Language

         

 Publicité par Adpathway

Bien avant Trump, le Canada voyait déjà les migrants comme dangereux

1 month_ago 2

         

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway

Donald Trump s’en est récemment servi comme prétexte pour expulser dans une prison à haute sécurité du Salvador des personnes tout à fait innocentes. Mais le préjugé qui associe migrants et danger ne date pas d’hier : les immigrants ont beau commettre moins de crimes que la moyenne, on les a faits souvent passer pour un risque à la nation à travers l’histoire, et pas seulement aux États-Unis.

C’est ce qu’une nouvelle publication de l’Observatoire pour la justice migrante (OPLJM) retrace avec nombre d’exemples tirés d’archives médiatiques et politiques canadiennes.

« Comment est-ce qu’on construit la figure du migrant dangereux ? C’est quoi les clés qui reviennent dans les médias ou chez les politiciens ? » demande ainsi Amel Zaazaa, directrice de l’OPLJM, qui a également contribué à cette recherche. Cette idée de diabolisation — « qui permet beaucoup trop de choses », dit-elle — était donc le point de départ, l’étincelle derrière cette analyse signée par quelques autres chercheurs.

« Et cette rhétorique porte ses fruits », remarque la criminologue Meritxell Abellán Almenara, chercheuse à l’OPLJM. Les personnes migrantes sont à peu près les seuls non criminels à être mis derrière les barreaux, souligne-t-elle.

Il y a, par exemple, au début du XXe siècle, des mentions explicites dans les lois et les discours des politiciens de cette volonté d’exclure des immigrants vus comme « indésirables ». En 1910, la loi permet ainsi au gouverneur d’interdire l’entrée des immigrants « appartenant à toute race jugée inadaptée au climat ou aux exigences du Canada ».

Parmi ces « races » se trouvent les Italiens et les Irlandais, vus avec circonspection car ils seraient non seulement « inassimilables » mais aussi intrinsèquement violents. C’est aussi le « problème oriental » décrit vers 1912 par le politicien britanno-colombien Henry Herbert Stevens : à ses yeux, les ressortissants de la Chine, du Japon et de l’Inde ont nécessairement un penchant pour les activités illégales et la fraude.

Plus près de nous, en 1995, l’assassinat d’une jeune femme blanche à Toronto déclenche une vague médiatique qui met tous les ressortissants de la Jamaïque dans le même panier : celui des criminels dangereux.

« Et cette même dynamique revient tout au long de l’histoire du Canada, elle est récurrente », soutient Mme Zaazaa.

Plus récemment, c’est le premier ministre François Legault qui a laissé entendre en campagne en 2022 qu’une mauvaise intégration des immigrants nuisait au climat pacifique régnant au Québec. Il s’était défendu la journée même d’avoir voulu faire un rapprochement entre l’immigration et la violence.

La pointe de l’iceberg

On n’a donc pas le luxe de penser « qu’on est à l’abri » de cette dynamique aujourd’hui… et de ce côté-ci de la frontière, reprend Mme Abellán Almenara : « Ce qui est aussi intéressant de rappeler est que, dès le moment, dans les années 1900, où le Canada commence à mettre des personnes migrantes en détention ici, c’était à cause de la pression par les États-Unis. »

Si plusieurs observateurs ont été choqués en février par les images de personnes migrantes enchaînées diffusées par le compte officiel sur X de la Maison-Blanche, « les gens sont aussi surpris de savoir que la détention existe ici », rappelle Mme Zaazaa. Il n’est pas rare que les immigrants soient menottés lors du transport vers le Centre de surveillance de l’immigration à Laval, l’un des trois lieux de détention au pays.

Et dans cette construction de la figure de l’immigrant, la criminalité n’est que la partie la plus grossière de l’iceberg : à travers l’histoire canadienne, les migrants sont aussi présentés comme une menace aux « mœurs et aux valeurs canadiennes », ainsi qu’à la santé publique.

« C’est une manière de déshumaniser l’Autre, une volonté d’altérisation. Et quand on réduit la personne à quelque chose de négatif, cela justifie qu’on le traite de manière non humaine ou, en tout cas, différente du reste de la population », conclut Mme Abellán Almenara.

Italiens d’hier, Haïtiens d’aujourd’hui, même combat ?

Une autre publication, celle-là signée par les chercheurs Virgine Belony et Luca Sollai dans la revue Possibles de ce printemps, retrace également l’histoire des stéréotypes autour des communautés italiennes et haïtiennes, qui ont constitué deux vagues bien distinctes d’immigration.

Dans les deux cas, on les voyait comme des immigrants « de deuxième rang », tantôt avec une « propension à la criminalité » ou une « prétendue tendance naturelle à la violence » dans le cas des Italiens, tantôt vecteurs de maladies ou menaçant l’identité pour les Haïtiens.

Même si la mafia italienne s’implante bel et bien à Montréal après la Seconde Guerre mondiale, le taux de criminalité des Italiens reste beaucoup plus bas que la moyenne des Montréalais, ce qui n’empêche pas l’immigrant italien d’être vu comme un « porteur de couteau ».

La perception négative des Haïtiens, elle, s’intensifie au fil des vagues d’arrivées, surtout à partir des années 1970 à aujourd’hui. Les premiers arrivés fuyaient une dictature et provenaient de l’élite intellectuelle ; ceux qui viendront ensuite sont de plus en plus créolophones et « inassimilables ».

Sarah R. Champagne

read-entire-article

         

        

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN  

Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway