Des incendies font rage depuis le début de semaine dans le sud de la France. Ce mardi, les flammes ont atteint Marseille, perturbant le trafic aérien, ferroviaire et obligeant une partie des habitants à se confiner. Un scénario similaire à celui vécu depuis lundi à Narbonne (Aude).

Élodie Bécu et Aurélien Poivret - Hier à 21:12 | mis à jour hier à 23:59 - Temps de lecture :

Digiteka PlaceHolder

Un sentiment d’apocalypse. En quittant son bureau, à proximité de l’aéroport de Marseille Provence, Léa s’est retrouvée, dans sa voiture, face aux flammes qui font rage autour de la ville ce mardi.

« Waze m’avait indiqué un mauvais itinéraire pour rentrer chez moi. Plus j’avançais, plus la fumée était épaisse. Je tremblais, j’étais terrifiée », raconte la jeune femme qui a fait demi-tour pour retrouver ses enfants chez leur grand-mère en centre-ville.

« Je voyais les conducteurs partir en sens inverse, dans un bouchon chaotique. L’odeur de fumée était forte, l’horizon bouché. Ce qui était terrible, aussi, c’était de voir les larmes des personnes qui fuyaient les flammes et laissaient leur habitation dans les incendies », ajoute-t-elle.

« J’ai vu des gens paniqués. La fumée brûlait les poumons »

Même vision apocalyptique pour Magali, une habitante du quartier Saint-Henri de Marseille. Elle a été évacuée en début d’après-midi de sa maison, après avoir vu l’incendie se propager depuis les plaines du nord-ouest de la ville, en passant par la colline voisine.

« Il y avait une brume de fumée noire intense dans tout le quartier. Il y avait un ciel rouge. J’ai tout fermé, mais la fumée passait quand même à l’intérieur. On a reçu des messages de la préfecture, sur les téléphones, pour dire qu’il fallait se calfeutrer. Puis une deuxième alerte, vers 14 h, disant qu’il fallait évacuer. Dans la rue, l’air était irrespirable. J’ai vu des gens paniqués. La fumée brûlait les poumons », raconte-t-elle.

Les photos de Magali, notre témoin du quartier Saint-Henri de Marseille.

Les photos de Magali, notre témoin du quartier Saint-Henri de Marseille.

« On n’était pas préparé »

La quadragénaire est alors partie en voiture chez des amis au centre-ville de Marseille, à la Timone, avec son mari et deux de ses trois chats, car elle n’a pas pu trouver le troisième : « Je pense qu’il s’est caché. » Le couple va passer la nuit là, mais Magali craint que cela soit « l’affaire de plusieurs jours ». Son logement, pour l’heure, ne semble pas touché.

Sur WhatsApp, s’est immédiatement lancée la chaîne de solidarité, explique Magali : « Des gens proposent des lits, de quoi manger, ou des voitures pour se déplacer. C’est un quartier très solidaire. » Elle est en tout cas convaincue d’une chose : « On n’était pas préparé. »

Les violents incendies qui frappent le sud de la France depuis la canicule de la semaine dernière ont atteint une situation critique ce mardi, arrivant aux portes de Marseille, où 15 000 habitants ont été confinés. En quelques heures, les flammes ont parcouru quelque 700 hectares en direction de la deuxième ville de France.

Les transports sont très perturbés. L’aéroport de Marseille Provence a dû fermer dès la mi-journée. En fin d’après-midi c’est la circulation des trains passant près de l’incendie qui était interrompue au départ et à l’arrivée de la ville. Parmi les plus de 700 pompiers appuyés par une dizaine d’aéronefs, neuf ont été légèrement intoxiqués. Aucune victime n’était à déplorer en ce début de soirée.

Situation critique dans le Sud

Malgré les images impressionnantes des flammes entourant la cité phocéenne, le préfet de région, Georges-François Leclerc, s’est voulu rassurant qualifiant la situation en fin de journée de « pas figée, mais maîtrisée ».

La saison des feux commence tôt, et fort. Des milliers d’hectares sont également partis en fumée dans l’Aude, à Narbonne. L’autoroute A9, fermée depuis lundi après-midi puis rouverte à la circulation en fin de matinée au niveau de Narbonne, était à nouveau fermée, cette fois-ci dans l’Hérault dans les deux sens de circulation entre Sète et Agde, en raison de fumées provenant d’un feu de pinède mobilisant 150 sapeurs-pompiers et cinq avions bombardiers d’eau.

À une cinquantaine de kilomètres plus au nord, les sapeurs-pompiers du Gard intervenaient aussi pour un feu de forêt sur la commune de Montardier. En Haute-Corse, un incendie était également combattu et, dans le Var, des habitants ont été évacués après un départ de feu à l’ouest de Toulon.

Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs.

En cliquant sur « J’accepte », les cookies et autres traceurs seront déposés et vous pourrez visualiser les contenus (plus d'informations).

En cliquant sur « J’accepte tous les cookies », vous autorisez des dépôts de cookies et autres traceurs pour le stockage de vos données sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment en consultant notre politique de protection des données.
Gérer mes choix

Twitter PlaceHolder

Des mesures de prévention à renforcer

Le début de l’été résonne en douloureux écho aux feux monstrueux de l’été 2022 en Gironde. Après ces incendies dévastateurs, les pouvoirs publics ont pris des mesures pour mieux se préparer au risque. Avec des campagnes de communication tout d’abord, en rappelant notamment les bons gestes comme ne pas fumer en forêt et de mettre ses mégots dans un cendrier par exemple.

Neuf feux sur dix sont d’origine humaine, rappelle le ministère de la Transition écologique. L’exécutif a également renforcé la prévention en imposant des obligations de débroussaillement des forêts, et en mettant en place la météo des forêts.

Les bâtiments ralentissent l’intervention des pompiers

« Depuis 2022, il y a eu des progrès, mais on reste encore loin de ce qui devrait être fait pour que la France soit prête à faire face aux incendies. Nous n’avons pas encore vraiment la culture du risque au niveau du bâti. Encore trop d’habitations sont situées en zone d’aléa fort. Or, les bâtiments ralentissent l’intervention des pompiers. On a pris l’habitude de ne plus construire près des zones inondables, il faudrait aussi éviter les constructions en lisière ou en mitage des forêts », plaide François-Michel Lambert, ancien député, co-auteur du rapport de 2022 “prévention des incendies de forêt”.

Dans ses conclusions, il plaidait pour faire appliquer et simplifier l’obligation légale de débroussaillement et promouvoir une gestion plus durable des espaces et lisières forestiers. Une urgence, selon lui, avec l’évolution du dérèglement climatique.

Selon le ministère de la Transition écologique, le risque d’incendie s’amplifie et s’étend progressivement à la quasi-totalité du territoire hexagonal (comme ce fut le cas en 2022 avec 90 départements touchés par au moins un feu) et la saison des feux s’allonge, avec des feux qui se déclenchent plus tôt dans l’année.