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Bruckner, en apparence

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Après une magistrale entrée en matière, avec un concert d’ouverture spectaculaire l’associant au pianiste Kirill Gerstein dans Rachmaninov et se concluant avec les Carmina Burana, Rafael Payare, à la tête de l’OSM, se mesurait à un monument symphonique, samedi : la Huitième de Bruckner. En dépit des apparences et du grandiose, intrinsèque à l’œuvre, le concert n’a rien levé des interrogations sur la connexion profonde du chef avec l’univers de ce compositeur.

Il a fallu trois ans à Anton Bruckner (1824-1896) pour composer sa 8e Symphonie, puis trois autres années pour remanier cette première version, achevée en 1887. La partition qui en résulte fut créée en 1892 à Vienne, qualifiée alors par certains de « symphonie des symphonies ».

À ceux qui s’étonneraient de cette assertion péremptoire, on précisera que la Cinquième, qui peut, ô combien, lui disputer ce titre, ne fut jouée pour la première fois qu’en 1894. Le pauvre Bruckner, malade lors de cette première tardive, à Graz, n’entendra jamais son chef-d’œuvre.

Lente dérive

Il n’en reste pas moins que la légitime association de la Huitième à un « monument » est pérenne, l’idée de « cathédrale sonore » aussi, ce qui a souvent amené des interprètes à en dilater les tempos. Au temple du mysticisme, Carlo Maria Giulini et la dernière version (avec Vienne) d’Herbert von Karajan trônent en majesté. Des expériences précédentes nous ont montré que telle n’est pas la voie empruntée par Rafael Payare, chef plus fluide, et c’est très bien ainsi. Une étude historique des interprétations montre en effet un glissement dans les 50 dernières années vers le statisme et la pompe excessive. Les interprétations d’Eugen Jochum et le phénoménal concert de Karl Böhm à Zurich (nous étions dans la salle !), publié par le label québécois Palexa il y a une vingtaine d’années, montrent comment on peut animer davantage cette musique.

Cela dit, quel que soit l’espace temporel sur lequel l’architecture se construit, il y a des constantes, des impondérables. La principale et primordiale c’est le langage de Bruckner, qui apparaît à travers la manière dont le compositeur organise nuances (palettes et gradations de dynamiques, soufflets) et phrasés. Cette notation très détaillée amène un « parler musical » que l’on appelle « l’agogique » : quelle respiration prend-on, jusqu’où va-t-on hausser le niveau de « voix », quand une affirmation va-t-elle être plus martelée, et pourquoi ? Tout cela découle naturellement de ce que Bruckner note. Il ne faut, par ailleurs, jamais oublier que Bruckner s’est toujours censuré pour être joué ; il était un compositeur qui voyait des contrastes très abrupts et des frottements harmoniques plus intenses que ce qui est passé à la postérité (cf. Finale, inachevé, de la Neuvième).

Lissage

Comme précédemment, après avoir écouté et suivi la Huitième avec la partition, samedi, nous sommes au regret de constater qu’à notre avis, Rafael Payare, pourtant persuadé d’une accointance réelle, ne traduit pas ce langage. Il le possède et s’en enivre pour Gustav Mahler, mais pas chez Bruckner.

Ce n’est ni une fatalité ni une surprise. Les chefs brillants dans les deux univers (comme Bernard Haitink) sont exception, plus que règle. Karajan le brucknerien n’a touché que tardivement à Mahler, Jochum n’a dirigé que Le chant de la terre. À l’inverse, le mahlérien Solti était un fort vulgaire brucknérien. Abbado, très grand brucknérien méconnu (sa 5e !) se prenait pour un mahlérien hors pair, ce qu’il n’est devenu qu’après sa maladie en 2001.

Les questions ouvertes par la Huitième de Payare touchent, malgré l’admirable engagement de l’orchestre, le langage, donc le discours. Pourquoi telle note accentuée ne l’est-elle pas ? Pourquoi telle animation (« bewegter ») glisse-t-elle dans la coulée ? Les questions s’enchaînent, mais, grosso modo, la musique est placée dans un continuum, alors que Bruckner repose sur des changements cruciaux d’atmosphères.

Un fortissimo est souvent une rupture dynamique, un choc, pas un palier indistinct et quand, dans le Finale, Bruckner enchaîne sur trois pages « 1er tempo-tranquille-1er tempo », si on n’a ni un retour au « 1er tempo » (car on est un poil en dessous) ni le « tranquille » (parce qu’on est plus vite), ce sont les chocs de Bruckner qui manquent.

Dernier petit aspect : avec le renouvellement, très positif, de l’orchestre, on en arrive à avoir des instrumentistes « neufs » à des postes clés. Habituellement, sous une telle baguette dans une telle symphonie, les musiciens de grands orchestres peuvent « compenser » à travers leurs expériences précédentes. Mais là… Exemple : hautbois 2e mouvement, les deux notes (avec un élan sur la première et un accent perçant sur la seconde) qui ponctuent aux mesures 8 et 10, on joue cela comment ? Personne ne semblait vraiment avoir la réponse, samedi.

Monumental Bruckner

Symphonie n° 8. Orchestre symphonique de Montréal, Rafael Payare, Amphithéâtre Fernand-Lindsay, samedi 5 juillet 2025.

 

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