces de sécurité.
L’Iran et son réseau de proxys
L’Iran a cultivé un réseau de milices par procuration en exploitant la politique identitaire chiite pour exercer une influence au Liban, en Irak, en Syrie et au Yémen. Historiquement, la richesse et le pouvoir politique dans le monde arabe étaient concentrés entre les mains des sunnites, tandis que les chiites étaient marginalisés. C’est l’expérience de marginalisation de la communauté chiite qui l’a orientée vers des idéologies et des mouvements révolutionnaires qui remettaient en cause le statu quo.
Au Yémen, l’engagement iranien avec les Houthis représente son proxy le plus éloigné. Malgré les différences doctrinales, l’Iran offre un soutien politique, financier et militaire. La valeur stratégique du Yémen pour l’Iran inclut l’affaiblissement de l’Arabie saoudite en ouvrant un second front à sa frontière sud, l’amélioration de l’influence iranienne près du détroit de Bab el-Mandeb, et l’amplification du message régional iranien de résistance à l’intervention étrangère.
Les États-Unis et l’économie de guerre par procuration
Les États-Unis ont perfectionné un modèle où les guerres par procuration servent directement leurs intérêts économiques. Le conflit russo-ukrainien illustre parfaitement cette dynamique : en fournissant des armes massives à l’Ukraine, les États-Unis obtiennent d’énormes gains géopolitiques et économiques sans subir de pertes humaines directes. Cette approche leur permet de « faire du foin » sans supporter les coûts humains, tout en stimulant leur industrie de défense.
L’industrie de défense américaine représente désormais une part significative de l’économie nationale. En 2025, une société comme AeroVironment a généré 18% de ses revenus totaux uniquement de l’Ukraine, tandis que 75% de ses revenus proviennent du gouvernement américain, soit directement, soit indirectement. Cette dépendance économique envers les conflits armés crée un cercle vicieux où l’industrie militaire a intérêt à maintenir des niveaux de tension élevés.
La Chine et l’Initiative de la Route de la Soie
La Chine développe une approche différente mais tout aussi efficace à travers son Initiative de la Route de la Soie (Belt and Road Initiative). Cette stratégie lui permet d’étendre son influence économique et politique en créant de nouveaux marchés pour les entreprises chinoises, en canalisant les capacités industrielles excédentaires à l’étranger, en augmentant l’accès de la Chine aux ressources et en renforçant ses liens avec les pays partenaires.
L’Initiative génère sa propre demande d’exportation car les prêts chinois permettent aux pays participants de développer des projets d’infrastructure impliquant des entreprises et une expertise chinoises.
Pour les pays en développement, l’Initiative est attrayante en raison des opportunités qu’elle offre pour atténuer leurs désavantages économiques par rapport aux pays occidentaux.
Cependant, ce modèle crée également des dépendances. Les États-Unis voient ce projet de manière critique en raison de la possible influence du gouvernement chinois, tandis que d’autres soulignent la création d’un nouveau moteur de croissance mondiale en rapprochant l’Asie, l’Europe et l’Afrique.
Naviguer entre les puissances : un dilemme algérien
L’Algérie incarne parfaitement les défis auxquels font face les pays qui tentent de maintenir leur indépendance dans ce contexte géopolitique complexe. Le cas du port d’El Hamdania illustre ces tensions. Initialement conçu comme un projet de 3,3 milliards de dollars financé par la Chine, l’Algérie a finalement écarté la Chine du projet, préférant se tourner vers le groupe français CMA CGM.
Cette décision s’explique par le refus algérien d’accepter une formule « clé en main » trop favorable à la Chine. Les partenaires chinois proposaient un montage classique : prêt concessionnel, travaux confiés à des entreprises chinoises, et exploitation du port sur plusieurs décennies. Alger a refusé ce scénario qui la maintenait à l’écart dans les phases de réalisation et d’exploitation, exigeant que la future structure soit contrôlée à 51% par l’Algérie.
L’incident du drone malien abattu par l’Algérie en avril 2025 illustre également les risques auxquels font face les pays qui cherchent à maintenir leur neutralité. L’Algérie s’inquiète de la présence de mercenaires russes du groupe Wagner, opérant désormais sous l’Africa Corps, qui assistent les forces armées maliennes. Les responsables algériens craignent que les combats près de la frontière, particulièrement à Tin Zaouatine, ne débordent sur leur territoire.
Les enseignements de l’histoire
L’histoire nous enseigne que la neutralité économique peut être une stratégie viable même dans des contextes de conflit majeur. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des pays neutres comme le Portugal, l’Espagne, la Suède et la Suisse ont maintenu leur indépendance en offrant des concessions économiques aux belligérants. Ces concessions comprenaient le commerce de biens et de matériaux, la fourniture de main-d’œuvre et de capital. Ces concessions se sont avérées suffisamment précieuses pour que les belligérants continuent à respecter l’indépendance des neutres, malgré les menaces continues d’invasion.
Recommandations pour les pays indépendants
Pour les pays comme l’Algérie qui cherchent à maintenir leur indépendance et leur neutralité, plusieurs stratégies s’imposent :
Diversification économique : Développer des partenariats équilibrés avec plusieurs puissances plutôt que de dépendre d’une seule. L’Algérie montre l’exemple en refusant la domination chinoise tout en maintenant des relations avec la France et d’autres partenaires européens.
Contrôle des ressources : Maintenir un contrôle majoritaire sur les infrastructures stratégiques et les ressources naturelles. Le refus algérien d’accepter un contrôle chinois majoritaire sur le port d’El-Hamdania illustre cette approche.
Défense active des frontières : L’incident du drone malien démontre l’importance de maintenir une capacité de défense crédible pour dissuader les incursions et affirmer la souveraineté territoriale.
Diplomatie équilibrée : Développer une diplomatie qui évite l’alignement exclusif sur une puissance particulière, tout en maintenant des relations fonctionnelles avec toutes.
Vers un nouvel ordre géopolitique
Les nouvelles formes de guerre par procuration révèlent une mutation profonde du système international. Les conflits armés ne sont plus des moyens pour atteindre des objectifs politiques, mais sont devenus des instruments directs de création de richesse et de contrôle économique. Cette transformation pose des questions fondamentales sur l’avenir de la souveraineté nationale et la possibilité pour les États moyens de maintenir leur indépendance dans un monde où la violence organisée est devenue une industrie profitable.
L’expérience algérienne, avec ses succès et ses défis, offre un modèle pour d’autres pays qui cherchent à naviguer dans cette nouvelle réalité géopolitique. En refusant les dépendances exclusives et en maintenant une capacité de défense crédible, l’Algérie démontre qu’il est possible de préserver un espace d’autonomie même dans un environnement international de plus en plus polarisé.
L’avenir nous dira si cette stratégie d’indépendance négociée peut résister aux pressions croissantes des puissances mondiales qui cherchent à instrumentaliser les conflits pour leurs intérêts économiques. Ce qui est certain, c’est que la frontière entre guerre et économie a définitivement disparu, et que les pays qui l’ignorent le font à leurs risques et périls.
Ce sujet soulève de nombreuses questions sur l’avenir de la souveraineté, l’équilibre des puissances et la place des États dits « indépendants » dans un monde où la guerre économique et les conflits par procuration redessinent sans cesse les rapports de force. Et vous, comment percevez-vous ces évolutions ? Pensez-vous que les stratégies de neutralité et d’indépendance sont encore viables face aux nouvelles formes de domination ? Partagez vos réflexions pour enrichir le débat !
via Valérie BUGAULT > via Dynamique du conflit