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«Boualem Sansal ou la francophonie emmurée»

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TRIBUNE - Sept mois et demi après son arrestation à Alger, l’écrivain franco-algérien, qui s’est vu infliger une peine de cinq ans de prison, n’a pas été gracié par le président Tebboune. Pour Sophie Audugé, présidente de SOS Éducation, l’absence de soutien de notre diplomatie est symptomatique du délitement progressif de l’esprit français.

Sophie Audugé est spécialiste des questions d’éducation. 


Depuis des siècles, forte de son humanisme et de son universalité, la langue française tisse des liens entre les générations et entre les continents. 
258 millions de personnes la parlent dans le monde. La langue française est un bien commun qui nous oblige.

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Comprendre l’histoire des idées, du siècle des Lumières à l’époque contemporaine, est l’un des enjeux primordiaux de l’École. Pour cela, il ne s’agit pas seulement d’apprendre à lire, mais de savoir lire. C’est-à-dire lire parfaitement jusqu’à saisir le sens profond des textes, afin d’accéder à l’esprit des idées qui ont forgé l’âme française. Pour l’académicien Jean Dutourd, «pervertir une langue, c’est pervertir l’esprit, c’est renier l’âme de la nation dans ce qu’elle a de plus intime et de plus précieux.» La créolisation d’apparat que prône Jean-Luc Mélenchon, consiste à déshériter le peuple français d’une partie de sa matrice civilisationnelle.

Déjà en 1998, des esprits partisans voulaient affaiblir la francophonie. 
Le philosophe et historien Jean Salem, publia comme un acte de résistance, 
un article dans l’Orient-Le Jour, en marge d’un colloque sur la francophonie 
qui se tenait au Liban. Voilà ce qu’il y écrivit: «La langue française est devenue une grande langue de civilisation parce qu’elle a été façonnée par trente générations d’écrivains ; c’est à eux, en première et ultime instance, 
que le français doit d’être ce qu’il est, et d’avoir, dans son tissu sémantique, dans ses outils grammaticaux, dans ses instruments rhétoriques, dans ses registres stylistiques, le poids et l’épaisseur d’un millénaire d’histoire.» Maurice Druon reprendra mot à mot les propos de Jean Salem dans un discours historique sur l’état de la langue, prononcé sous la coupole de l’Académie française le 3 décembre 1998.

À lire aussi «Il s’est exprimé de façon personnelle» : LFI prend ses distances avec Delogu, en déplacement en Algérie sans évoquer Sansal et Gleizes

Druon y dépeint «la francophonie à l’école et surtout à l’université, 
comme guettée par un mal insidieux et grave : la crise intellectuelle et spirituelle de la culture française qui se traduit par le reniement délibéré, systématique, de la tradition qui a fondé, depuis plus de dix siècles, cette culture.» Maurice Druon condamne «les sectarismes réducteurs qui menacent l’avenir tout à la fois de la langue française et de la civilisation dont elle est inséparable.» 

20 ans plus tard, le sectarisme du genre avait frappé, l’écriture inclusive a envahi les universités et les administrations. L’Académie lance une alerte solennelle en 2017 avec cette formule choc : «La langue française est en péril mortel» 

Aujourd’hui, c’est le sectarisme du racialisme qui s’abat sur la francophonie. 
Comment alors ne pas avoir une pensée pour Léopold Sédar Senghor, Africain agrégé de grammaire, président du Sénégal, auteur africain élu à l’Académie française mais surtout, fervent défenseur de la francophonie séculaire.

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Pour Senghor, «la langue française est un instrument de liberté. 
Le français, langue de rigueur, langue de clarté, m’a permis d’exprimer le fonds de mon âme nègre.» Et que dire aussi, d’Albert et Boualem, que 40 ans séparent, mais qui l’un comme l’autre, enfants d’une extrême pauvreté, ont grandi dans le quartier populaire de Belcourt, à Alger. Ils reçurent l’instruction rigoureuse et exigeante des hussards noirs de la République Française. Albert Camus fera de la langue française sa patrie. Sacré prix Nobel de littérature, il rendit un vibrant hommage à son instituteur dans une lettre d’anthologie.

Quant à Boualem Sansal, diplômé de l’école polytechnique d’Alger 
et docteur en économie, haut fonctionnaire, il fut directeur général 
du ministère de l’Industrie algérien. Écrivain tardif en réaction aux années de guerre civile algérienne, il déclara «écrire, était une nécessité vitale». Dans Le français, parlons-en !, Boualem Sansal déplore «la langue est la pierre angulaire de l’édifice symbolique national, le trésor sacré du peuple. Défendre la langue française est désormais chez nous considéré comme un combat désuet. En Algérie, je suis devenu un résistant de la langue française. Je suis considéré comme un agent de l’Occident, doublé d’un mécréant.» Tristement prophétique puisque l’écrivain franco-algérien croupit dans une prison d’Alger.

Les écrivains ont tout fait. Si la France cessait d’en produire, la langue de Duras et de Sansal deviendrait une langue morte.

Antoine de Rivarol

Précisément sur la terre, où jadis la méritocratie de l’école républicaine fut l’ascenseur social qui le fit scientifique et écrivain. Mais les temps ont changé. La France, hier paradis des écrivains, combattante infatigable de la liberté d’expression, courbe l’échine. La diplomatie française incapable de se lever avec force pour ramener, un des siens, symbole vivant de la francophonie émancipatrice. Boualem Sansal incarne malgré lui le symptôme d’un changement d’époque. L’esprit français cédant aux sirènes de l’ignorance.

Si Boualem Sansal venait à mourir en Algérie, ce serait une tragédie historique, marquant le basculement de l’universalisme français vers l’obscurantisme. De Camus à Sansal, l’instruction publique française permit 
à des enfants pauvres de s’élever aux plus hautes fonctions. Depuis, des esprits fourbes ont inventé la discrimination positive et cassé l’ascenseur social des savoirs et de l’exigence intellectuelle.

Des institutrices et instituteurs, héritiers spirituels des hussards, 
désertent l’École publique parce qu’elle n’instruit plus. Ils sont remplacés par des surdiplômés, gratifiés d’un bac + 5, pourtant incultes voire ignares à en juger par leurs faits d’armes au dernier concours du professorat des écoles. 
Certains ont attribué Germinal à Balzac ou les fleurs du mal à Victor Hugo, confondu les nombres impairs et les nombres négatifs, été incapables de définir «apatride» ou même, d’en comprendre le sens dans une phrase. 
Ironie du sort. Ces professeurs des écoles en herbe, inconscients d’être apatrides de la langue française, prétendent, avec l’outrecuidance de l’enfant-roi, instruire les élèves de France.

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Il est peu probable qu’ils engendrent des Zola, Sand, Yourcenar, Jaurès, Colette, Camus, Duras, Ernaux ou Sansal… La formule d’Antoine de Rivarol, malicieusement adaptée à la circonstance, cingle notre époque : «Les écrivains ont tout fait. Si la France cessait d’en produire, la langue de Duras et de Sansal deviendrait une langue morte». 

Voilà où en est la France en 2025, après des décennies de renoncements. 
Sous-culture, diplomatie de soumission et École de l’ignorance. L’esprit français tombé en désuétude, remplacé par les rouleaux compresseurs du vide: Netflix et TikTok. L’instruction publique, macdonalisée, où l’on vient «satisfait comme on est», la fierté de l’inculture en bandoulière.

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