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Avortement en Italie : face aux obstacles du gouvernement et à l’objection de conscience, la société civile s’organise

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Non Una di Meno (NUDM, “Pas une de moins” en italien) est un mouvement transféministe né en Argentine en 2015 avant de se développer à l’échelle mondiale. Il lutte contre le patriarcat, la violence masculine et la violence basée sur le genre. 

Actif dans plusieurs villes italiennes, le mouvement NUDM a, entre autres, mené des actions en faveur des centres de planning familial, ces services sociaux et médicaux publics dédiés à la santé sexuelle et reproductive nés des luttes féministes des années 70 et institutionnalisés en Italie par la loi 405/1975. Créés à l’origine comme des centres de santé sociaux, politiques et féministes et comme des cliniques gynécologiques, ces centres sont la cible d’attaques croissantes depuis des années, et subissent fermetures et restrictions budgétaires.

 NUDM Padua)L’occupation “La Consultoria”, 8 mars 2024. “La clinique libérée”, peut-on lire sur la pancarte. | Photo : NUDM Padoue.

La “clinique libérée” de Padoue

La Consultoria a symboliquement vu le jour le 8 mars 2024, à l’occasion de l’occupation d’un ancien centre de planning familial laissé vacant et inutilisé depuis 2019. Le choix du nom – basé sur le terme “consultorio” (“clinique”), mais féminisé (“consultoria”) – a été conçu comme un acte politique symbolisant la réappropriation de ces structures en tant que lieux de soins collectifs et d’autodétermination.

L’initiative, menée par le mouvement NUDM Padoue, est née de la volonté de créer un espace à la fois politique et féministe faisant office de centre de santé sexuelle autogéré. Le tout dans le but d’organiser la lutte contre la violence basée sur le genre et les lacunes institutionnelles, qu’elles soient physiques (manque d’installations) ou informatives – comme le manque d’accès aux renseignements relatifs à l’avortement.

 NUDM Padua)Des militants NUDM peignent des meubles donnés par des citoyens pour aménager La Consultoria. | Photo : NUDM Padoue.

La Consultoria a impliqué la communauté locale dans ses assemblées, ses ateliers sur la santé sexuelle et ses événements. En neuf mois d’existence, de nombreuses activités ont vu le jour, élaborées sur la base des besoins exprimés par la communauté : cercles de paroles, ateliers d’éducation sexuelle et émotionnelle animés par des gynécologues et des professionnels de la santé, sessions d’autodéfense féministe autogérées, centres de soutien et d’information contre la violence de genre …

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Depuis des années, le mouvement NUDM propose également au sein de La Consultoria un “bureau avortement” ; les bénévoles y offrent des informations sur l’interruption volontaire de grossesse et accompagnent les personnes qui le demandent dans leur parcours médical. “Ces centres d’assistance, qui reçoivent au moins deux demandes d’aide par semaine à La Consultoria, constituent le cadre politique de l’activité du mouvement NUDM : il ne s’agit pas de remplacer les services de santé publique, mais de travailler en réseau et de lutter pour un service de santé laïc et accessible, où l’avortement est un droit et non un privilège”, explique Cecilia, militante de NUDM Padoue.

Avortement en Italie : objection de conscience et manque de données

L’avortement en Italie a été dépénalisé en 1978 par la loi 194, après de longues années de débat parlementaire au cours desquelles la volonté d’autodétermination du mouvement féministe a été largement réduite dans le but de trouver un compromis avec les forces politiques conservatrices de l’époque.

Le titre de la loi parle de lui-même : “loi relative à la protection sociale de la maternité et à l’interruption volontaire de grossesse”. La priorité a de toute évidence été donnée à la protection de la maternité plutôt qu’à l’établissement de circonstances dans lesquelles l’avortement n’était pas un crime. Ainsi, la tradition juridique italienne, contrairement à d’autres, ne conçoit pas l’avortement comme un droit relevant du libre choix, mais comme une mesure de santé visant à protéger la vie humaine.

Comme l’explique Cecilia, “la loi 194 est en réalité antinomique, puisqu’elle inclut dans la législation elle-même l’instrument qui la fragilise, à savoir l’objection de conscience”. L’article 9 garantit en effet que le personnel de santé, lorsqu’il est confronté à la demande d’avortement d’une femme, a le plein droit de refuser de pratiquer l’intervention pour des raisons éthiques et morales. Bien que le dernier rapport du ministère sur l’état de l’application de la loi 194 indique qu’“il n’y a aucun problème d’utilisation” et que “le droit à l’objection de conscience n’affecte pas [l’application de la loi]”, la réalité semble bien différente.

 NUDM Padova)Un atelier “santé mentale et yoga” à La Consultoria. | Photo : NUDM Padoue.

