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FIGAROVOX/TRIBUNE - Les écologistes en croisade contre les climatiseurs se trompent : une chaleur excessive nuit à la croissance économique donc, indirectement, à la décarbonation de notre société, argumente l’économiste Nicolas Bouzou.
Passer la publicité Passer la publicitéNicolas Bouzou est économiste et essayiste. Il a fondé le cabinet d’études économiques Asterès. Dernier livre paru : La Civilisation de la peur (XO Éditions, 2024).
Les écologistes qui voudraient interdire la climatisation, notamment dans les écoles, sont aussi lucides que ceux qui ont milité pour la fermeture de Fessenheim. Ils se pensent écologistes alors qu’ils ne sont que réactionnaires. Leur raisonnement repose sur l’idée selon laquelle l’utilisation de la climatisation, qui certes consomme de l’électricité et génère des transferts de chaleur, a un impact positif net sur le réchauffement climatique. Le problème, c’est que cette idée est fausse dès lors que l’on prend en compte l’impact des vagues de chaleur sur le fonctionnement global de nos sociétés. Même dans une optique climatique, mieux vaut ne pas s’effondrer sous la chaleur.
Seulement 25% de nos concitoyens sont équipés de climatiseurs, bien moins que le Japon ou les États-Unis. Chez nous, le taux d’équipement des commerces et des bureaux est élevé mais celui des établissements d’enseignement (écoles collèges, lycées, universités…) est inférieur à 10%. Pourtant, le lien entre température et productivité est parfaitement admis. Depuis longtemps, les historiens de l’économie ont souligné la relation négative entre températures et développement économique. La richesse était localisée dans les pays tempérés ou froids, la pauvreté était concentrée sous les cieux tropicaux.
Même à l’intérieur d’un continent tempéré comme l’Europe, la productivité a longtemps été plus basse dans les régions du sud. Cette relation est moins nette aujourd’hui puisque des pays humides et chauds comme ceux d’Asie du Sud-Est (ou des régions comme l’Andalousie) utilisent de façon intensive la climatisation. D’après l’OCDE, 10 jours au-delà de 35 °C font chuter le PIB français de 8 milliards d’euros.
On perd pratiquement une demi-journée de travail par semaine quand le bureau dépasse 30 °C.
Nicolas BouzouCe qui est vrai au niveau des pays l’est aussi au niveau des individus. L’impact de la température sur la productivité individuelle suit une courbe en cloche qui atteint son point haut à 23 °C environ. On perd pratiquement une demi-journée de travail par semaine quand le bureau dépasse 30 °C. Cette question de la productivité est majeure dans les écoles puisque la chaleur extrême comme celle que l’on connaît ces jours-ci diminue la capacité d’apprentissage des élèves. Mais plutôt que d’installer des climatiseurs, on préfère fermer des services publics. Au moment où j’écris ces lignes, plus de 1000 écoles sont closes, et les écologistes sont contents.
Les climatiseurs utilisent de l’électricité, c’est vrai. Mais en France, notre électricité est décarbonée grâce au nucléaire (et pas grâce à EELV). L’été, elle est abondante car la consommation est globalement plus faible que l’hiver. La demande d’électricité est inférieure d’au mois 33% en juin par rapport à janvier. Aucun problème donc, refroidissez vos intérieurs. Un argument plus valable concerne les îlots de chaleur rejetés par les climatiseurs. Il est vrai que l’usage de ces appareils peut augmenter la température extérieure. Mais s’arrêter là, c’est ne pas embrasser le problème dans sa totalité.
Une étude du NBER américain tout juste publié et qui porte sur les effets climatiques d’une éventuelle décroissance démographique vient de rappeler que le meilleur levier pour lutter contre le réchauffement climatique était… la croissance économique qui permet d’investir contre la décarbonation. Refuser les climatiseurs, ce n’est donc pas sauver le climat, c’est même exactement l’inverse. Laisser suer nos concitoyens limite les apprentissages, diminue le temps de travail et engorge les hôpitaux. 5000 Français sont morts de la canicule à l’été 2023 (15. 000 en 2003). Le climat n’y gagne rien, au contraire.
En revanche, permettre aux élèves, aux étudiants et aux actifs de travailler dans un environnement tempéré, c’est leur donner la meilleure chance d’être utiles au sein d’une société qui combat efficacement le réchauffement climatique. Chère Élisabeth Borne, installez la clim’ dans les écoles !