La directrice générale de CAMTEL, Judith Yah Sunday, a marqué les esprits le 24 juin 2025 au Palais de Verre Paul Biya en dévoilant une vision ambitieuse qui pourrait transformer radicalement l’écosystème entrepreneurial camerounais. Avec un chiffre d’affaires de 207,4 milliards FCFA en 2023, cette pionnière du secteur affirme le leadership de l’opérateur public dans la course vers la souveraineté numérique nationale.

Lors des Journées des Synergies Entrepreneuriales par les TIC, Judith Yah Sunday a révélé des chiffres qui confirment l’ascension fulgurante de l’entreprise publique sous sa direction. « Nous avons enregistré une croissance de 90% de notre chiffre d’affaires par rapport à 2018, avec un bénéfice net de 11,2 milliards FCFA dont 4,6 milliards reversés à l’État », a-t-elle déclaré devant un parterre de députés et d’entrepreneurs.

Depuis sa nomination en décembre 2018 comme première femme à diriger une entreprise publique de première catégorie au Cameroun, cette gestionnaire expérimentée de 60 ans a orchestré une transformation spectaculaire de CAMTEL. Titulaire d’un doctorat et forte de plus de 25 ans d’expérience dans les télécommunications, elle a fait de la connectivité territoriale sa priorité absolue.

Cette performance exceptionnelle s’appuie sur une stratégie d’infrastructure sans précédent. Sous l’impulsion de Judith Yah Sunday, CAMTEL a déployé sa marque Blue en 4G LTE dans plus de 160 communes à travers le territoire national, démocratisant l’accès à Internet avec « les offres Mobile Blue les plus abordables du marché ». L’arrivée imminente de Blue Money, le service de paiement mobile de l’opérateur, promet de révolutionner les transactions financières, particulièrement en milieu rural.

Un réseau national de 12 000 kilomètres qui défie la concurrence

L’ambition de la directrice générale ne se limite pas aux services mobiles. Le réseau national de fibre optique s’étend désormais sur plus de 12 000 kilomètres, connectant 100% des chefs-lieux des régions et une large majorité des départements. « Nous avons déployé plus de 180 000 ports Fiber To The Home (FTTH), capables de connecter des milliers de foyers et d’entreprises », a précisé la DG.

L’objectif fixé pour décembre 2025 est encore plus audacieux : atteindre 230 000 ports FTTH. Cette expansion s’inscrit dans le projet Backbone phase 4, qui ajoutera plus de 4 000 kilomètres supplémentaires pour renforcer la résilience du réseau national.

Au niveau international, CAMTEL opère plusieurs câbles sous-marins stratégiques, notamment le South Atlantic Inter Link de 6 000 kilomètres reliant Kribi à Fortaleza au Brésil, ainsi que WACS, SAT-3, et le Nigeria to Cameroon Submarine Cable System. La participation au projet Medusa, un câble de 8 700 kilomètres vers l’Europe, consolidera davantage la souveraineté numérique du pays.

La dirigeante de la CAMTEL a également mis l’accent sur les partenariats stratégiques de l’entreprise avec les secteurs vitaux du pays. Dans la santé, CAMTEL a signé un accord-cadre pour connecter les hôpitaux publics et déployer des services de télémédecine sécurisés. En éducation, l’opérateur a interconnecté universités, campus, lycées et salles multimédias.

CAMTEL face aux défis sécuritaires

La contribution de la CAMTEL à la sécurité nationale impressionne par son ampleur. L’entreprise a déployé plus de 3 000 caméras de vidéosurveillance connectées à 17 centres régionaux et deux centres nationaux à Douala et Yaoundé. Elle soutient également les plateformes e-Taxation, CAMCIS pour les Douanes, le système AIGLES de gestion des ressources humaines de l’État, et le processus d’émission des passeports biométriques.

Cependant, Judith Yah Sunday a alerté sur un fléau majeur : le vandalisme des infrastructures de télécommunications. « Chaque câble coupé, chaque regard sabotage, chaque fibre arrachée plonge instantanément des régions entières ou même des pays voisins dans le silence numérique », a-t-elle dénoncé avec gravité.

Face à ce défi, la directrice générale appelle à « un arsenal juridique plus fort, avec des sanctions exemplaires et dissuasives », citant en exemple les mesures adoptées en Ouganda, au Kenya, à Taïwan et aux États-Unis où de tels actes sont traités comme des atteintes graves à la souveraineté nationale.

L’événement a également été marqué par la signature d’un accord entre CAMTEL et le Réseau Camerounais des Incubateurs d’Entreprises. Ce partenariat offrira aux jeunes incubés dans les institutions privées d’enseignement supérieur un accès privilégié aux services de l’opérateur public.

« Un incubateur sans Internet, vous en conviendrez, c’est un peu comme un projet de loi sans promulgation : cela n’a aucune portée », a conclu avec humour la patronne de CAMTEL, soulignant l’importance cruciale de la connectivité dans l’écosystème entrepreneurial moderne.

Cette stratégie ambitieuse s’inscrit parfaitement dans la vision du Président Paul Biya qui, dès 2005, affirmait que « le développement du Cameroun passera par les technologies de l’information et de la communication ». Chaque kilomètre de fibre déployé et chaque port FTTH activé concrétise aujourd’hui cette vision présidentielle sous l’impulsion de cette femme d’exception.

Quelle sera la prochaine étape de cette révolution numérique camerounaise sous l’égide de Judith Yah Sunday ?