ÉTATS-UNIS - Un record, mais pas de succès pour les démocrates. Donald Trump a remporté jeudi 3 juillet la première victoire législative majeure de son second mandat, avec l’adoption par le Congrès américain d’un grand projet de loi budgétaire actant des baisses d’impôts et des coupes dans la protection sociale des Américains.

Le président républicain doit promulguer ce texte, qu’il a baptisé « Grande et belle loi » et dont il a fait la clé de voûte de son programme économique, ce vendredi 4 juillet, jour de la Fête nationale. Mais juste avant d’être adopté par 218 voix contre 214, le chef de file des élus démocrates, Hakeem Jeffries, avait tenté par tous les moyens de repousser au maximum ce vote final. Pour faire durer les débats et dénoncer au passage cette « monstruosité répugnante » qui « fera souffrir les Américains ordinaires », l’élu a prononcé un discours de presque neuf heures. Un record à la Chambre des représentants.

Jusqu’ici, ce record était détenu par l’élu californien Kevin McCarthy, qui avait prononcé un discours de 8h32 lorsqu’il était chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants en 2021, comme le note la version américaine du HuffPost. Il s’était alors opposé de manière similaire au projet de loi « Build Back Better Plan » de Joe Biden. En vain.

Mais Hakeem Jeffries avait prévenu que son discours serait long. Même très long, comme le prouve son introduction lors de laquelle il a affirmé qu’il était « ici aujourd’hui pour dire clairement » qu’il allait « prendre (s)on temps et (s)’assurer que le peuple américain comprenne pleinement à quel point ce projet de loi sera préjudiciable à sa qualité de vie ».

Ce « projet de loi vaste et répugnant est inacceptable »

Mais n’y avait-il pas de temps de parole limité pour s’exprimer avant le vote ? En théorie oui, sauf pour cet élu démocrate new-yorkais. Car Hakeem Jeffries, en tant que chef de parti, dispose d’un temps de parole illimité, la fameuse « magic minute ». Celle-ci s’est donc transformée en neuf longues heures de plaidoyer au nom de l’Amérique et de ses citoyens.

À Washington, son discours a commencé avant l’aube, à 4h53 jeudi, pour finalement s’achever à 13h38, soit un temps de parole de 8 heures et 44 minutes. L’occasion pour lui de marteler que « ce que propose ce projet de loi, vaste et répugnant, est inacceptable ». Ne retenant jamais ses coups contre les républicains et Donald Trump, il a également déclaré : « c’est dangereux et cruel, et la cruauté ne devrait être ni l’objectif ni le résultat des projets de loi que nous examinons ici, à la Chambre des représentants des États-Unis. »

« C’est une scène de crime et les démocrates de la Chambre ne veulent pas en être complices », a-t-il encore lâché en toute fin de discours afin de marquer les esprits, comme le rapporte MSNBC. Il a aussi prévenu le camp d’en face que les électeurs « se vengeront » lors des élections de mi-mandat, en novembre 2026. Des mots forts, qui n’auront pas suffi, puisque seuls deux élus de la majorité conservatrice et l’ensemble des élus démocrates ont voté « contre ». Rappelons que le parti présidentiel ne pouvait pas se permettre plus de trois défections dans son propre camp.

Cette intervention de Hakeem Jeffries s’inscrit dans les pas de celle du sénateur Cory Booker (New Jersey) en avril dernier. Ce dernier avait établi le record du discours le plus long au Sénat avec une prise de parole de 25 heures et 5 minutes, au sujet des licenciements de fonctionnaires fédéraux décidés par Donald Trump.