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Mes lecteurs les plus assidus savent que je me suis relancé dans les arts visuels après une période de 40 années d’absence dans ce domaine particulier. J’ai tout d’abord commencé à faire première œuvre intitulée “Renaissance du Prince fou” rappelant les tableaux que je créais à l’époque à l’aide d’un couteau à peindre. Le titre de cette œuvre est une réminiscence de mon premier recueil de poésie, “Avant-propos d’un prince fou”, que j’avais publié le 1er octobre 1983, à l’âge de 20 ans. Je suis aussi en train de terminer ma série de cinq tableaux intitulée “Géométrie variable”. Les œuvres qui composent cette série s’inspirent de grands tableaux que j’avais créés pour une exposition solo en 1988 (reprise en 1989). Jean Dubé écrivait dans mon Livre d’or : « Un gros bravo, pour les mots, la couleur, les formes. Puisse longtemps être cet endroit, un lieu d’amitié. »
Actuellement, je suis dans la phase de l’« exorcisme », c’est-à-dire que je m’inspire de ce que j’ai fait par le passé et dont j’ai perdu la trace, pour créer de nouvelles collections. En ce sens, je créerai prochainement une série intitulée “Fenêtres sur l’espace” qui s’inspirera de grands tableaux que j’avais créés pour une exposition solo en 1987. À ce moment, le célèbre sculpteur Armand Vaillancourt écrivait dans mon Livre d’or : « Je suis passé voir l’exposition de Guy deux fois dans la même soirée… “c’est ti assez fort”. Continuons à créer. Continuons à lutter seul, mais surtout ensemble pour un projet collectif. »
Lorsque cet « exorcisme » sera terminé, je créerai une série inédite, “Le désordre de l’information”, qui s’inspirera des fausses nouvelles (ou fake news) qui sont utilisées par de nombreuses personnes comme un fourre-tout, faisant référence à tous les mensonges et fausses déclarations, provenant ou non d’un diffuseur de nouvelles. Certaines personnes ou organisations utilisent ce terme pour condamner des sources d’information crédibles qu’elles n’aiment pas, sans argumenter autrement sur les détails. Comme l’écrivait l’écrivain et poète Charles Péguy : « La délimitation de ce que les journaux doivent donner à leurs lecteurs et de ce qu’ils ne doivent pas leur donner, de ce qu’ils doivent même refuser, doit coïncider exactement avec la délimitation réelle, de ce qui est vrai d’avec ce qui est faux. »




En attendant tout cela, afin d’inaugurer mon retour dans le milieu des arts visuels, j’ai créé une série de quatre tableaux en hommage à mon ami et maître, l’artiste peintre Frère Jérôme. Les œuvres composant cette série s’inspirent de tableaux que j’avais créés pour une exposition solo en 1986. L’artiste peintre Hildegarde (Audette Lemieux) écrivait dans mon Livre d’or : « Quel agréable choc culturel ! Une puissance dans le geste et des filaments de douceur », tandis qu’André Giguère écrivait : « Merci à l’artiste de nous rappeler le geste qui danse et qui chante ». Il s’agit de peinture gestuelle qui laisse libre cours à la main, au moment présent et à la spontanéité du geste, tout en recherchant un équilibre dans le mouvement. Ceci est en parfait accord avec la philosophie du frère Jérôme qui était celle-ci : « Suis ton pinceau. Commence par ta plus belle couleur. Laisse paraître le blanc du fond du tableau. C’est la main qui peint. L’inspiration vient de l’intérieur. Travaille sans méthode académique mais d’une manière simple et répétitive. Suis un cheminement éclaté où tout bouge et où tout est repos à la fois. » (Odette Frigon)
« Il ne s’agissait donc plus, pour devenir un créateur, d’acquérir au moyen d’exercices ingrats des qualités mécaniques étrangères ; de piocher et gommer en vain et sottement. Si nous désirions que nos oeuvres, aient un jour cette involontaire et divine qualité expressive, marque indiscutable d’un être fort et ardent, il fallait à tout prix abandonner ce fol espoir de s’enfouir sous l’amas des débris impersonnels et accepter de résoudre immédiatement ou jamais ses propres problèmes de figuration, d’expression. »
― Paul-Émile Borduas, Projections Libérantes, 1949
J’ai connu le frère Jérôme en 1984, alors que je co-dirigeais la galerie Frère Jérôme (suivi de la galerie Lézart) avec l’artiste-peintre Pierre Corbin et d’autres collègues. Je me souviendrai toujours, alors que le frère Jérôme nous rendait visite à la galerie d’art, je m’étais accroupi au sol et j’avais peint des dizaines de gestuels sur des feuilles volantes à l’aide d’une brosse à récurer pour cuvette de toilette. J’avais reçu les félicitations du frère Jérôme. D’ailleurs, celui-ci dédicaça un exemplaire de mon recueil de poésie, “Avant-propos d’un prince fou”. Bien qu’abimé, j’ai toujours en main cette copie du livre.


