Language

         

 Publicité par Adpathway

«Au Tibet, la Chine utilise la rhétorique écologique au service de son expansionnisme»

4 week_ago 22

         

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway

FIGAROVOX/TRIBUNE - La Chine développe un gigantesque projet hydraulique au Tibet, prévoyant notamment de construire le plus grand barrage du monde. Malgré l’opposition des populations locales, Pékin justifie son expansionnisme par un discours vert, explique le spécialiste du Tibet Claude Arpi.

Journaliste et essayiste, Claude Arpi a notamment publié « Tibet, le pays sacrifié » (Calmann-Lévy, 2000). 


Début 2024, des centaines de Tibétains ont bravé l’interdit à Derge, dans l’est du plateau, pour dénoncer la construction d’un barrage sur le Drichu, affluent du Yangtsé. Leur mobilisation visait à alerter sur un projet aux conséquences dramatiques : destruction de forêts séculaires, relocalisation forcée de milliers d’habitants, disparition programmée de six monastères, dont Wangdui, fondé au XIIIe siècle et célèbre pour ses fresques inestimables. La réponse des autorités chinoises fut brutale : arrestations massives, violences et silence sur les indemnisations ou solutions de relogement. Ce projet hydroélectrique est loin d’être isolé. Il s’inscrit dans un vaste programme de treize barrages en cascade dans cette région stratégique. Surtout, il fait écho à un chantier encore plus colossal : un méga-barrage prévu sur le Yarlung Tsangpo, annoncé par l’agence Xinhua, qui pourrait produire trois fois plus d’électricité que le barrage des Trois Gorges. Il bouleverserait durablement l’équilibre écologique du plateau tibétain et des plaines en aval, jusqu’au Bangladesh, sans que Pékin ne daigne en détailler les conséquences.

La contradiction est flagrante. Tandis que la Chine proclame dans ses Livres Blancs l’avènement d’une «civilisation écologique» au Tibet — rebaptisé «Xizang» pour mieux affirmer sa tutelle — elle engage des politiques extractivistes à haute intensité. Le Grand Méandre du Tsangpo, zone d’une biodiversité exceptionnelle et classée parmi les plus sismiques au monde, devient le théâtre d’une frénésie industrielle qui fait fi des risques. En 75 ans, plus de vingt séismes majeurs y ont été enregistrés. Depuis 2021, la percée d’une autoroute entre Nyingchi et Metok a ouvert cette vallée jadis enclavée. Ce corridor, désormais accessible en 4 heures au lieu de 11, n’a rien d’un simple projet routier : il facilite la militarisation de la région et sert d’axe logistique pour l’édification des futurs barrages. Pékin y voit une étape vers son rêve énergétique et géostratégique ; pour les Tibétains, c’est une marche forcée vers l’effacement.

L’obsession modernisatrice du pouvoir chinois avance toujours au pas de charge, balayant mémoire, habitat, culture et opposition

Ce modèle de développement n’est pas sans précédent. Avant les Jeux olympiques de 2008, Pékin avait rasé des quartiers entiers de hutong — ces habitats traditionnels à cour intérieure — pour construire stades, avenues et hôtels. L’obsession modernisatrice du pouvoir chinois avance toujours au pas de charge, balayant mémoire, habitat, culture et opposition. Aujourd’hui, c’est le Tibet qui est traité comme une zone à reconfigurer au nom du progrès. Les conséquences ne sont pas uniquement locales. Le Yarlung Tsangpo devient le Brahmapoutre en Inde et traverse ensuite le Bangladesh. Des barrages géants sur son cours supérieur pourraient, à terme, affecter la sécurité hydrique de centaines de millions de personnes dans la zone la plus peuplée de la planète. Dans un contexte de tensions croissantes dans le sous-continent, la question du partage des eaux devient hautement stratégique. L’accès aux ressources hydriques pourrait bien devenir un facteur d’instabilité majeur.

À lire aussi Voyage dans le far west tibétain, aux sources de la spiritualité

Pendant ce temps, les populations tibétaines sont exclues de toute décision. Elles sont déplacées sans concertation, sans information claire, parfois du jour au lendemain. Leurs lieux de culte, leurs terres, leur mode de vie disparaissent dans l’indifférence. Le Tibet devient un immense chantier au service de l’expansionnisme chinois, sous couvert de modernisation. En mars, le Bureau d’information du Conseil d’État chinois publiait son 18e Livre Blanc sur les droits humains au Tibet. Un chapitre célèbre la protection environnementale assurée par Pékin.

Quelques semaines plus tard, un haut responsable régional répétait dans la presse locale les injonctions à «verdir les montagnes» et à «bâtir une patrie verte». Cette rhétorique saturée de slogans ne masque plus l’écart entre les principes affichés et les réalités du terrain. Face à cette politique de prédation drapée de vert, il est urgent de rappeler une évidence : les Tibétains ne réclament pas autre chose que le droit de vivre sur leur terre, de protéger leur culture, de participer à leur avenir. Leurs voix, si rares et courageuses dans un espace bâillonné, doivent être entendues. Notre regard d’Européens ne doit pas être détourné.

read-entire-article

         

        

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN  

Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway