NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
Une rubrique sexo de Jacques Marquet, sociologue, professeur émérite de l'UCLouvain
À ma connaissance, il n'y a pas de recherche qui pose directement la question dans ces termes. Par contre, de nombreuses études abordent l'impact de l'arrivée d'un enfant ou de la présence d'enfants sur la vie sexuelle, et d'autres traitent de la prise en charge des parents vieillissants. En réunissant ces travaux, on peut esquisser une réponse à la question posée.
L'idée selon laquelle la venue d'un enfant est susceptible d'affecter significativement la sexualité d'un couple fait aujourd'hui consensus. Il n'est pas rare que des évolutions, dans un sens ou dans l'autre, se marquent dès la grossesse. Les changements physiologiques et hormonaux, la modification du corps et de l'image de la femme, des complications liées à la grossesse, la crainte de mal faire, la projection dans de nouveaux rôles sociaux sont, parmi d'autres, des facteurs qui peuvent affecter la sexualité pendant cette période. Et le poids de certains d'entre eux va perdurer bien longtemps après l'arrivée de l'enfant.
La naissance d'un enfant, moment charnière pour le sexualité
Certaines études ont ainsi pu montrer que, dans les couples hétérosexuels, une naissance est souvent un moment charnière pour leur sexualité. Même dans les couples qui jusque-là fonctionnaient de façon très égalitaire sur ce plan – prise d'initiatives équilibrée, manifestation du désir partagée, satisfaction des deux partenaires… –, l'arrivée d'un enfant modifie fréquemment cette harmonie. Dans nombre de couples, le rôle parental devient une priorité, surtout pour les mères, là où une majorité de pères continuent à investir en premier leur rôle conjugal. En conséquence, bien qu'elle se soit légèrement réduite dans les jeunes générations, l'inégalité du partage des tâches au détriment des femmes tend à se renforcer avec l'arrivée des enfants. Et parallèlement, bien qu'il y ait des exceptions, tendanciellement les hommes vont se retrouver davantage "demandeurs" que les femmes… et parfois pour longtemps.
Pourquoi la pratique de la masturbation est-elle en hausse?Plus précisément, les recherches tendent à montrer que la sexualité conjugale est surtout affectée par la présence d'enfants en bas âge, et surtout de ceux de moins de trois ans. Dans cette configuration, les rapports sexuels sont moins fréquents et les femmes, singulièrement, relatent plus fréquemment une absence ou une insuffisance de désir sexuel. Le manque d'envie est le plus manifeste chez celles qui réalisent la majorité, voire la totalité, des tâches domestiques.
Alors que la sexualité des hommes est surtout affectée par les problèmes professionnels et économiques, celle des femmes est davantage impactée par les conditions de vie domestique. Or tous les travaux portant sur la prise en charge des parents vieillissants montrent que, là aussi, les femmes – les filles, voire les belles-filles, avant les fils – se retrouvent à devoir en assumer la plus grande part. Tant auprès des enfants en bas âge qu'auprès des aînés, c'est d'abord sur elles que pèse l'injonction sociale à prendre soin d'autrui. Comme les jeunes mères, les femmes de ce que certains ont appelé la "génération sandwich", celle des personnes coincées entre des obligations parentales à l'égard de leurs enfants encore dépendants et des obligations filiales envers leurs parents de moins en moins autonomes, sont donc aussi susceptibles de connaître les lourdeurs de la vie domestique, avec un impact négatif sur leur vie sexuelle.
Prérogative essentiellement féminine
En résumé, malgré des évolutions récentes, la prise en charge des soins aux jeunes enfants et aux parents âgés reste une prérogative essentiellement féminine, une prérogative qui, lorsqu'elle devient trop lourde, affecte négativement leur sexualité. Ce n'est évidemment là qu'une tendance générale. Des femmes très impliquées dans une vie professionnelle pénible ou stressante déclarent aussi un plus faible désir sexuel ; des pères choisissent aussi de faire de leur paternité leur rôle principal, mais, comparativement à ce que vivent les mères, les burn-out paternels restent rares. La tendance générale souligne cependant 1) que le désir sexuel, et plus largement la place et l'importance de la sexualité pour un individu varient au cours de sa vie ; et 2) que les conditions de vie – les expériences individuelles, les dynamiques relationnelles, les cadres normatifs – impactent cette sexualité qui, de ce point de vue, ne peut être appréhendée comme une sphère strictement indépendante de la vie sociale. Les travaux sexologiques contemporains sur l'insuffisance de désir sexuel (des femmes) devraient pouvoir en tenir compte.
La "chronique sexo" de La Libre
Deux jeudis par mois, La Libre propose, sur son site, un rendez-vous "sexo". Trois sexologues praticiens et/ou académiques se relayeront pour répondre avec science et sérieux à des questions variées sur la sexualité, la manière dont nous vivons nos relations affectives et relationnelles. Cette semaine, la spécialiste est Laura Dufey. Sexologue et psychothérapeute en cabinet privé depuis plus de 10 ans, elle a fondé en 2020, avec Aurore Dufey, sa sœur, le centre paramédical pluridisciplinaire en périnatalité et petite enfance à Namur, "Hêtre & Grandir".
Vous souhaitez leur soumettre une question ? N'hésitez pas à l'envoyer à l'adresse [email protected]
Pour accéder à cet article, veuillez vous connecter au réseau internet.