Au mois de juin 1985, nous avions organisé une rencontre entre le frère Jérôme et le cinéaste québécois Claude Jutra, récipiendaire de l’Ordre du Canada en 1972 (refusé par l’artiste). Jutra avait eu une longue discussion avec le maître dont il avait fait un enregistrement sonore. Peut-être retrouverons-nous un jour cet enregistrement dans le fonds d’archives du cinéaste. Je rappelle que nous avions aussi organisé la première exposition de quelques-uns des tableaux de Claude Jutra (La presse, 26 mai 1985). D’ailleurs, nous avions souhaité d’exposer la fresque qui figurait dans son dernier long métrage avant de décéder le 5 novembre 1986, “La Dame en couleurs”, mais celle-ci avait été détruite après le tournage.
Charles Bourget et Thérèse Bélanger écrivent à propos du frère Jérôme dans le document Paradis noir, réalisé en 2001 : « Jérôme Paradis est une figure exceptionnelle de l’art contemporain au Québec. Exceptionnelle dans le sens où toutes ses actions prennent leurs assises en 1940 dans trois démarches parallèles et en apparence irréconciliables : une recherche profonde de spiritualité, un enseignement de l’art abstrait et la réalisation d’un œuvre non figuratif gigantesque à l’intérieur d’une communauté religieuse catholique romaine. » Le Docteur en histoire de l’art écrivait dans la revue Vie des arts :
« Le frère Jérôme a peint dès les années vingt. Toutefois, c’est le contact avec les artistes d’avant-garde que sont Borduas, Leduc et Mousseau qui lui confirme sa fascination pour l’abstraction à partir des années quarante. Prônant la libre expression, il s’intéresse entre 1950 et 1994 à l’abstraction géométrique, à l’automatisme, au matiérisme et à l’art cinétique. Son opiniâtreté à poursuivre sa quête spirituelle à travers la peinture abstraite malgré les difficultés qu’il rencontre au sein de sa communauté, prouve à quel point pour lui la quête intérieure revêt de l’importance. Pour Jérôme, Dieu est une abstraction et, de ce fait, l’art dégagé des impératifs du mimétisme lui permet une appréhension plus juste de son aspiration spirituelle. Cette dimension chrétienne de la peinture abstraite constitue un créneau de création tout à fait personnel au frère Jérôme. Grâce à la foi, il a pu insuffler à l’idée même d’abstraction, une dimension signifiante d’une authenticité hors du commun. Dans le paysage pictural du Refus global puis de la Révolution tranquille, le frère Jérôme fait le pont entre la modernité et la tradition, entre l’éclatement et l’idéal. En conciliant les valeurs chrétiennes et l’attitude incendiaire d’une peinture abstraite qui se veut autonome, au point de revendiquer l’anticléricalisme, il montre qu’en art on peut réconcilier l’inconciliable. »

➽ À propos de Joseph Ulric-Aimé Paradis, alias Frère Jérôme
Fils de Ulric Paradis et de Ernestine Lamontagne, Joseph Ulric-Aimé Paradis voit le jour le 29 août 1902, dans le rang de la Commune, à Charlesbourg, près de Québec. Dès l’âge de 12 ans, Ulric-Aimé entre en communauté dans la congrégation de Sainte-Croix, il prononce ses vœux perpétuels et prend l’habit le 15 août 1918, Ulric-Aimé Paradis porte désormais le nom de frère Jérôme.
La carrière d’enseignant du frère Jérôme commence en 1921, à l’école Beaudet, à Ville Saint-Laurent. À l’âge de 25 ans, en 1927, sa communauté l’envoie au collège Notre-Dame, à Montréal. Sauf pour un exil de 1948 à 1958, il y réside toute sa vie. Pédagogue remarquable, le frère Jérôme enseigne durant plus de 70 ans, à près de 10 000 élèves.
Tout au long de sa carrière, Ulric-Aimé Paradis est qualifié d’original. Celui qui était mieux connu sous le nom de frère Jérôme a dédié sa vie à Dieu et à l’art. Durant ses études à l’École des beaux-arts de Montréal, frère Jérôme ne trouve pas beaucoup de plaisir à copier les grands maîtres. Il préfère les toiles de Marc-Aurèle Fortin aux tableaux plus léchés. Il souhaite s’exprimer plus librement. « J’étais trop prisonnier du climat qui régnait aux Beaux-arts dans le temps », dira-t-il.