Le nombre d’objecteurs de conscience, notamment parmi les médecins et le personnel de santé italien, est si élevé en 2025 que pour de nombreuses femmes, en particulier celles issues de la migration et celles disposant de moins d’opportunités économiques, l’avortement devient un véritable parcours du combattant administratif et culturel. Les femmes souhaitant accéder aux services d’avortement sont confrontées à des délais d’attente conséquents et à une assistance inutile, et se retrouvent souvent contraintes de parcourir le pays dans l’espoir de trouver un médecin disposé à pratiquer l’intervention.

L’article 16 de la loi 194 prévoit que chaque année soit présenté au Parlement un rapport sur la situation de l’avortement, qui mentionne notamment le nombre d’objecteurs de conscience par rapport au nombre total d’interventions réalisées. Les dernières données du ministère de la Santé montrent que 60,5 % des gynécologues, 37,2 % des anesthésistes et 32,1 % du personnel non médical se sont déclarés objecteurs en 2022.

En 2021, les régions présentant le plus grand nombre de gynécologues objecteurs de conscience étaient la Sicile (85 %), les Abruzzes (84 %) et les Pouilles (80,6 %), tandis que les pourcentages les plus faibles étaient enregistrés dans la ville de Trente (17,1 %) et dans la Vallée d’Aoste (25 %). Outre le fait que le rapport sur l’application de la loi 194 est chroniquement en retard (la dernière version disponible présentant des données d’il y a trois ans), les informations fournies par le ministère sont souvent confuses, obsolètes et inutiles. Comme le montre le graphique 1, le rapport ministériel inclut des données agrégées par région, et non par hôpital. Savoir dans quelle structure se rendre pour avorter sur base de ces données est donc encore plus difficile.

Pour remédier à cette situation, les journalistes Chiara Lalli et Sonia Montegiove de l’Association Luca Coscioni mènent l’enquête depuis de nombreuses années, en demandant aux différentes régions de publier des données actualisées concernant l’avortement, qui font référence aux autorités sanitaires locales et aux établissements de soins de santé.

Cependant, de nombreuses régions ont refusé de fournir ces informations, ont dissimulé certaines données ou les ont rendues inexploitables. Le tableau dressé par le rapport qui résulte de cette enquête dépeint une situation encore plus critique que celle suggérée par la version officielle du ministère. D’après l'enquête, entre 80 % et 100 % du personnel de santé de pas moins de 72 hôpitaux italiens étaient objecteurs en 2022, une part montant à 100 % du personnel de santé dans quatre cliniques et 20 hôpitaux. Tous les gynécologues de 18 hôpitaux étaient objecteurs. Dans la région du Molise, l’accès à l’avortement est particulièrement prohibitif, avec une seule clinique dédiée pour l’ensemble de la région.

Dans ce contexte, comme le mentionnent Chiara Lalli et Sonia Montegiovi dans le rapport de l’Association Luca Coscioni, les institutions commettent un double abus en matière d’avortement : d’une part, elles violent l’article 16 de la loi 194 en ne fournissant pas de statistiques annuelles dans le rapport périodique sur l’application de la législation. D’autre part, elles contreviennent à une autre loi, celle sur la liberté d’information (décret législatif n°97 de 2016), qui garantit le droit d’accès aux informations détenues par les administrations publiques, en dissimulant des données sur l’objection de conscience. L’accès à l’avortement en Italie n’est donc pas seulement entravé par la loi 194 elle-même, qui autorise l’objection de conscience, mais également par le manque de renseignements et l’impossibilité d’accéder aux informations existantes.

Outre le manque d’informations sur les lieux qui proposent des services d’avortement et leur nombre réel, le ministère de la Santé met très peu d’informations pratiques sur l’avortement à disposition sur son portail en ligne. Comme le regrette Cecilia, “en Italie, l’accès à l’avortement n’est pas garanti, et c'est en partie dû au fait que l’on ne sait même pas comment y accéder”.

En me parlant de leur travail au sein du “bureau avortement” de La Consultoria, les bénévoles du mouvement NUDM soulignent la fréquence à laquelle les gens appellent pour obtenir des informations de base qui, si elles semblent anodines, peuvent en réalité être difficiles à trouver : “À quel point vais-je saigner avec la RU486 (une pilule abortive) ? Quelle sera l’intensité de la douleur ? Puis-je conduire le lendemain ? Puis-je aller travailler ?” 

En plus de répondre à ces questions diverses et variées, les services d’assistance offrent également un soutien psychologique et émotionnel dans un environnement accueillant et sans jugement, répondant ainsi à un autre besoin souvent négligé par les services publics.

