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Au début du printemps, dans un café du quartier Parc-Extension, Boubé, alias Aboubacar Mazawadje, représentant local du tichoumaren, un style musical plus souvent appelée « blues du désert », donne un concert acoustique accompagné d’un seul percussionniste. L’ambiance, intime, diffère de celle de ses concerts « habituels », où quatre ou cinq musiciens sont sur scène et où les amplis sont bien branchés. Le musicien nigérien, originaire d’Iférouane — près d’Agadez (haut lieu de la musique touarègue), dans le Sahara —, achève son concert ; il a chanté toutes ses chansons, annonce-t-il aux quelque 20 personnes présentes. « Encore Voyager ! », scandent les spectateurs.
Ne plus Voyager ?
Pas surprenant. Voyager, pièce de son premier microalbum homonyme, sorti fin mars, a tout d’un grand succès. « J’aimerais toujours voyager parce que je suis un nomade du désert / parce que je suis un Touareg du Niger », dit la pièce. Avec son refrain bien accrocheur et sa guitare mordante, la chanson évoque une culture lointaine et ancestrale, le tout dans un format efficace.
« La première fois que je suis venu à Montréal, j’étais musicien de tournée avec un groupe, dit Boubé en entrevue. Après, je suis revenu comme visiteur et je suis tombé amoureux d’ici. Je pense que j’ai une place ici, que c’est possible de faire carrière. Il y a plein de groupes, et je joue avec de bons musiciens. Ceux dans mon groupe sont de vrais professionnels. »
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir
Boubé chante et joue plusieurs instruments caractéristiques de la culture Touareg, dans un style connu à l’international sous l’appellation de «blues du désert».
Ce que Boubé ne dit pas, c’est que ces tournées qui l’ont mené ici étaient celles des superstars Bombino et Mdou Moctar. « Boubé a énormément de talent, mais il ne sait pas se vendre ! » ne peut s’empêcher de dire Suzanne Rousseau, directrice générale des Productions Nuits d’Afrique, pendant qu’elle s’active dans un Balattou préfestival. « M. [Lamine] Touré, notre fondateur, tenait vraiment à ce que Boubé joue à l’ouverture, parce qu’il croit tellement en son talent. »
Des liens
Depuis une dizaine d’années que Boubé visite la métropole (il a engagé un processus d’immigration en 2024), il a effectivement croisé plusieurs personnes qui le voient aller loin. Vincent Duhaime Perreault, guitariste et arrangeur de renom, l’a pris sous son aile, en plus de jouer dans son groupe. « Mon groupe existe grâce à Vincent, dit Boubé. On s’est connus dans un barbecue où il y avait d’autres musiciens africains. J’avais apporté ma guitare, on a joué une chanson ensemble et on a échangé nos contacts. Et après, boum ! Je commence à faire des concerts ! » En 2024, le groupe arrivait en deuxième place à la vitrine-concours des Syli d’or de la musique du monde.
Le jeune homme ne sait peut-être pas se vendre, mais il sait composer. Même si les pièces de Voyager commencent à bien voyager, justement, Boubé entrevoit déjà la suite. Il a encore bien des choses à dire. « Le grand avion du monde ne vole pas bien », dit-il, la main faisant des vagues dans les airs pour illustrer les turbulences du présent. Il prédit qu’un album complet devrait à nouveau faire une belle place à la langue de Molière en 2026. « Voyager a bien marché. On le voit sur les réseaux sociaux, dit-il. Si les gens aiment ce que tu fais, il ne faut pas t’arrêter, il faut continuer. J’aimerais faire 12 chansons, dont 4 en français, qui parleraient d’autres choses que des voyages. Je veux parler de la vie dans son entier, de la politique, de la guerre, de l’amour… Inch’Allah ! »
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir
Le chanteur nigérien Boubé
L’entrevue est terminée, l’enregistreuse est rangée. Chacun rentrera bientôt chez soi (du moins, le chez-soi montréalais). « Est-ce que je t’ai déjà raconté la fois où j’ai fondé un orphelinat parce que j’avais trouvé deux enfants sans leurs parents à Agadez ? » dit Boubé. Vincent Duhaime Perreault, également présent, regarde son collègue, d’un air à la fois attendri et découragé. « Boubé ! C’était pendant l’entrevue qu’il fallait que tu racontes tes belles histoires du désert ! » lui reproche gentiment le gérant. Il n’y a pas à dire, ce gars-là ne sait pas se vendre ! Heureusement que sa musique parle d’elle-même.
Boubé fera la première partie de Flavia Coelho, le 9 juillet à l’Olympia, en concert d’ouverture du Festival international Nuits d’Afrique, et le 20 juillet, en concert de clôture, au Club Balattou.