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Au Cameroun, la souffrance n’est pas un accident de parcours. Elle est devenue une norme, une tradition, un héritage intergénérationnel. Le Camerounais ne vit pas avec la douleur, il s’y adapte, il la légitime, parfois il la sanctifie. Dans l’imaginaire collectif, souffrir est presque une vertu, une fatalité divine, un rite d’initiation vers un salut hypothétique. Il faut souffrir, disent-ils. Souffrir, pour eux, c’est normal. Mieux, c’est même “le plan de Dieu”. Cette mentalité, forgée par des décennies d’épreuves, de frustrations et de promesses trahies, a accouché d’un peuple résigné, voire anesthésié, qui regarde le bonheur comme un conte étranger, une utopie importée.
Dès l’enfance, beaucoup de Camerounais naissent dans la douleur comme on naît dans une atmosphère. Ils ne voient que ce que la survie permet : routes défoncées, moustiques voraces, marécages stagnants, bruits de motos-taxis épuisés, longues files pour l’eau potable, poubelles béantes, logements insalubres, coupures d’électricité comme rituels nocturnes, menus pauvres en protéines, et humiliations quotidiennes dans les bureaux d’administration. Cette misère omniprésente devient un décor naturel. Elle ne choque plus. Elle s’intègre. Elle façonne. Et surtout, elle efface du champ mental l’idée même d’un mieux-être possible.
Le bonheur n’est pas un projet dans leur esprit, il est une abstraction sans réalité. Comment désirer ce que l’on n’a jamais entrevu ? Comment aspirer à l’aisance quand tout, autour de soi, rappelle que souffrir est la seule manière de vivre ? Certains, en toute sincérité, ne comprennent même pas pourquoi d’autres luttent pour un changement. Ils demandent : « Pourquoi vous parlez toujours de politique ? Est-ce que ça va changer quelque chose ? » Non pas par lâcheté, mais parce que leur conscience a été domptée par des années d’humiliations.
Demandez-leur combien gagne un instituteur à l’étranger. Ils l’ignorent. Ils ne savent pas qu’un simple enseignant dans un pays voisin peut toucher 500 000 francs CFA ou plus, avoir une couverture santé, un logement décent et des perspectives de retraite. Eux, au Cameroun, ont appris à accepter des salaires indécents, quand emploi il y a. L’économie du pays est telle que personne ne peut vraiment négocier son salaire : si tu refuses, un autre accepte, désespéré. Le chantage à la misère est institutionnalisé. La pauvreté est devenue un outil de gouvernance.
Les Camerounais ignorent qu’on peut vivre dans un appartement moderne, avec ascenseur, eau courante, lumière constante, environnement propre, et surtout… sans se sentir menacé par un agent de police à chaque carrefour. Ils ignorent qu’ailleurs, on peut tomber malade et être pris en charge sans s’endetter, sans vendre son terrain, sans appeler toute la famille pour une cotisation de 25 000 francs. Ils ne savent pas qu’ailleurs, on peut se plaindre de la lenteur d’un service administratif… et obtenir des excuses.
Le Camerounais ne connaît pas ses droits, non pas parce qu’il est ignorant, mais parce qu’il a été éduqué dans une culture du silence. Toute tentative de révolte ou même de revendication est traitée comme une rébellion inutile, voire dangereuse. Il faut souffrir. Il faut attendre. Il faut prier. Il faut être patient. On te répète que « Dieu voit tout », pendant que les dirigeants vivent dans l’excès, et que l’État devient un théâtre de privilèges pour quelques-uns. Cette docilité intériorisée est la victoire suprême du système : il a réussi à faire aimer la chaîne.
Mais pourquoi tant d’attachement à la douleur ? Peut-être parce que la souffrance procure une forme de fierté, un sentiment de supériorité morale. Le pauvre camerounais dit parfois : « Nous, au moins, on se débrouille ». Comme si le fait de se débrouiller dans l’indignité était une gloire. Comme si la misère conférait une noblesse. En réalité, cette glorification de la souffrance est une forme de survie psychologique. Quand on ne peut rien changer à sa condition, on transforme le malheur en vertu, pour ne pas sombrer.
Ce peuple a fini par faire de la résignation une sagesse. Mais c’est une fausse sagesse. Une sagesse imposée. Une sagesse qui tue à petit feu. Car pendant que le peuple s’habitue à dormir sans eau, sans électricité, sans soins, les élites dorment dans les palaces, mangent dans les ambassades et se soignent en Europe. Le peuple s’enfonce. L’élite flotte.
Il est urgent de sortir de cette hypnose nationale. De briser cette chaîne invisible qui lie les Camerounais à la souffrance comme si elle était une fiancée fidèle. Il faut réapprendre à rêver. Il faut redécouvrir le droit au bonheur. Non pas comme un luxe, mais comme une exigence. Le bonheur n’est pas une faveur que l’État accorde quand il veut. C’est un droit fondamental.
Le Camerounais doit savoir qu’il peut exiger un salaire juste. Il doit savoir que l’eau potable et l’électricité ne sont pas des bénédictions célestes mais des services publics. Il doit savoir que vivre dans un logement digne n’est pas un privilège de riche, mais un minimum humain. Il doit comprendre qu’un peuple qui accepte la souffrance devient complice de son malheur.
Il est temps de reprogrammer les consciences. La pauvreté n’est pas un destin. La souffrance n’est pas un mérite. L’injustice n’est pas une fatalité. Et le bonheur n’est pas un rêve lointain : c’est un projet politique, social, culturel et personnel. Mais pour cela, il faut d’abord désapprendre la douleur.
Fotsing Nzodjou le Sénateur