NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
En 2005, était publié en français aux éditions Viviane Hamy L'Art de la joie, un incroyable roman de 800 pages écrit en 1976 par Goliarda Sapienza (1924-1996) et refusé par tous les éditeurs italiens. Mardi soir en Compétition du 78e Festival de Cannes, Mario Martone rendait hommage à la grande écrivaine italienne dans le très beau Fuori.
Toute l'actualité du festival de CannesQuête folle de liberté
Inspiré de plusieurs livres de Sapienza (dont L'università di Rebibbia, consacré à son expérience carcérale), Fuori se déroule à Rome en 1980. Alors qu'elle vient de sortir de prison après avoir purgé une peine pour vol de bijoux, Goliarda n'a plus le goût d'écrire. Pour subsister, elle cherche plutôt des petits boulots. Elle a surtout envie de revoir Roberta (Matilda De Angelis), ancienne détenue politique dont elle a partagé la cellule à la prison de Rebibbia.
Entre l'écrivaine de 55 ans et cette jeune femme délurée, s'est tissée une profonde amitié, entre relation mère-fille et proximité charnelle. Les deux femmes se donnent des rendez-vous dans Rome, retrouvent leur codétenue Barbara (Élodie), profitent de la vie et font les 400 coups. Avec un sentiment de folle liberté qui leur rappelle celui qu'elles ressentaient… en prison.
Pourquoi "L'Art de la joie" a-t-il changé la vie de ses lecteurs ? "Cette folie m'a brisée et je n'arriverai pas à la chasser de mes émotions"Comme l'explique Goliarda Sapienza dans une très belle archive à la fin du film (une émission de télé italienne enregistrée avant sa mort en 1996), l'expérience de la prison a changé à jamais sa vision de la société. L'enfermement marque en effet à jamais celles et ceux qui l'ont vécue, continuant à les accompagner à l'extérieur… Cette question de la difficulté de rentrer dans le monde après une sortie de prison a souvent été traitée au cinéma — on se souvient du récent film belge Temps mort d'Ève Duchemin —, mais jamais sans doute de façon aussi révolutionnaire.
L'expérience carcérale
Ce qu'a vécu l'intellectuelle italienne quand elle était incarcérée, c'est paradoxalement une expérience de liberté radicale, au milieu de femmes, certes cabossées, mais fortes et dont la soif de vie lui paraissait inextinguible. C'est bien ça que recherche l'héroïne de Fuori auprès de ses amies de Rebibbia.
Mario Martone ("Nostalgia") : "En 27 ans, Naples n'a pas tant changé…"En 2022, Mario Martone présentait en Compétition Nostalgia, offrant un très beau personnage à Pierfrancesco Favino. C'est cette fois à Valeria Golino qu'il offre un grand rôle.
Face à la jeune Matilda De Angelis (excellente jeune comédienne que l'on reverra dans le Dracula de Luc Besson), la star italienne est bouleversante de sensibilité. N'en faisant jamais trop, malgré le torrent d'émotions par lequel passe son personnage, l'actrice révélée au monde dans Rain Man de Barry Levinson retrouve un rôle fort, à la hauteur de celui qu'elle tenait dans l'inoubliable Respiro d'Emanuele Crialese en 2002 ou dans Par amour de Giuseppe M. Gaudino, qui lui avait valu le prix d'interprétation à Venise. On verra, samedi, si Juliette Binoche et son jury ont été séduits par sa prestation…
Fuori Drame De Mario Martone Scénario Mario Martone et Ippolita Di Majo (d'après L'università di Rebibbia de Goliarda Sapienza) Photographie Paolo Carnera Musique Valerio Vigliar Montage Jacopo Quadri Avec Valeria Golino, Matilda De Angelis, Elodie, Corrado Fortuna… Durée 1h55
Pour accéder à cet article, veuillez vous connecter au réseau internet.