Très apprécié dans nos régions montagneuses, le petit 4X4 Suzuki Jimny a dû quitter le marché français malgré une forte demande, pour cause de malus écologique et de normes de plus en plus contraignantes. Pourtant, il existe sur notre territoire une île où le Jimny est à chaque coin de rue, avec sans doute la densité de Suzuki en circulation la plus importante du monde.

Nicolas Laperruque - Aujourd'hui à 06:05 - Temps de lecture :

  • A Saint-Barth, les Suzuki sont partout.Photo A. LE MEUR

    A Saint-Barth, les Suzuki sont partout.

    Photo A. LE MEUR

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  • En France métropolitaine, le Jimny vaut souvent plus cher d'occasion que neuf.Photo Suzuki

    En France métropolitaine, le Jimny vaut souvent plus cher d'occasion que neuf.

    Photo Suzuki

  • En France, le Jimny n'est plus homologué, faute de répondre aux dernières normes GSR2.Photo A. LE MEUR

    En France, le Jimny n'est plus homologué, faute de répondre aux dernières normes GSR2.

    Photo A. LE MEUR

  • La police locale roule en Jimny.Photo A. LE MEUR

    La police locale roule en Jimny.

    Photo A. LE MEUR

L'île de Saint-Barthélemy est une collectivité d’Outre-mer. C’est-à-dire un territoire lié constitutionnellement à la France, mais ne faisant pas partie du territoire de l’Union Européenne. « Saint-Barth », île des Antilles françaises, occupe une surface de 24 km² pour 10 500 habitants. Pourtant, cette petite île est le territoire où la densité de Suzuki en circulation est la plus importante au monde : environ 2 500 modèles de la marque y sont en circulation, soit plus de 20 % d’un parc roulant d’environ 12 000 véhicules particuliers.

La légende de Jimny

« Rouler là où l’automobile n’a jamais pu se rendre ». C’est la philosophie qui pousse le jeune constructeur japonais Suzuki, à lancer le développement de son premier petit tout-terrain. Nous sommes en 1968, et personne n’imagine alors que ce petit 4X4, qui part à l’assaut du Mont Fuji, va devenir une légende. Il va permettre à son constructeur de conquérir le monde avec une recette simple : « un 4X4 accessible, solide, qui passe partout ».

Après une troisième génération en 1998 du Jimny vendue à près d’un million d’exemplaires, Suzuki va frapper un grand coup. En 2019, le constructeur japonais présente une nouvelle génération, au design très réussi. Le Jimny devient une icône de la mode, sans rien perdre, bien au contraire de ses qualités de franchissement. Après quelques mois de commercialisation et un succès fulgurant, Suzuki annonce la fin de la commercialisation du Jimny en France.

Il n’y en a pas pour tout le monde

Non seulement ils n’en ont pas assez pour satisfaire la demande, mais le constructeur risque une énorme amende en vendant autant de 4X4, à cause des émissions de CO2. Même si le Jimny revient ensuite de façon épisodique dans le catalogue français, en version utilitaire notamment, le constat reste le même : les rares exemplaires neufs disponibles s’arrachent et les prix en occasion dépassent, de loin, le tarif catalogue neuf. L’année dernière, Suzuki annonce officiellement la fin de la commercialisation du Jimny en France, définitive cette fois.

  • Le Jimny doit aussi son succès à sa capacité à rendre tous les services. Photo A. Le Meur

    Le Jimny doit aussi son succès à sa capacité à rendre tous les services. Photo A. Le Meur

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  • Le Jimny est adapté aux conditions de circulation locales. Photo A. Le Meur

    Le Jimny est adapté aux conditions de circulation locales. Photo A. Le Meur

  • Le Jimny n'a pas de malus à Saint-Barth. Photo A. Le Meur

    Le Jimny n'a pas de malus à Saint-Barth. Photo A. Le Meur

  • Le Jimny peut aussi servir à la Poste. Photo A. Le Meur

    Le Jimny peut aussi servir à la Poste. Photo A. Le Meur

  • Les habitants de l'île ont également le droit à la version cinq portes. Photo A. Le Meur

    Les habitants de l'île ont également le droit à la version cinq portes. Photo A. Le Meur

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  • L'ïle de Saint Barth offre la plus grosse concentration de Suzuki au monde. Photo A. Le Meur

    L'ïle de Saint Barth offre la plus grosse concentration de Suzuki au monde. Photo A. Le Meur

Pourtant, il existe bien un territoire français où le Jimny est roi. Il suffit de se rendre à Saint-Barthélemy, point d’arrivée, il y a quelques jours de la Transat Paprec, pour découvrir une toute autre réalité. Ici, le Jimny est partout. Non seulement les habitants de Saint-Barth en raffolent, mais le petit 4X4 est également utilisé par les services de l’État, comme la Police locale.

Mais pourquoi un tel succès ?

Si on peut expliquer le succès du Jimny à Saint Barth par sa réputation de robustesse, sa compacité très pratique dans les étroites rues de l’île et sa technologie de transmission intégrale AllGrip qui lui permet de passer partout, ces caractéristiques ne sont pas la seule raison. Les conditions de circulation locales impliquent d’avoir un véhicule rustique et fiable, entre fortes chaleurs, humidité, revêtements routiers en béton, routes étroites et sinueuses, et des côtes souvent comprises entre 12 et 15 %, les voitures de l’île sont soumises à rude épreuve.

Le succès du Jimny s’explique aussi par l’absence de malus écologique dans cette collectivité d’Outre-mer. Proposé à des tarifs compétitifs, sans malus écologique, le Jimny profite également d’un distributeur local fort bien implanté. Un importateur qui se permet même de luxe de proposer la version longue à cinq portes, jamais distribuée en Europe.

Sur l’île, où environ 10 % du parc est renouvelé chaque année (soit 1 200 ventes de véhicules neufs), Suzuki y détient une part de marché supérieure à 20 %, via un importateur indépendant. Le Jimny n’est pas mort.