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Ce lundi, il fait plein soleil sur Wortegem-Petegem. Tim Merlier est au taquet. "On vient nous livrer la salle de musculation", nous explique-t-il en français. Cameron Vandenbroucke, elle, s'occupe de Jules, leur bambin de 2,5 ans. Le temps de préparer un bon cappuccino maison et elle passe à table pour parler de son envie de reprendre l'athlétisme, du maillot jaune que tentera d'endosser son compagnon ce samedi à Lille, sans oublier, bien sûr, son célèbre père, Frank, décédé en octobre 2009 après une carrière brillante mais beaucoup trop courte.
Cameron, vous avez repris la course à pied…
"Oui, le samedi 21 juin, je me suis alignée sur 3000m au Golden Series de Ciney. C'était la première fois que je courais cette distance. J'ai dû abandonner après 2400m à cause d'une douleur au pied. Le lendemain, je ne sentais plus rien et j'ai pu faire une sortie calmement. Ça m'a rassurée. Mais j'ai eu une fracture de stress fin mars. Les médecins disent qu'il faut normalement huit semaines pour se remettre complètement d'une telle blessure. Peut-être que j'ai repris trop rapidement. Il faut aussi dire que c'était la première fois que je remettais les spikes depuis dix ans. Donc, ce n'était pas évident."
Tout pour le maillot jaune : Soudal Quick-Step ira au Tour avec Evenepoel et Merlier en leaders, avec deux petits nouveaux mais sans deux grands nomsMon histoire avec l'athlétisme n'est pas terminée.
Cela veut-il dire que vous comptez refaire de l'athlétisme, comme lorsque vous aviez 15 ans et étiez une grande espoir belge du 800m ?
"Oui, c'est le but. Je suis affiliée à Liège, dans le club de Nafi. J'avais fait une course à Lille en mars et ils m'ont contactée dans la foulée. Je me suis dit : 'pourquoi pas'. J'ai arrêté ce sport parce que j'avais été renversée par une voiture mais je n'ai que 26 ans et je pense que mon histoire avec l'athlétisme n'est pas terminée."
Quand avez-vous pris cette décision de recommencer l'athlétisme ?
"J'ai eu Jules. Un an après, j'ai fait la course organisée par mes grands-parents, le 11 novembre à Ploegsteert. À chaque fois qu'il y a cette course, ça me rappelle un peu l'ambiance d'avant, celle de l'athlétisme. Vous savez, ce sport m'a toujours manqué. Je suis restée sur ma faim parce que ça s'est arrêté d'un coup. Ce n'était pas un choix. J'ai eu la malléole fracturée à cause de cet accident avec une voiture. J'ai essayé plusieurs fois de revenir, mais à chaque fois, je me blessais. Puis, le temps a passé. Et voilà, à 26 ans, il n'est pas trop tard pour essayer de voir quel niveau je peux encore atteindre. J'aimerais pouvoir revenir dans le top 10 belge, ce serait génial, mais je ne sais pas si c'est très réaliste. Et puis, je dois encore trouver quelle distance me convient le mieux. Avant, je faisais du 800 mètres, mais ça demande beaucoup de vitesse. En premier lieu, je dois me reconstruire une base. Mon corps doit de nouveau s'habituer aux chocs. Je n'ai plus fait d'intervalles sur piste depuis dix ans. On verra jusqu'où cela me mène mais j'ai envie d'essayer, oui. Sincèrement, je veux aussi redevenir une sportive moi-même, ne pas être que la femme d'un cycliste et la maman d'un petit garçon. Cela répond, donc, aussi à un profond besoin."
Pourquoi avez-vous toujours préféré l'athlétisme au vélo, alors que votre papa (Frank) était cycliste ?
"Je ne sais pas. J'ai commencé l'athlétisme à 6 ans, et le vélo ne m'intéressait pas du tout. Mon papy me disait toujours : 'Tu vas faire des courses cyclistes à 14 ans.' Je disais : 'mais jamais de la vie'. Regarder du vélo à la télé, ça me saoulait. Heureusement, maintenant, ça m'amuse. Mais dès qu'on montre de l'athlétisme, je suis rivée au petit écran."
"Je veux prendre du temps dès la première semaine !" : Tadej Pogacar prêt à enflammer le début du Tour de FranceAu début de votre relation avec Tim, étiez-vous plus populaire que lui ?
"Lorsque j'ai connu Tim en octobre 2019, il venait d'être champion de Belgique pour la première fois. On n'en parlait pas trop dans les médias. D'ailleurs, j'avais beaucoup plus d'abonnés que lui sur les réseaux sociaux. Et je le taquinais un peu avec ça. Il me disait : 'Moi, je suis champion de Belgique, mais toi, tu es la fille de Frank.' Bon, maintenant, il m'a quand même dépassée. Je pense qu'il a 20 000 abonnés de plus que moi sur Instagram (NdlR : 70800 pour Merlier, 50700 pour Vandenbroucke)."
Tim semble toujours très calme, même un peu timide. Comment est-il en privé ?
"Calme, c'est vrai. C'est dans son caractère. Mais avec ses proches et les gens qu'il connaît bien, il n'est pas timide. Pas du tout même. Mais c'est vrai qu'avec le monde extérieur, il ne va pas s'ouvrir facilement. Il va demeurer sur la réserve."
