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Personne ne s’attendait à ce que Steven Guilbeault se métamorphose en champion des énergies fossiles au lendemain des élections fédérales parce que son nouveau patron montre de l’ouverture pour de nouveaux pipelines.
L’ancien militant écologiste a eu beau se taire durant la campagne électorale, lorsque le chef libéral Mark Carney vantait son plan de faire du Canada une « superpuissance énergétique », son opposition farouche à toute expansion du secteur pétrolier et gazier canadien demeure à la base de son entrée en politique en 2019. Il aurait perdu toute crédibilité en y renonçant maintenant. Il n’en demeure pas moins que sa sortie publique de cette semaine contre la construction de nouveaux pipelines n’aidera pas M. Carney à calmer la grogne albertaine.
Le premier ministre fédéral promet d’adopter une approche « pragmatique » et essaie de démontrer sa bonne foi en matière de développement économique. Mardi soir, quelques heures à peine après l’assermentation de son nouveau Conseil des ministres, il avait insisté, dans une entrevue accordée au réseau télé CTV, sur la sincérité de sa promesse de lever les obstacles à la construction de nouveaux pipelines. « Nous allons changer les choses, au niveau fédéral, qui doivent être changées pour que les projets puissent avancer », a-t-il dit. « Si vous voulez une réponse simple à la question “Est-ce que je vais soutenir la construction d’un pipeline ?” : oui. C’est une réponse simple, je l’ai donnée à maintes reprises. »
M. Carney a même évoqué la possibilité d’abandonner la proposition de plafonner les émissions de gaz à effet de serre provenant du secteur pétrolier et gazier si chère à M. Guilbeault.
Ce dernier tenait bec et ongles à son projet de réglementation visant à faire baisser les GES de ce secteur de 35 % en 2032 par rapport à leur niveau de 2019, déposé alors qu’il était encore ministre de l’Environnement dans le gouvernement de Justin Trudeau. L’industrie pétrolière avait dénoncé la proposition, la qualifiant de plafond de production de facto. Rappelons que la première ministre albertaine, Danielle Smith, avait demandé en 2024 à l’animateur de la droite américaine Tucker Carlson de mettre M. Guilbeault « dans sa ligne de mire » lors d’un événement à Calgary.
La déclaration de M. Guilbeault cette semaine aura miné les efforts de M. Carney pour entamer un nouveau dialogue avec la première ministre Smith, au moment où cette dernière vient de déposer un projet de loi visant à faciliter la tenue d’un référendum sur l’indépendance de l’Alberta dès l’an prochain.
« Avant de penser à la construction d’une nouvelle infrastructure, maximisons l’utilisation de celle que nous avons déjà », a dit M. Guilbeault à l’entrée de la première réunion du nouveau Conseil des ministres. Selon lui, le pipeline Trans Mountain entre l’Alberta et la côte ouest canadienne (dont Ottawa est devenu le propriétaire en 2018) ne fonctionne qu’à 40 % de sa capacité de 900 000 barils par jour. En plus, a-t-il ajouté, « présentement, il n’y a aucun promoteur qui veut construire un projet est-ouest » depuis que TransCanada a abandonné son projet d’oléoduc Énergie Est en 2017.
Les propos de M. Guilbeault ont fait sursauter ses critiques. D’abord parce que la question de nouveaux pipelines ne relève plus de lui depuis qu’il est devenu ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes dans le gouvernement Carney. Mais aussi parce que, contrairement à ce qu’il avance, Trans Mountain fonctionne plutôt à un niveau situé entre 76 % et 85 % de sa capacité depuis son entrée en service il y a près d’un an, selon les données de la Régie de l’énergie du Canada. Les analystes prévoient qu’il atteindra sa capacité maximale dans les mois à venir.
M. Guilbeault avait toutefois raison de noter qu’aucune proposition de pipeline traversant le Québec n’est actuellement sur la table. Il est aussi vrai qu’aucun promoteur privé ne se risquerait à répéter l’expérience de TransCanada (qui avait investi un milliard de dollars dans le projet Énergie Est avant de l’abandonner) tant que l’incertitude va régner à Ottawa et à Québec. Sans la certitude de jouir de l’appui des deux gouvernements, aucune compagnie privée n’investira un sou dans un tel projet. La balle est donc dans le camp politique.
Cela explique peut-être la déclaration du premier ministre François Legault diffusée cette semaine, selon laquelle il y aurait une plus grande ouverture chez les Québécois à l’idée d’un oléoduc est-ouest depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Les menaces du président des États-Unis mettent en évidence la nécessité pour le Canada de réduire sa dépendance économique à son voisin du Sud. « Est-ce que c’est pensable d’avoir un oléoduc qui passe au nord du Québec, qui pourrait déboucher, par exemple, sur le port de Sept-Îles ? Des projets comme ceux-là étaient impensables avant Trump, mais les Québécois se disent : “Ce n’est pas vrai que Trump va contrôler le pétrole qu’on fabrique en Alberta” », a dit M. Legault lors d’une entrevue accordée à Stéphan Bureau pour son balado Contact.
En tant que lieutenant politique au Québec, M. Guilbeault a la responsabilité de conseiller le nouveau premier ministre et de s’assurer que les 44 sièges que les libéraux ont gagnés au Québec restent dans leur giron après les prochaines élections. En même temps, M. Carney doit calmer la montée séparatiste en Alberta que Mme Smith semble vouloir attiser à ses propres fins politiques.
Il n’est pas certain que la sortie de Steven Guilbeault a bien servi le nouveau premier ministre dans l’atteinte de l’un ou l’autre de ces objectifs.
Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.