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Ce mercredi soir, l'Auditorium Debussy accueillait l'ouverture d'Un Certain Regard, section parallèle a sein de la Section officielle du 78e Festival de Cannes consacrée à des films d'auteur plus fragiles que ceux montrés en Compétition. C'est la Franco-Tunisienne Erige Sehiri qui a eu les honneurs de lancer les festivités avec Promis le ciel, son second long métrage de fiction.
Toute l'actualité du festival de CannesAncienne journaliste ivoirienne, Aminata (Aïssa Maïga) vit désormais à Tunis sous le nom de Marie. Pasteure évangélique au sein d'une petite église, elle héberge chez elle deux compatriotes : Naney (Deborah Lobe Naney) et Jolie (Laetitia Ky). Mère sans papiers espérant faire venir sa petite fille auprès d'elle, la première vit de petits trafics en tous genres, attendant un hypothétique passage en Europe. La seconde fait, elle, des études d'ingénieur à l'université, à la plus grande fierté de son père, resté au pays.
Un jour, les trois femmes accueillent Kenza, une petite fille de 4 ans, survivante d'un naufrage d'une embarcation de migrants dans lequel ont péri ses parents. Alors qu'elle devrait remettre l'enfant aux autorités, Marie décide de le garder. C'est que le racisme envers les noirs ne cesse de monter dans la société tunisienne. Elle n'a pas confiance dans ce qu'il pourrait arriver à la petite fille…
Racisme et exploitation de la misère
Révélée à la Quinzaine des Cinéastes à Cannes avec sa première fiction Sous les figues en 2022, Erige Sehiri y décrivait une journée dans la vie de jeunes cueilleuses de figues dans la campagne tunisienne. Dans Promis le ciel, la jeune cinéaste franco-tunisienne met le cap sur la capitale, Tunis, pour nous éveiller à une réalité dont on parle peu, celle de l'immigration intra-africaine.
Venue du documentaire — La Voie normale, son premier long métrage en 2018, s'intéressait à une ligne de chemin de fer de l'ouest de la Tunisie, la moins bien entretenue du pays —, Erige Sehiri s'est visiblement bien documentée concernant le racisme ambiant de la société tunisienne envers les migrants subsahariens, légaux ou non. Notamment en 2023, quand le président tunisien Kaïs Saïed s'en était pris violemment aux migrants, à travers une série d'arrestations arbitraires. Quand on ne parle pas d'agressions et de viols…
"Disco Boy" : un légionnaire qui sent bon le sang chaud sur un air de VitalicCentré sur la destinée de trois Ivoiriennes, qui partagent le même rêve d'une vie meilleure loin de leur pays natal, Promis le ciel est un drame ancré dans le réel, qui dénonce le déterminisme social et l'exploitation de la misère. Desd sujets universels mais qui, dans le contexte tunisien, paraissent plus criants encore.
Ces trois héroïnes du quotidien, la cinéaste les a confiées à trois excellentes comédiennes. On connaît évidemment la Franco-Sénégalo-Malienne Aissa Maïga (vue dans Les Poupées russes de Cédric Klapisch, Caché de Michael Haneke et Bamako d'Abderrahmane Sissako). On découvre la vitalité de Deborah Lobe Naney, mais surtout le charisme de Laetitia Ky. Actrice (qui a fait ses débuts récemment dans Disco Boy de l'Italien réalisateur italien Giacomo Abbruzzese), celle qui est aussi une artiste et une militante féministe ivoirienne crève l'écran…
Promis le ciel Drame De Erige Sehiri Scénario Anna Ciennik, Malika Cécile Louati et Erige Sehiri Photographie Frida Marzouk Musique Valentin Hadjadj Montage Nadia Ben Rachid Avec Aïssa Maïga, Debora Christelle Lobe Naney, Laetitia Ky, Estelle Kenza Dogbo, Foued Zaazaa, Mohamed Grayaa, Touré Blamassi… Durée 1h33
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