Le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) se dit « consterné », « dégoûté » et « en colère » à cause de ce qu'il décrit comme une attaque islamophobe à l'endroit d'une femme dans un restaurant d'Oshawa, en Ontario, au petit matin, mercredi. La police régionale de Durham enquête sur cet événement et demande l'aide de la population afin d'identifier les suspects.

Selon les policiers, les suspects sont de jeunes délinquants.

C'est difficile de décrire ce que notre communauté ressent actuellement. Nous avons besoin d'agir, de passer de la parole à l'action. Nos élus doivent reconnaître ce qui se passe au pays et formuler un vrai plan avec de vraies solutions, a déclaré Omar Khamissa, chef des opérations du CNMC, lors d'un point de presse.

Les détails [de l'attaque] me rendent non seulement triste mais aussi en colère.

La police affirme que cette femme – qui n'a pas été nommée – a été victime d’une violente attaque en groupe. Selon les policiers, le comportement du groupe d’individus était déjà problématique dans l'établissement. C’est alors qu’une des personnes a sauté par-dessus le comptoir, où la femme a tenté de lui bloquer le chemin.

Une lutte violente a par la suite eu lieu. Pendant cette lutte, plusieurs autres individus ont eux aussi sauté de l’autre côté du comptoir et ont attaqué la victime, disent les policiers.

Selon le CNMC, les assaillants auraient enlevé le hijab de la victime durant l'attaque. La police régionale de Durham n'a pas confirmé cette information dans son communiqué ni par courriel. Toute information sur cette attaque fera partie de l'enquête et ne sera pas divulguée, a dit une porte-parole.

La victime est secouée, a témoigné la fille de celle-ci, que Radio-Canada ne nomme pas afin de la protéger, tout comme sa famille. L'attaque l'a marquée et elle est désormais à vif, a-t-elle dit. La jeune femme était sous le choc en regardant les images de l'attaque, qui ont été captées par une caméra de surveillance.

Notre famille a constaté une augmentation du nombre d'attitudes et d'actions islamophobes de la part des clients du restaurant. De surcroît, ce n'est pas la première fois qu'un crime est commis dans le restaurant, a dit la jeune femme, qui a aidé sa mère au restaurant par le passé.

Les image de l'attaque ont été captées par une caméra de surveillance.

Photo : Conseil national des musulmans canadiens

La communauté veut une enquête exhaustive

La communauté locale demande à la police d’enquêter sur cet acte en prenant en compte la motivation haineuse, a déclaré la représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby. Nous encourageons la police à enquêter sur cet événement sous tous les angles, a dit le CNMC.

La police régionale de Durham enquête sur cet événement. (Photo d'archives)

Photo : (Durham Regional Police)

La police de Durham dit que tous les motifs possibles, y compris la haine, seront examinés. Les unités des crimes haineux, de l’inclusion et de l’équité sont impliquées et travaillent avec les enquêteurs, a dit la police.

On ne peut pas tenir pour acquis que tout crime commis contre quelqu'un qui porte un hijab est nécessairement un crime haineux, mais il y a certains indices quand c'est la seule personne attaquée, quand il y a de toute façon une situation criminelle et quand on enlève un hijab, a pour sa part expliqué l'avocat Julius Grey.

Au moins deux événements du genre cette année

Il ne s’agit pas de la première attaque signalée par le CNMC dans la région de Durham cette année. Au mois de mars, le conseil a lu le témoignage d’une femme dont le hijab a failli être brûlé dans une bibliothèque d’Ajax. Une femme a été accusée d’agression armée dans cette affaire.

Cette situation a été soulevée par plusieurs intervenants présents lors de la conférence de presse jeudi et a motivé leur demande de mesures concrètes.

La région de Durham est une communauté dynamique, diversifiée, où habitent des milliers et des milliers de Canadiens de confession musulmane qui contribuent à la société canadienne. Pourquoi doivent-ils vivre dans la peur dans les commerces locaux et dans leurs bibliothèques? a demandé Omar Khamissa.

La police de Toronto indique que 443 crimes haineux lui ont été signalés en 2024, contre 372 l’année précédente. Le nombre de crimes haineux dans la métropole est toutefois en baisse jusqu’à présent cette année.

Avec les informations de La Presse canadienne