Il dénote un peu dans un monde de sprinters où l'on a tendance à faire du bruit et à montrer les muscles…
"Tim est l'opposé d'un Cipollini ou d'un Cavendish, qui aimaient bien se mettre en avant. Quelques minutes après une victoire, il a déjà retrouvé tout son calme. Pour moi, c'est ce qui fait son charme."
Est-ce difficile d'être la femme d'un sportif qui est souvent parti de la maison ?
"Au tout début, ce n'était pas toujours évident. Maintenant, j'ai Jules, donc ça fait beaucoup d'occupations quand même (elle sourit). Quand Tim part, je n'ai plus le temps de m'ennuyer. Entre Jules et mes entraînements, ça demande de l'organisation. Bon, ce sera un peu plus facile en septembre quand mon fils entrera à l'école."
Le Tour de France commence mal pour Wout van Aert : le Belge a connu une étrange mésaventure avec un agent de sécurité (VIDÉO)Entre Tim et vous, qui est le premier à céder aux caprices de Jules ?
"Comme Tim est moins souvent présent, je dirais que c'est lui. Moi, je vais plus avoir le mauvais rôle. Mais je ne le gronde pas beaucoup non plus parce que ça fait vite mal au cœur."
En quelle langue lui parlez-vous ?
"Dans les deux langues. Moi, je lui parle en français et Tim en néerlandais."
Être la femme d'un sportif, c'est une chose. Mais être celle d'un sprinter, c'est particulier. Avez-vous parfois peur de la chute ?
"Beaucoup de gens me posent cette question. J'entends souvent les copines de coureurs qui n'osent pas regarder l'arrivée parce que c'est trop dangereux. Et moi, je n'ai jamais été comme ça. Je ne sais pas si c'est parce que je viens de ce milieu-là. Je suis plus dans l'analyse, à me demander s'il est bien placé, s'il est dans la bonne roue… Pendant un sprint, je ne me dis jamais : 'Oh, c'est trop dangereux !' Bien sûr, je me rends compte des dangers que ça représente, mais je n'y pense jamais."
Avez-vous l'impression que c'était écrit que vous seriez la compagne d'un cycliste ?
"On pourrait le penser, mais, à la base, je ne voulais pas être avec un coureur, parce que, justement, je sais tout ce que ça représente, d'être souvent seule. J'ai vu comment ça s'est passé avec ma maman."
Dans une carrière, on n'a pas mille occasions de devenir maillot jaune.
Vous serez à l'arrivée à Lille samedi. Vous aussi, vous rêvez du maillot jaune ?
"Je sais que Tim a toutes ses chances parce qu'il est en forme, mais nous n'en parlons pas entre nous. Jusqu'ici, Tim n'en a pas fait une obsession. Mais j'imagine que samedi, au départ, il nourrira cet objectif. Il sait que, dans une carrière, on n'a pas mille occasions de devenir maillot jaune."
On a dit de Wout van Aert qu'il était plus prudent depuis qu'il est papa. Avec Tim, on a, au contraire, l'impression que sa paternité l'a rendu plus fort…
"Je ne pense pas que ça a changé quelque chose dans sa manière de rouler. Ce n'est pas pour ça qu'il a plus ou moins peur qu'avant. Je dirais que Tim a l'avantage d'être arrivé au sommet sur le tard et qu'il est bien dans son truc pour le moment. Tout simplement."
Avez-vous le sentiment que Tim est parfois sous-estimé ?
"Il l'a été longtemps, plus maintenant. Mais il s'est sous-estimé un peu lui-même. Comme il est arrivé sur le tard, il ne savait pas qu'il était si fort."
"Je veux prendre du temps dès la première semaine !" : Tadej Pogacar prêt à enflammer le début du Tour de FranceVotre nom de famille vous a-t-il compliqué la tâche ?
"Dans la vie de tous les jours, non. En revanche, dans le sport, oui, surtout quand je faisais un peu de vélo. C'était plus difficile, parce que d'office, on me comparait tout de suite à mon papa. Les gens ne se rendaient pas compte que je venais de commencer le vélo. Ils voulaient que je sois vite parmi les meilleures. En athlétisme, c'est pareil, j'ai arrêté pendant dix ans, mais je vois bien qu'il y a déjà de grosses attentes autour de moi."
Quels souvenirs gardez-vous de votre papa ?
"Mes souvenirs sont de plus en plus flous. N'oubliez pas que je n'avais que 10 ans quand il est décédé. Donc j'ai encore quelques images, oui, mais pas une image claire, je ne vois plus son visage. Je sais quand même qu'il était venu me voir à une course et que j'en avais été très fière. Je me souviens aussi que lorsqu'il m'appelait par téléphone, il me demandait toujours 'est-ce que tu aimes ton papa ?'"
J'ai l'impression que mon papa est devenu plus populaire après sa mort."
Quel sentiment éprouvez-vous quand on met encore votre papa en avant comme l'un des Belges les plus talentueux de l'histoire ?
"Ça me rend très fière parce que, finalement, sa carrière a été très courte. J'ai l'impression que mon papa est devenu plus populaire après sa mort. C'est fou quand même ! C'est dire à quel point il a marqué les esprits en une ou deux saisons."
Qu'est-ce qui vous donne le plus de fierté ? Être la fille d'un grand champion belge, ou la compagne d'un grand sprinter ?
"Ce n'est pas comparable. J'ai beaucoup plus d'émotions avec Tim. Mais les liens du sang restent. Donc, en termes de fierté, je pense que je vais dire mon papa, parce que c'est mon papa."
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