L’atmosphère de jugement qui semble caractériser les centres de planning familial traditionnels ne relève pas seulement d’une question culturelle. Ses racines normatives puisent dans les ambiguïtés inhérentes à la loi 194 elle-même.

En effet, celle-ci autorise, prévoit et encourage la présence de personnes et d’organisations pro-vie soutenant la maternité dans les centres de planning familial. Ces associations sont chargées de “résoudre” les problèmes qui sous-tendent la décision d’une femme d’interrompre sa grossesse, à savoir “des circonstances économiques, sociales, familiales ou sanitaires” (Journal officiel de la République italienne, loi n°194, article 4), excluant ainsi totalement l’idée qu’une femme puisse avorter pour des raisons personnelles et subordonnant d’emblée sa volonté à un processus de justification. C’est précisément pour cette raison que la loi 194 est antinomique : elle dépénalise l’avortement tout en plaçant des personnes chargées de convaincre les femmes de faire machine arrière dans les lieux mêmes prévus pour sa pratique.

Le rôle du gouvernement Meloni

Si la loi 194 limitait déjà l’autodétermination des femmes, de récentes modifications réglementaires ont permis de renforcer l’influence des groupes anti-avortement dans les cliniques et les hôpitaux. Depuis avril 2024, les accords qui autorisent l’accès des organisations “pro-vie” aux cliniques ne sont plus seulement financés par des fonds régionaux, mais aussi par des fonds publics et étatiques, qui s’appuient sur le Plan national de relance et de résilience (PNRR).

Cette modification est intervenue grâce à un amendement proposé par le parti au pouvoir Frères d’Italie (FdI, extrême droite) à la Chambre des députés (en avril 2024) qui renforce le pouvoir des associations anti-avortement et des “organisations du secteur tertiaire présentant une expérience avérée dans le soutien à la maternité” (décret PNRR, 2024, p.69) pour agir dans les cliniques.

Pro-Life posters in the streets of Padua (March 2025)Affiches pro-vie dans les rues de Padoue, mars 2025. | Photo : NUDM Padoue.

Le parti dirigé par Giorgia Meloni a décrit cette mesure comme un outil permettant d’informer les femmes sur les moyens disponibles afin d’éviter d’avoir recours à l’avortement pour des raisons économiques ou sociales. Ces modifications, loin d’être simplement théoriques, ont eu des conséquences tangibles : elles ont renforcé la présence des groupes pro-vie sur le territoire.

Dans un “pays catholique” tel que l’Italie, explique Francesca du mouvement NUDM Padoue, “les organisations anti-avortement opèrent en tant que groupes militants largement présents, des milieux ecclésiastiques jusqu’aux Centres d’assistance à la vie (CAV).”

Ces centres, des associations catholiques bénévoles où les parents peuvent accéder à la charité chrétienne pour pouvoir vivre avec un enfant à charge, sont financés par des fonds publics (comme c’est le cas dans la région du Piémont) et soutenus par le gouvernement actuel, ce qui renforce l’influence des mouvements anti-avortement dans le pays. 

L’accès institutionnel garanti aux groupes pro-vie ne se limite pas à une plus grande visibilité dans les cliniques, mais se traduit également par une présence de plus en plus structurée au sein du système de santé publique. “Suite à l’amendement du parti Frères d’Italie, les organisations anti-avortement de certaines villes ont obtenu un accès semi-institutionnel aux hôpitaux, en obtenant la gestion d’espaces dédiés”, explique Francesca. Le cas le plus frappant, d’après les militants, est celui de l’hôpital Sant’Anna de Turin, où une salle de consultation a été aménagée pour permettre aux pro-vie d’accéder à un espace d’information sur l’avortement “qui, en réalité, fournit des renseignements scientifiques erronés.

À Padoue, depuis décembre 2024, les hôpitaux de Camposampiero et de Cittadella ont renouvelé l’accord entre l’autorité de santé régionale et l’association anti-avortement Mouvement pour la vie, qui permet aux défenseurs du mouvement de pratiquer le bénévolat dans les hôpitaux, de bénéficier de panneaux d’affichage dédiés et de mettre à disposition du matériel d’information.

Face à ce démantèlement progressif du droit à l’avortement, le mouvement NUDM lutte également dans le cadre du projet Obiezione Respinta SoS Aborto (Objection Refusée SoS Avortement), qui vise à cartographier les objections de conscience en Italie sur la base de témoignages anonymes classés par établissement. À l’aide d’un QR code, les personnes peuvent accéder à un portail qui répertorie tous les centres de santé publique dans la région et décrire leur expérience avec le personnel médical, en signalant la présence d’objecteurs ou de groupes anti-avortement, ou, à l’inverse, d’un personnel empathique et qualifié.

