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Le château de la Chesnée, situé à Rauville-la-Bigot (Manche) et datant du XVe siècle, est attaqué par un champignon. Entretien avec Pierre de Boisguilbert, le propriétaire.
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Par Rédaction La Presse de la Manche Publié le 15 mai 2025 à 8h00
Le château de la Chesnée, situé à Rauville-la-Bigot (Manche) et datant du XVe siècle, est attaqué par un champignon. Entretien avec Pierre de Boisguilbert, le propriétaire des lieux.
Le château appartient à votre famille depuis plusieurs siècles ?
Le château de la Chesnée est une ancienne demeure fortifiée datant du XVe siècle. Allant de successions en héritages et de mariages, ma famille est propriétaire du château depuis 1664. C’est une longue histoire familiale qui dure depuis quatre siècles. De Boisguilbert ? Vous savez, on ne choisit pas ses origines. Je suis né avec ce nom qui n’a pas toujours été facile à porter. Cependant, avec les années et l’évolution de la société, les choses ont changé. Je suis un monsieur « tout le monde » qui a hérité d’un château et qu’il faut entretenir.
Quel œil portez-vous sur l’héritage familial ?
Lorsque j’étais enfant, avec mes parents, nous habitions dans cette demeure. Ma famille a toujours entretenu le domaine et financé les travaux nécessaires durant plusieurs décennies. Par conséquent, mon père a toujours refusé que le château soit classé Monument historique et ainsi inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Ce qui lui aurait permis de recevoir des aides de l’État pour parer à l’entretien régulier du patrimoine. Mon père ne voulait pas les contraintes de visites. À l’époque, les familles aristocratiques avaient cette formule, « vivons heureux, vivons cachés ». Enfant, je ne m’en rendais pas compte. C’était comme ça. Aujourd’hui, nous sommes dans une démarche inverse puisque le domaine s’ouvre au public à travers les Journées du patrimoine dont la dernière a attiré plus de 600 personnes. Dimanche 11 mai, nous avons accueilli le midi, les 200 participants au rallye pédestre organisé par le comité des fêtes de Rauville-la-Bigot. L’endroit était idéal pour pique-niquer sous les chênes. Ce qui permettait aussi à bon nombre de personnes de découvrir le château.
« Il ne va pas s’écrouler, Dieu merci »
Le château de la Chesnée est-il menacé ?
Il ne va pas s’écrouler, Dieu merci. Mais il est menacé. Les tempêtes deviennent de plus en plus nombreuses et violentes. Lors du passage de Ciaran en 2023, le château situé sur les hauteurs de Rauville-la-Bigot a affronté des vents à plus de 175 km/h. Une partie de la toiture de la tour poivrière, couverte en pierre de schiste, a été soufflée, projetant à plus de 50 mètres des ardoises pesant entre 2 et 3 kg. Nous avons, avec les assurances, pu réaliser les travaux de réfection. Les grosses préoccupations sont ailleurs. La façade principale du château est exposée plein ouest, aux vents dominants et à force d’être continuellement agressée, elle finit par être poreuse. L’humidité s’installe à travers les joints défectueux, attaquant toutes les boiseries des fenêtres.
Vous avez fait appel à un cabinet d’expertise ?
Tout à fait. Le cabinet d’expertise a réalisé « un check-up de santé » nécessaire pour évaluer l’état de santé de l’ensemble du château et a procédé à divers prélèvements.
« Mettre hors humidité les murs et boiseries »
Quel est le verdict ?
Nous étions réconfortés sur un premier point, celui de la toiture qui est saine, ainsi que la charpente que j’avais fait traiter il y a quelque temps. Le deuxième point positif, c’est l’absence de mérule au sein du château. Mais le verdict est sans appel, tous les joints des façades du château, notamment celle exposée plein ouest, sont à reprendre en totalité afin de mettre hors humidité les murs et les boiseries. Malheureusement, la présence d’humidité a permis à un autre champignon, le coniophore entre autres, de se développer attaquant les boiseries de toutes les fenêtres. Aussi, bon nombre de meneaux sont à restaurer. Il est urgent d’agir.
Qu’avez-vous enclenché depuis ?
Sur les conseils de la fondation du patrimoine, avec mes deux filles qui sont viscéralement attachées à la Chesnée, nous avons monté un dossier complet de 55 pages. Cela nous a pris une année entière. Il comprend les origines du château, son histoire, son patrimoine architectural et culturel ainsi que les travaux nécessaires à sa restauration puis adjoint les devis d’artisans agréés. Les coûts atteignent des sommets colossaux pour des travaux planifiés sur cinq ans.

Vous êtes à la recherche de subventions publiques ?
Il est évident, que ce patrimoine architectural, culturel et historique doit être sauvé. Moi seul, aidé de mes filles, ne peux y arriver. Nous nous tournons vers les collectivités territoriales, le Département, la Région, le fond Leader européen. Notre dossier est déposé à candidature au loto du patrimoine crée par Stéphane Bern. Nous allons monter une association qui soit d’utilité publique afin de sauver ce patrimoine local.
« Mes filles ont le château dans le cœur »
Êtes-vous abattu ?
Non, bien que j’aie énormément donné pour cette propriété, arrivé à un certain âge, j’ai dit à mes filles, si vous ne pouvez le sauver, vendez-le je ne vous en voudrai pas. Mais mes filles, âgées de 36 et 38 ans, ont le château dans le cœur, elles ne veulent pas laisser tomber, c’est le projet d’une vie.
Quand on hérite d’un tel domaine, peut-on dire que c’est un cadeau empoisonné ?
Lorsque j’ai hérité du château à la mort de mon père il y a 27 ans, je dirai que nous avions ma femme et moi un fil à la patte. Je ne suis pas à plaindre, mais il y a des privations, beaucoup d’argent a déjà été investi dans la maintenance du domaine, le sang familial coule à travers ces pierres. Mes filles prennent le relais, elles sont jeunes et pleines d’énergies. Elles réussiront.
De notre correspondant Jean-Jacques BACZYNSKI
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