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L’ex-ministre des Transports François Bonnardel était bien informé des ratés de SAAQclic dès 2021, tandis que sa successeure, Geneviève Guilbault, a plutôt choisi de jouer à l’autruche jusqu’à ce que le projet dérape, du point de vue de l’ex-président du conseil d’administration Konrad Sioui.
M. Sioui, qui a dirigé le CA de la SAAQ de janvier 2021 à janvier 2025, a témoigné vendredi devant la commission Gallant, qui enquête sur la transformation numérique de la société d’État.
Il s’est dit convaincu que François Bonnardel a bel et bien été mis au fait d’importants dépassements de coûts en septembre 2021. Contrairement à ce qu’il a jusqu’ici affirmé, le ministre a également été avisé de l’ajout de 222 millions de dollars au projet en 2022, a attesté le témoin.
De l’avis de M. Sioui, M. Bonnardel et son entourage « [avait] l’information » sur cette explosion du budget. « Ils sont plus inquiets que nous. Ils s’interrogent de manière plus particulière encore », a-t-il affirmé.
Par sa déclaration, M. Sioui a mis à mal la version donnée par le ministre. Au Salon rouge le 20 février dernier, M. Bonnardel a déclaré que la SAAQ avait « véhiculé » le chiffre de 682 millions de dollars, « sans dépassement de coût additionnel par rapport au contrat ». Il a tenu des propos semblables en mêlée de presse le 26 février. «Il n’y avait pas de dépassement de coûts, il y en avait pas! Je me protège comment contre le mensonge?», a-t-il alors demandé, sur un ton excédé.
Un secret de Polichinelle
En fait, le dépassement de coûts était tellement connu en 2022 qu’il était un « secret de Polichinelle » , a avancé le procureur en chef Simon Tremblay. L’injection de 222 millions de dollars a d’ailleurs fait l’objet d’intenses discussions au CA, selon la preuve qui a été présentée.
En pleine campagne électorale, l’ajout de ces sommes a été morcelé. Il est, en effet, passé sous le radar puisque les contrats ne sont pas apparus dans le système public d’appel d’offres. Le choix de fragmenter les contrats a été brièvement abordé vendredi matin.
« L’élection s’en vient, est-ce que ça joue dans la balance ? », a demandé le juge Gallant. « Aucunement. Et je le dis sous serment », a répondu M. Sioui.
Il a dit avoir été vexé par des reportages laissant entendre qu’il avait voulu protéger le parti au pouvoir. « Ça n’a rien à voir avec les élections », mais bien avec une volonté de « prudence », un désir de mieux suivre les contrats parce que le CA vivait une « perte de confiance », a-t-il affirmé.
Le lien coupé par Guilbault
M. Sioui a par ailleurs fait état des bonnes relations qu’il a entretenues avec le ministre Bonnardel et son équipe. Puis de ses relations — inexistantes — avec la ministre Guilbault, qui a obtenu les Transports en 2022. « Ça a coupé complètement », a-t-il dit à propos de cette dernière.
M. Sioui a affirmé que le CA avait réclamé de nombreuses rencontres avec la ministre, mais que celle-ci ne les avait jamais acceptées. À l’automne où Mme Guilbault est arrivée en poste, les administrateurs étaient très préoccupés par la tournure que prenait la transformation numérique de la SAAQ, si bien qu’ils tenaient des CA spéciaux pour discuter de cet unique sujet.
L’ex-président du CA a ajouté que la ministre a finalement pris contact avec lui en début d’année 2023, pendant que des files d’attente monstres se formaient devant les bureaux de la SAAQ. « Alors, elle s’est retroussé les manches et elle a travaillé fort, avec la SAAQ, avec nous », a-t-il décrit.
Bonnardel voulait des suivis dès 2021
Konrad Sioui est par ailleurs revenu sur une rencontre qui a eu lieu en septembre 2021 dans les bureaux du ministère des Transports. Outre M. Bonnardel, le sous-ministre et la cheffe de cabinet d’Eric Caire, alors ministre de la Cybersécurité et du Numérique, étaient présents.
Inquiet, le ministre Bonnardel a demandé un suivi mensuel sur le projet de transformation numérique de la SAAQ, selon la version des faits de M. Sioui. « Si vous aviez vu l’image de M. Bonnardel demander ça. C’était du sérieux », a-t-il souligné.
Dès 2021, il dit avoir fait des suivis réguliers au chef de cabinet de M. Bonnardel : une ou deux fois par mois. « Ils [étaient] très inquiets et c’est pour ça qu’ils ont briefé leur ministre », a-t-il relaté.
Tout au long de son témoignage, M. Sioui a déclaré qu’il ne revenait pas au CA de se mêler des opérations de la SAAQ. Il a dit avoir senti qu’on lançait le CA «sous l’autobus» en raison du déploiement chaotique de SAAQclic. En plein tumulte, en mars 2023, les membres du CA «ont décidé de démissionner en bloc», a-t-il dit. Ils ont envoyé une lettre au premier ministre, François Legault. Ce dernier n’a jamais répondu, et les membres du CA n’ont pas démissionné non plus, a relaté M. Sioui, sans donner davantage de détails sur ce revirement.
La CAQ a imposé un p.-d.g. sans expertise numérique
Le gouvernement Legault a imposé la candidature de Denis Marsolais à la tête de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), malgré le fait qu’il n’avait pas d’expertise en numérique, a relaté vendredi Konrad Sioui. « Le politique a décidé de nommer leur homme », a relaté l’ex-président du conseil d’administration de la SAAQ. « C’est un excellent mandarin, mais il n’a pas d’expertise aucune dans ces domaines-là. On était dans le crunch du projet », a lancé M. Sioui. M. Marsolais est entré en fonction en janvier 2022. Au moment de sa nomination, M. Sioui a dit avoir senti que « le politique est trop pesant » et avoir souhaité « qu’on nous laisse faire notre travail ». Un comité de sélection, dont il faisait partie, avec sélectionné trois candidats. M. Marsolais n’en faisait pas partie. Résultat : « dans la phase critique du projet, Denis Marsolais n’a pas les deux mains sur le volant ? », a demandé le juge Denis Gallant. « Pas du tout », a répondu M. Sioui. « Le seul qui reste, c’est M. Malenfant. » M. Sioui faisait alors référence à Karl Malenfant, chargé de mener la transformation numérique à la SAAQ. Un ex-membre du CA de la SAAQ, François Geoffrion, a lui aussi critiqué mercredi le manque d’expérience de M. Marsolais. « Pauvre lui, il ne connaissait pas ça », a-t-il laissé tomber. Denis Marsolais a été remercié en avril 2023, dans la foulée du scandale SAAQclic. Marie-Michèle Sioui