La crise des soins de santé en Italie et les attaques idéologiques

La loi 34 de 1996 prévoyait un centre de planning familial par tranche de 20 000 personnes. Toutefois, à Padoue, une ville de plus de 200 000 habitants, quatre cliniques ont fermé ces dix dernières années. Dans la région de la Vénétie, le taux d’objection de conscience avoisine les 70 %.

Cette dynamique s’inscrit dans un contexte plus général d’offensive contre le système de santé italien, en raison de la réduction des financements et du déclassement simultanés du Service national de santé (SNN), qui perd son caractère universaliste du fait des coupes budgétaires massives. Le rapport sur la santé publié par le CREA (Centre de recherches économiques appliquées, 2024) montre que les dépenses de santé totales par habitant en Italie en 2023 étaient inférieures de 37,8 % à celles des autres pays ayant rejoint l’UE avant 1995. Les soins de santé en Italie sont de plus en plus privatisés, avec de fortes disparités régionales et un accès au traitement de plus en plus difficile pour les segments les plus vulnérables de la population, notamment les personnes migrantes.

Dans ce contexte, avec plus de 37 milliards d’euros prélevés sur la santé publique entre 2010 et 2019 (GIMBE, 2024) par la classe dirigeante ces vingt dernières années – et ce indépendamment quel que soit l’alignement politique – de plus en plus de centres de planning familial fusionnent ou ferment. En Italie, 300 espaces ont cessé leurs activités ces dix dernières années (passant de 2 430 en 2013 à 2 140 en 2023, d’après les annuaires statistiques du SSN). Ceux qui restent ouverts sont confrontés à une réduction de leurs horaires d’ouverture et de leur personnel.

En résulte la dépolitisation de ces structures qui, pourtant à l’origine pensées comme des centres innovants dotés d’approches multidisciplinaires en matière de santé physique, mentale et collective, se transforment progressivement en de simples cliniques.

Si l’attaque contre les centres de planning familial doit d’abord être replacée dans le contexte de l’affaiblissement progressif du Service national de santé italien, elle s’inscrit également dans un cadre idéologique plus large, celui du gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni.

 NUDM Padova)La Consultoria, un lieu de collectivité féministe et de socialisation. | Photo : NUDM Padoue.

Outre le décret d’avril et le financement alloué par l’Etat aux Centres pour la vie, la volonté qui sous-tend la fermeture des centres de planning familial en Italie est à rapprocher de l'attitude de la classe dirigeante actuelle vis-à-vis des femmes, qu’elle considère avant tout comme assujetties à la politique.

D’après Francesca et Cecilia du mouvement NUDM, il est faux de penser que le gouvernement Meloni n’est “que” néofasciste, “car Giorgia Meloni a la capacité de combiner néofascisme et néolibéralisme d’une façon très efficace”. Celle qui a été nommée Première ministre par le président n’est pas seulement une mère, “mais une femme, [...] une travailleuse, qui trouve sa liberté dans la liberté du marché”. Le gouvernement, notamment par la voix de la ministre pro-vie de l’Egalité des chances, de la Famille et de la Natalité Eugenia Roccella, se revendique favorable à la natalité, de quoi faire naître des comparaisons avec le fascisme historique, lui aussi en faveur de politiques fortes en la matière. Pourtant, expliquent les deux activistes, “la question de la natalité semble s’inscrire de plus en plus dans un discours anti-immigration et racial, où l’obstruction à l’avortement en Italie est étroitement liée à une volonté politique : celle de reproduire la famille, et par conséquent, la patrie blanche”.

L’expulsion de La Consultoria

La Consultoria a été contrainte d’interrompre ses activités le 12 décembre 2024, soit neuf mois après sa création – un hasard teinté d’ironie, pour les militants du mouvement NUDM.

La préfecture de police de Padoue et l’Agence territoriale pour le logement résidentiel ont justifié l’intervention par la nécessité de libérer l’espace pour un projet de cohabitation. Toutefois, comme le soulignent certains militants, l’action a été menée de la manière la plus dépolitisée possible : en silence, sans avertissement préalable ni possibilité de dialogue, en changeant simplement les serrures.

La Consultoria n’a pas été créée pour compenser la privatisation d’un service public, explique Cecilia, mais pour proposer un modèle de santé alternatif et populaire qui fonctionnerait “à l’intérieur et à l’encontre” du système, tout en luttant contre la solitude qui caractérise cette société de plus en plus atomisée qui est la nôtre. Aujourd’hui, La Consultoria de NUDM Padoue cherche de nouveaux locaux et négocie actuellement avec le conseil municipal pour trouver un espace adapté. 

 🤝 Cet article a été publié dans le cadre du projet collaboratif Come Together.
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