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«Alpha»: à Cannes, Ducournau dans la peau

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Après la claque cinématographique assénée par son hallucinant Titane, Palme d’or en 2021, Julia Ducournau était attendue, et c’est le moins qu’on puisse dire, impatiemment. Elle est de retour en compétition cannoise avec Alpha, une déstabilisante allégorie du sida et de la transmission des traumas familiaux, qui s’inscrit en parfaite continuité de Grave, son brillant premier film, et Titane. Pour autant, Alpha n’est pas aussi éprouvant : c’est fulgurant, mais autrement. Malgré cela, en projection de presse, plusieurs ont quitté la salle avant la fin. Quoiqu’avec cette cinéaste-là, le contraire aurait presque été décevant.

Le film se déroule au Havre, au début des années 1980. Alpha, 13 ans, vit seule avec sa mère, une médecin qui, chaque jour, assiste avec impuissance aux ravages causés par un mystérieux virus. Lequel virus « calcifie » les personnes atteintes jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’est-à-dire que lentement, douloureusement, les malades toussent de la poussière puis se transforment en espèce de statues de marbre blanc.

Or, lorsqu’Alpha rentre à la maison avec un tatouage artisanal au bras, sa mère craint qu’elle ait attrapé ledit virus. À l’école, l’idée des camarades de la jeune fille est faite : elle est contaminée.

C’est durant cette période anxiogène que reparaît dans la vie d’Alpha et de sa mère Amin, le frère toxicomane de cette dernière. Toute gamine, Alpha l’avait connu, brièvement…

Il serait dommage d’en révéler davantage.

Réellement poignant

À nouveau, Julia Ducournau s’aventure dans les contrées de l’horreur corporelle (body horror) héritée de David Cronenberg : la charge est moins viscérale, moins ouvertement sanguinolente que dans ses deux films précédents, mais revêt une valeur symbolique tout aussi puissante.

Pour le compte, l’une des rares scènes avec du sang survient à la piscine de l’école, lorsqu’Alpha se frappe la tête. La voici au milieu d’une mare carmin, avec les autres élèves qui bondissent hors de l’eau en panique : le plan est saisissant.

D’ailleurs, le film est rempli d’images fortes : Alpha reliant au feutre les marques d’aiguille sur le bras d’Amin ; Amin prostré dans la pénombre de la chambre de sa nièce, deux minuscules points blancs à la place des yeux, tel un vampire ; la mère ranimant son frère qui fait des surdoses à répétition ; Alpha qui sympathise en silence, par le regard, avec un enseignant dévasté par le décès de son conjoint devant une classe indifférente…

À ce propos, il s’agit jusqu’ici du film le plus émouvant de Julia Ducournau. Comme dans Grave, où une adolescente découvre le secret familial derrière ses étranges appétits, et dans Titane, où une jeune femme attirée sexuellement par les voitures se fait passer pour le fils disparu d’un homme qui l’adopte malgré l’évidence du subterfuge, Alpha amène l’étrangeté, la « différence », par l’entremise du corps et de la chair, avec en toile de fond, le thème de la famille, de la filiation.

Ici toutefois, la cinéaste ménage, à un niveau inédit dans son cinéma, des développements réellement poignants. On se gardera de les divulgâcher, évidemment.

Cela étant, il convient de préciser qu’Alpha demande une attention accrue : chaque détail compte. C’est le genre de film qui invite à un second visionnement, voire qui le nécessite.

De fait, la structure narrative est beaucoup plus complexe que dans Grave et Titane : ça semble linéaire, mais ce ne l’est pas, entre autres indices (voir les changements de palettes dans la direction photo de Ruben Impens). Le film commande une certaine patience, mais récompense celle-ci.

Vision furieusement originale

Dans le rôle-titre, fort exigeant, la nouvelle venue Mélissa Boros impressionne, tout comme Golshifteh Farahani (Paterson ; Frère et sœur), dans celui de « maman ». Ceci dit, c’est d’un Tahar Rahim (Un prophète ; Monsieur Aznavour) émacié, et tour à tour sinistre et bouleversant, dont on se souvient surtout dans le rôle d’Amin. Tous trois contribuent de manière significative à la réussite d’Alpha.

Il reste qu’il revenait à Julia Ducournau de faire atterrir ce troisième ovni cinématographique, et une fois de plus, elle y est parvenue. Car cette cinéaste n’a pas que de l’audace : elle a le talent qui va de pair avec sa vision furieusement originale. Oui, c’est fulgurant, mais autrement.

François Lévesque est à Cannes à l’invitation du festival et grâce au soutien de Téléfilm Canada

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