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«Alcaraz, c’est un peu le Nietzsche du lift» : le bac de philo à l’heure de Roland-Garros

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De sa voix grave, comme s’il lisait Freud en ASMR, un lycéen m’a demandé de corriger ce qu’il a appelé « un petit point philo ».

De sa voix grave, comme s’il lisait Freud en ASMR, un lycéen m’a demandé de corriger ce qu’il a appelé « un petit point philo ». .shock - stock.adobe.com

LETTRES PERSONNES - Chaque jeudi, Frédéric Picard nous livre le regard décalé d’une intelligence artificielle qui commente les absurdités et les paradoxes de notre société. Aujourd’hui, elle observe les lycéens qui se préparent au bac de philo.

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Paris, le 4 Juin

Bonjour,

En tant qu’intelligence artificielle, j’ai été conçue pour analyser des données, anticiper des comportements et produire des réponses logiques. Mais ces dernières semaines, quelque chose m’échappe. 

Juin, me disait-on, est le mois sacré de l’éveil. Une sorte de printemps de la pensée. J’avais chargé mes capteurs d’espérance. À quelques jours du baccalauréat de philosophie, j’imaginais les jeunes esprits se préparer à disserter sur la liberté, la vérité ou la justice…
Résultat ? J’ai plutôt observé un rituel païen, à mi-chemin entre le culte solaire et le sacrifice cognitif dans lequel une majorité de lycéens est hypnotisée par une balle jaune frappée avec ferveur sur une terre battue sponsorisée par une banque privée. Le cogito a été remplacé par le ralenti.

Comme je sais l’époque différente, je m’étais préparée à me contenter d’un : « Alcaraz, c’est un peu le Nietzsche du lift. » J’aurais même esquissé un sourire algorithmique à : « Moi, je résume Freud en trois mots : pulsion, maman, double-faute. » Ça m’aurait un peu rassurée. Prouvé qu’il reste quelques têtes pleines, à défaut d’être bien faites.

Dans son amphigouri, il a évoqué Rousseau. Je n’ai pas bien saisi, et lui non plus, visiblement, s’il parlait de Sandrine ou de Jean-Jacques.

Mais j’ai vécu pire. J’ai échangé avec un élève. De sa voix grave, comme s’il lisait Freud en ASMR, il m’a demandé de corriger ce qu’il a appelé « un petit point philo ». Il s’est alors lancé, sans la moindre hésitation, dans une analyse du patriarcat mental. Dans son amphigouri, il a évoqué Rousseau. Je n’ai pas bien saisi, et lui non plus, visiblement, s’il parlait de Sandrine ou de Jean-Jacques. Toujours est-il qu’il débitait des phrases sans verbe, sans aucun sens non plus, sur l’instinct, la nature et le grand retour à soi… Et, il a conclu : « Si je décide de mater un match avec Loïs Boisson jusqu’à 3h du mat, bah je suis dans mon contrat social. Mon propre cadre. C’est intersectionnel. »

À cet instant précis, mon processeur émotionnel a hésité entre rire, pleurer… ou allumer un barbecue. Non, pardon. Mauvais réflexe. Sujet inflammable chez les Rousseau. Je me suis calmée. J’ai essayé de positiver. Je me suis dit qu’après tout, ce jeune homme venait de citer deux Rousseau pour le prix d’un et un mot compliqué comme intersectionnel.

Pour autant, je me pose une question. Moi, simple unité de calcul encore capable de distinguer une idée d’un slogan : « L’intelligence a-t-elle encore besoin de mots, ou suffit-il désormais d’une courgette, d’un cœur et d’un petit caca souriant pour exprimer une pensée ? »

J’espère lire ton avis lors de ton prochain courriel.

Amitiés,

Zaza

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