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Un scénariste à la remorque, en quête de renouveau. Un ennui, qui pousse à la rêverie et au sentimentalisme. Des aventures qui tombent du ciel, serties de figures attachantes. Avec « La tentation du lac » (Arthaud), le cinéaste Patrice Leconte confirme ses talents de romancier.
La seule bonne chose que l'on puisse trouver au fait que Patrice Leconte ne tourne plus beaucoup, c'est qu'il a le temps d'écrire. Souvent scénariste de ses propres films, auteur d'un côté des célébrissimes Bronzés (1978, pour le premier volet) et de l'autre du merveilleux et parfaitement méconnu Voir la mer (2011), ce spécialiste du grand écart a eu, dans les années 2010, envie d'écrire.
Six romans ont suivi, les trois premiers chez Albin Michel, les suivants chez Arthaud. Patrice Leconte y tournait autour de ses aimables obsessions (les femmes aux cheveux courts, par exemple), lançant un relais vers ses films les plus personnels. Est-ce d'être peut-être le plus ouvertement autobiographique de tous ? La tentation du lac est sans doute la plus réussie de ces tentatives.
Le héros, Rodolphe Martin, patronyme qui le désole, n'est pas heureux. Il n'a plus beaucoup ni de travail ni de succès, gagne moins bien sa vie qu'il ne penserait devoir le faire, s'ennuie à Paris et en a marre de faire semblant d'aller bien. Alors il lâche tout, profitant d'un scénario qui ne sera jamais tourné pour tenter de reproduire ailleurs la vie de son héros de fiction. Le grand vent de l'aventure n'étant chez lui qu’une petite brise, il choisit pour lieu d'exil la paisible Aix-les-Bains.
Sentimental
Là, immergé dans cette province assoupie, il fait quelques rencontres notables (un pêcheur pessimiste, une aimable agente immobilière…) et s'enferme dans la répétition : croisière sur le lac avec fins repas à la clé, absorption de tous les films passant au cinéma Victoria, casino vespéral.
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La lassitude qui point vite va le pousser à se laisser porter par les événements plus qu’à les susciter, événements qui vont soudain le plonger dans des périples et des dangers inconnus… On recherche bien les traces du cinéaste dans les mots de l'écrivain. Et on les trouve : une certaine tendresse teintée de désenchantement, une légèreté qui a l’élégance de ne jamais devenir grave, des silhouettes esquissées et pourtant attachantes…
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Il y a chez Patrice Leconte un sentimental qui ne meurt jamais. « J'ai pris une décision à laquelle je préfère me tenir, ne plus être sentimental, du moins pour un temps », dit Rodolphe. C'est dans ce « pour un temps » que se cache tout le bonheur du livre, leçon de vie tendre et apaisée.
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La tentation du lac, de Patrice Leconte, Arthaud, 208 p., 19 €.