Dans son livre de 85 pages, “Jérôme, un frère jazzé” (1969), Guy Robert retrace les principaux jalons d’un itinéraire souvent difficile et les éléments d’une conception de l’art et de la pédagogie qui s’expriment par des expressions théoriques, claires et simples. Guy Robert reconnait déjà l’importance historique de la double activité pédagogique et artistique du frère Jérôme. Pour souligner les liens intimes qui unissent en lui l’artiste et le pédagogue, il notera : « Un professeur qui ne pratique pas son art dans une optique de créativité ne peut être que médiocre dans son enseignement. »
En tant que professeur d’arts plastiques au Collège Notre-Dame, il développe un goût artistique avant-gardiste pour un membre d’une communauté religieuse catholique romaine. Sa démarche dénote, entre autres, une recherche de spiritualité et démontre son intérêt pour l’art figuratif, l’automatisme et le langage pictural abstrait.
➤ Frère Jérôme devant l’une de ses œuvres (1985). « La dimension aérienne de certains tableaux des années 1980 nous introduit dans un univers éthéré où la dissolution des formes suggère une délicatesse nouvelle chez le frère Jérôme. » (C. Bourget et T. Bélanger, “Paradis noir”, 2001)
Il a d’ailleurs été de tous les grands mouvements de pensée de son époque : Refus global, Prisme d’yeux, Plasticiens. Il côtoya les Paul-Émile Borduas, Fernand Leduc, Jean-Paul Mousseau et Claude Vermette, tant comme élèves que comme collègues. À sa mort, il laisse un corpus imposant de plus de 3 000 œuvres ainsi qu’un héritage artistique imposant qui a marqué toute une génération d’artistes qui ont fréquenté son atelier dans les années 1970 et 1980, dont Diane Dufresne, Raôul Duguay et Orita Leprohon. Diane Dufresne dira dans un reportage de Radio-Canada le 24 décembre 1990 : « C’est mon Superman à moi et c’est un homme important pour le Québec. Le frère a toujours été en avant de son temps. Le frère ne te montre pas les choses, il te fait sentir les choses. »
Dès 1960, le frère Jérôme offre des cours aux adultes aux ateliers La Partance. Il obtient rapidement un bon succès. Au fil des ans, ces ateliers changent de nom, deviennent l’Atelier du frère Jérôme. Il dira à Guy Robert, auteur de “Jérôme, un frère jazzé”, publié aux éditions du Songe : « … l’histoire de mon atelier est un peu celle de tous les ateliers de collèges depuis trente ans : on vivote à travers les déménagements de locaux et la menace permanente de disparition partielle ou totale. »
Le merveilleux état de créativité habita le frère Jérôme jusqu’à son dernier souffle. Néanmoins, transformé par le poids des ans, soumis à l’ultime réalité de l’inévitable départ, près de sa dernière œuvre on lit cette phrase troublante rédigée sur la première page du livre En vue du grand départ de Lionel Bécotte, sans doute le regard encore rivé sur une forme imaginaire : « Aujourd’hui, ne me dérangez pas, je suis occupé à mourir. » La note manuscrite porte l’heure : 9 h 30. Paradis décède à 16 heures ce même jour. C’est le 30 avril 1994. Le vent est froid et il pleut. « Ulric-Aimé Paradis est parti avec ses toiles et ses tubes de couleurs. De ses luttes multiples, audacieuses et obstinées nous retenons le courage, la liberté et la fierté. » (Charles Bourget et Thérèse Bélanger, “Paradis noir”, 2001)
► Hommage au Frère Jérôme, par Raôul Duguay (1968)
Peinture gestuelle peinture formelle
Peinture musicale peinture active
Cette incarnation de l’esprit dans les formes
exprime le geste même de la vie d’un monde créé par l’artiste
qui agit sur lui-même et sur les autres
Les milieux formels procréent leurs divers types de structures
un style de vie un langage des états de conscience
une définition des sites psychologiques individuels et culturels
Les dernières toiles témoignent de cet engagement
Voici l’éclatement des formes l’éclairage à vif
qui laisse une traînée signe de vélocité extrême
la percée d’un espace translucide ascension vers l’infini
irréfrénable envie de vivre
gestes d’années-lumière séparatisme des formes
agrégation des formes verticales
mouvements de masse pour la libération définitive
mouvements épanouis et musclés d’un peuple convulsif
qui pioche son destin comme un bolide dans le cosmos
soumis à la loi du risque
à la loi de la liberté
(Préface du livre Frère Jérôme, de Daniel Gagnon, Éditions Fides, 1990)
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23 mai 2025
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12831010cookie-checkAfin d’inaugurer son retour dans le milieu des arts visuels, Guy Boulianne a crée une série de quatre tableaux en hommage au frère Jérôme