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PORTRAIT - Le jeune violoniste multiplie les projets, seul ou avec son ensemble du Consort.
Passer la publicité Passer la publicitéL’assurance avec laquelle trace sa route ce baroqueux à peine trentenaire, au regard perçant et à la voix bien posée qui laissent vite deviner une tête bien faite, a tout de la conviction, longtemps forgée, nourrie et partagée. Celle-là même qui anime la belle proposition des Quatre Saisons de Vivaldi que le violoniste défend, au disque, sur scène et en images pour un documentaire tourné à Venise et bientôt diffusé sur Arte.
Théotime Langlois de Swarte n’y va pas par quatre chemins pour expliquer son désir ardent de donner, une petite dizaine d’années après ses débuts sous le parrainage de Michaël Hentz – son professeur au CNSM de Paris – et de William Christie – qui lui a donné sa chance et une place au premier rang des Arts Florissants –, une des œuvres les plus connues, jouées et enregistrées au monde depuis sa création il y a trois cents ans. « J’y pense depuis longtemps, c’était le bon moment ! » s’exclame-t-il avec naturel alors qu’il avait patiemment, judicieusement pavé la voie à cette belle mise en perspective de l’œuvre par une lecture documentée (avec l’aide d’Olivier Fourès) et passionnée des nombreux concertos pour violon composés par le Prêtre roux. « J’ai essayé de tirer le fil chronologique mais aussi de faire vivre les décors des œuvres : Venise, bien sûr, mais aussi Mantoue, Vienne, où il est mort, et Amsterdam, où ont été éditées les partitions. Il s’agissait également de montrer la diversité des styles qu’il a abordés. Je voulais sortir Vivaldi du cliché, sans le moderniser mais en montrant que ses œuvres nous parlent, notamment avec des effectifs fournis, attestés à la basilique Saint-Marc, qui se rapprochent beaucoup des orchestres modernes. »
Ce ne sont pas moins de 16 violons que Théotime Langlois de Swarte a en effet convoqués en enregistrement dans la remarquable acoustique de l’Arsenal de Metz pour constituer une version étoffée du Consort, la formation qu’il a créée avec le claveciniste Justin Taylor et qu’il dirige pour l’occasion. On a d’ailleurs vu à de nombreuses reprises ces dernières saisons le violoniste à la direction, avec ou sans son instrument, mais immanquablement sans baguette et avec autorité. Que ce soit avec Le Consort pour Bach, l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles pour le Requiem de Mozart, ou à l’Opéra-Comique pour Zémire et Azor de Grétry sous le regard bienveillant de Louis Langrée. « J’en ai toujours rêvé. C’est une position extraordinaire pour être au centre du son », précise-t-il.
« Convaincre l’auditeur »
À tous les postes, Théotime Langlois de Swarte fait montre, comme ses mentors, d’un soin particulier porté à la vocalité de son art. « Quand on cherche la voix, qui fédère le son et le sens, on trouve le naturel », dit celui qui retrouve souvent Adèle Charvet, Lea Desandre ou Eva Zaïcik. Et n’oublie pas que le langage baroque, dans l’élan de la Contre-Réforme, « est souvent une exacerbation pour convaincre l’auditeur ». Pour autant qu’il figure en bonne place de cette génération baroque aux côtés de ses amis la violoncelliste Hanna Salzenstein, la violoniste Sophie de Bardonnèche ou le luthiste Thomas Dunford, Théotime Langlois de Swarte ne délaisse pas ce qui a suivi : Haydn avec Les Arts Flo, Schumann au sein du Trio Dichter ou même Proust dans un beau programme, Le Concert retrouvé, mené avec le pianiste Tanguy de Williencourt, et une dilection pour Wagner, Chostakovitch ou Boulez. Il est aussi le premier à se réjouir que sa notoriété lui permette de toucher des Stainer, Bergonzi ou Stradivarius, alors que les violonistes baroques n’ont jusqu’alors jamais vraiment eu accès à ce genre d’instruments… baroques, pourtant ! Le violoniste sait décidément l’art virtuose de réconcilier passé et présent.