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Les automobilistes qui empruntent le Ring 0uest pour rejoindre Bruxelles ne peuvent pas le louper. Après être entrés en Région flamande, ils passent sous l'écoduc de Groenendael, un pont aménagé en 2018 pour permettre une circulation plus fluide des animaux au sein de la Forêt de Soignes.
Les écoducs, aussi appelés passages à faune, passages à gibier ou écoponts, permettent de rétablir une continuité dans le milieu naturel des animaux, morcelé par la construction de voies routières, ferrées ou navigables. Qualifiées de "barrières écologiques" par les spécialistes, ces infrastructures peuvent menacer la survie de certaines espèces, qui se retrouvent parfois dans l'incapacité de se reproduire localement.
Les différentes formes d'écoducs
Il existe plusieurs sortes d'écoducs. Ils peuvent être supérieurs, inférieurs, ou une combinaison des deux. Certains permettent la sauvegarde d'une espèce en particulier, menacée dans un contexte local (lombriduc pour les lombrics, crapauduc pour les grenouilles et crapauds, chiroptéroduc pour les chauve-souris…). Selon Axel Bourdouxhe, chercheur en biodiversité à la Gembloux Agro-Bio Tech, l'idéal est de privilégier les écoducs supérieurs : "Ils permettent un passage des plus grands mammifères, qui parfois sont bloqués au niveau des passages inférieurs, beaucoup plus étroits". En général, les passages à faune inférieurs – une sorte de tunnel – mesurent moins de dix mètres de large, contre trente pour les écoducs supérieurs.
Le bémol étant que les écoducs supérieurs, au vu des aménagements importants à réaliser, coûtent plus cher que les autres types d'écoducs. Au total, ce genre de projet peut atteindre la dizaine de millions d'euros. La facture de l'écoduc de Groenendael a ainsi atteint la somme de 6,6 millions d'euros. Celle des deux écoducs "aériens" construits dans le cadre du contournement de Couvin s'est élevée à 7,8 millions d'euros.
"Les écoducs favorisent les échanges entre individus, en facilitant leurs déplacements, notamment pour trouver de la nourriture en suffisance"
En jeu : la survie des espèces
La forme de ces passages à gibier importe également : elle doit épouser les contours d'un sablier, ou d'un entonnoir, pour inciter les animaux à y transiter. Pour ce faire, des éléments annexes peuvent s'ajouter : mares, troncs d'arbres, clairières… Autant de micro-habitats qui constituent des repères, des rappels de l'environnement naturel. "Aux abords des autoroutes, l'idéal est d'installer des clôtures des deux côtés sur un kilomètre de long pour guider les individus vers le passage à faune", explique Corentin Rousseau, spécialiste des matières liées à la biodiversité au sein de la WWF.
Les écoducs visent d'abord à préserver la survie des espèces, primordiale pour la sauvegarde de la biodiversité. "Cela favorise les échanges entre individus, en facilitant leurs déplacements, notamment pour trouver de la nourriture en suffisance", détaille Axel Bourdouxhe. Qui explique que des individus isolés seront plus vulnérables aux incendies qui pourraient se déclarer, ou aux maladies qui pourraient se propager.
L'ennemi numéro 1 de la biodiversité n'est pas celui qu'on penseLa Région wallonne en retard
Les spécialistes parlent de fragmentation du territoire pour évoquer la nécessité d'aménager des écoducs. En Wallonie, les dernières données disponibles en la matière sont (très) datées. Compilées en 2018, elles livrent un aperçu de l'évolution de la situation entre 2001 et 2007… Nos deux experts ne s'en cachent pas : la Belgique a une longueur de retard sur ses voisins néerlandais, français et allemand en ce qui concerne les passages à faune. Et la Wallonie ? "On n'est pas le meilleur élève, loin de là", commente Corentin Rousseau.
D'après les données communiquées à La Libre par le Service Public de Wallonie, 54 passages à faune ou équivalent ont été recensés sur le territoire wallon en 2024. "Depuis, cinq crapauducs sont venus s'ajouter à cette liste", précise Nicolas Yernaux. Le porte-parole de l'administration régionale précise que "la problématique est dorénavant prise en compte dans le cadre de tous les nouveaux projets routiers" du SPW Mobilité.
"Différents types de passages à faune ont été réalisés au sud du pays, mais sans trop savoir quelle formule était la plus efficiente, relève Axel Bourdouxhe. Il manque un monitoring. On est encore loin des recommandations émises par la France, par exemple". Recommandations qui préconisent, entre autres, une largeur minimale de 20 mètres pour les écoducs, ainsi que l'installation de clôtures adaptées.
Une absence de monitoring
Le chercheur de Gembloux Agro-Bio Tech déplore que, jusqu'ici, les passages à faune ne permettent pas d'enregistrer les passages d'animaux. "Installer des caméras sur l'écoduc pour enregistrer le passage des individus permettrait de savoir si le dispositif est efficace. En l'occurrence, on ne sait pas le dire".
"Pourtant, enchaine Corentin Rousseau, ces caméras ne coûtent que 200 euros". Une somme peu importante en comparaison du coût total de l'installation d'un écoduc nouvelle génération. Chez nos voisins français, le monitoring est bien en place. Une base de données publique permet de savoir le nombre d'individus, par espèce, qui a franchi tel ou tel passage à faune, avec la date précise du franchissement de celui-ci. Un degré de suivi à des années-lumière de ce qui se fait en Région wallonne. Problématique qui, si elle faisait partie des préoccupations du dernier gouvernement, n'apparaît plus à aucun endroit de la Déclaration de politique régionale pour la législature 2024-2029.
Encore des retards sur le Ring : à Hal, le pont Drasop et l'écoduc n'ouvriront finalement pas cet automne… mais au printemps 2025Plus d'écoducs, moins d'accidents
Pourtant, la multiplication des passages à faune permettrait de réduire le nombre d'accidents de la route dus à une collision entre un véhicule et un animal, selon les deux experts. D'après les chiffres de Statbel – l'Office de statistique belge – il se produit en moyenne 40 accidents de ce type annuellement. Des accidents qui ont lieu en automne dans un cas sur trois, période de la chasse de plusieurs espèces. Avec des dégâts importants pour les véhicules des automobilistes… et les animaux. Mais là non plus, pas de statistiques pour illustrer l'ampleur du phénomène, ce qui donnerait plus de crédit aux passages à gibier. "Ils l'ont fait en Flandre avec le projet 'Dieren onder de wielen', ce qui a permis de calculer qu'environ quatre millions d'animaux mouraient chaque année sur les routes", détaille Corentin Rousseau.
Les associations Natagora et WWF sont en train de réfléchir à un système de comptage des animaux tués sur les routes. L'analyse devrait aussi démontrer les endroits qui sont les plus accidentogènes, où intervenir en priorité. Les deux organisations espèrent ainsi convaincre la Région wallonne, avec des faits, du bien-fondé de l'investissement dans les écoducs.
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