Language

         

 Publicité par Adpathway

Au Québec, supplier pour avoir de l’eau?

1 month_ago 16

         

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway

Deux mois sans accès naturel à de l’eau potable, à des toilettes fonctionnelles, ce qui force la fermeture des écoles et le transfert de patients dans des hôpitaux montréalais. Deux mois d’un régime sanitaire digne de pays en voie de développement, coupés d’accès à l’eau depuis le bris d’un équipement et le gel d’un tuyau, en plein blizzard. Deux mois sans approvisionnement d’eau par camions-citernes et sans vidange des eaux usées dans les réservoirs prévus à cet effet, car le village n’a pas de réseau d’aqueduc ou d’égout, le pergélisol ne le permettant pas.

C’est la réalité terrible vécue par les 2000 habitants du village de Puvirnituq, une communauté inuite située dans la région du Nunavik, dans le nord de la baie d’Hudson. Les conditions météorologiques difficiles — des blizzards successifs, de forts vents, de la pluie — ont considérablement compliqué les conditions de déplacement des véhicules destinés au transport de l’eau potable et des secours. La semaine dernière, l’hôpital a dû se résoudre à évacuer des patients vers le sud, en raison de plusieurs coupures d’eau potable d’une durée de plus de 24 heures chacune, un scénario d’horreur qu’on peine à croire possible. La commission scolaire a pris la décision de mettre fin de manière hâtive à l’année scolaire, car l’absence d’eau dans les écoles crée des conditions sanitaires périlleuses.

Les cas de gastro-entérite se multiplient d’ailleurs, puisque l’évacuation des eaux usées est impossible. Les résidents en sont réduits à utiliser des sacs et à faire fondre de la neige. La mairesse Lucy Qalingo a déclaré l’état d’urgence samedi après que les services d’incendie du village, appelés pour contrôler un feu dans une résidence, ont eu du mal à combattre l’incendie en raison des conditions météorologiques et du difficile accès à l’eau. Deux maisons ont été détruites.

« Les deux paliers de gouvernement devraient cesser d’ignorer les besoins importants de tout au Nunavik, a écrit samedi soir la mairesse Qalingo sur sa page Facebook. Si nous ne parvenons pas à obtenir des changements résultant de la crise que nous traversons en ce moment, alors nous ne sommes définitivement rien pour eux. » Dans 13 des 14 villages du Nunavik, comme il n’y a pas de réseau d’aqueduc, l’approvisionnement en eau s’effectue par camions-citernes. La problématique là-bas n’est pas le manque d’eau, mais bien la circulation efficace sur un territoire gelé.

Même dans nos contrées ouatées du Sud, où l’accès à de l’eau est aussi facile que d’actionner un robinet, des Québécois continuent de ne pas avoir d’eau potable, en raison notamment de l’état lamentable des infrastructures. L’Union des municipalités du Québec rapportait récemment que plusieurs municipalités doivent refuser des projets de construction de nouvelles habitations, car les infrastructures ne permettent pas davantage d’approvisionnement en eau potable et de traitement des eaux usées.

Dans le Grand Nord, les bris d’équipement, le manque de main-d’œuvre, les conditions météorologiques sont autant de facteurs qui fragilisent le passage de l’eau vers les habitants. Les communautés sont malheureusement habituées à subir d’incessantes interruptions de service, qui forcent par exemple la fermeture fréquente des écoles, un scandale en soi. « Ce que nous subissons en ce moment se produit dans des pays du tiers-monde, ajoute la mairesse Qalingo dans son cri du cœur. On ne devrait pas avoir à supplier pour avoir de l’eau. »

C’est pourtant la triste réalité vécue, encore trop souvent dans l’indifférence et la banalisation, par nombre de communautés des peuples autochtones canadiens. Il y a tout juste un an, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits à l’eau potable et à l’assainissement, Pedro Arrojo-Agudo, avait qualifié de « violation flagrante » des droits fondamentaux des communautés autochtones le fait que le Canada soit incapable de leur fournir à toutes de l’eau potable.

Située au nord-ouest de Thunder Bay, la Première Nation de Pikangikum a dû se résoudre récemment à traîner le gouvernement canadien devant la justice pour violation de ses droits garantis par la charte canadienne. Cela fait des années que cette communauté additionne les états d’urgence en raison de la désuétude de ses infrastructures. Elle réclame 2 milliards de dollars de dommages et intérêts et 200 millions de dollars en aide d’urgence pour réparer son usine de traitement de l’eau, qui souffre d’un mal d’entretien chronique. Les cris d’alarme répétés depuis des décennies n’ont rien donné. Cette indifférence est révoltante.

Mardi, le ministère de la Sécurité publique a accepté de déployer des Rangers canadiens, une unité des Forces armées canadiennes, pour aller prêter main-forte à Puvirnituq — enfin ! Les premières réactions venues de Québec ont été timides là où on attendait force et courage dans la prise en charge. Après l’aide immédiate forcée par l’urgence, il faudra trouver des solutions permanentes. L’accentuation des changements climatiques forcera en effet les autorités à mettre en place des modes de stockage et de traitement des eaux adaptées aux situations particulières de Puvirnituq, et de toutes celles qui en sont réduites à supplier pour boire de l’eau.

Ce texte fait partie de notre section Opinion. Il s’agit d’un éditorial et, à ce titre, il reflète les valeurs et la position du Devoir telles que définies par son directeur en collégialité avec l’équipe éditoriale.

read-entire-article

         

        

NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN  

Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life®

  Publicité par Adpathway