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Adrien Laurent, l’influenceur qui fait de l’hypersexualisation des femmes son fonds de commerce

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Acteur de films pornographiques et influenceur sur les réseaux sociaux, cet ancien candidat de téléréalité - visé par une plainte pour viol aggravé - a construit sa notoriété sur des contenus rabaissant les femmes. La ministre à l’Égalité femme homme, Aurore Berger, exige que TikTok retire ses vidéos de la plateforme.

Pour retrouver la première apparition télévisée d’Adrien Laurent, il faut remonter en 2016. Âgé alors de 22 ans, il participe à l’émission « Garde à vous » sur M6 dans laquelle de jeunes hommes doivent revivre le service militaire. Rapidement, sa personnalité est remarquée du public, ce qui le propulse sous le feu des projecteurs. Dans la foulée, Adrien Laurent est repéré par des recruteurs chargés de trouver de nouveaux candidats de téléréalité pour les émissions du petit écran. Il signe sa participation à la quatrième saison des «Princes de l’Amour», diffusé alors sur W9. Très populaire à l’époque, ce programme met en scène six jeunes hommes chargés de trouver leur âme sœur parmi des prétendantes venues spécialement pour les séduire.

La notoriété d’Adrien Laurent explose alors qu’il se met en couple avec la candidate Elsa Dasc. Rupture, reconquête et disputes vont rythmer leur relation, le tout sous les yeux des téléspectateurs qui n’en perdront pas une miette. Adrien Laurent gagne en abonnés sur les réseaux sociaux et enchaîne les participations à d’autres émissions de téléréalité comme «Les Anges» sur NRJ12 ou «La Villa des Cœurs Brisés» sur TFX.

Le « AD Show »

Il vit alors de ses participations télévisuelles mais surtout des partenariats scellés avec les marques qui payent à l’époque grassement les influenceurs pour promouvoir nombre de produits en ligne. Celui qu’on appelle désormais AD Laurent devient une des personnalités issues de la téléréalité les plus suivies sur Instagram. Pendant le confinement du printemps 2020, alors que toute la France est enfermée, l’ancien candidat se lance dans les vidéos en direct sur Instagram. Chaque soir, il se filme et invite ses abonnés à rejoindre son live qu’il renomme le « AD show ».

Par écrans interposés les inconnus s’enchaînent et peuvent proposer de se mettre en scène, montrer un talent de leur choix. C’est en tout cas ce qu’avançait d’Adrien Laurent à l’époque. Car en réalité, la plupart des participants sont des participantes invitées à danser, «twerker» et à réaliser des strip-teases devant des milliers de spectateurs connectés en direct, le tout sous les commentaires d’Adrien Laurent qui n’hésitait pas à imiter des grognements et aboiements canins pendant les passages des jeunes filles.

Compte Instagram supprimé

Ces vidéos largement visionnées et jugées hypersexualisantes pour les participantes ont alors commencé à faire l’objet de critiques. Déjà, de nombreux internautes déplorent le fait qu’Adrien Laurent soit largement suivi par des mineurs pouvant assister à ces scènes dégradantes. Adrien Laurent s’était alors justifié en affirmant lancer ces directs volontairement à des heures tardives pour éviter que des personnes mineures ne tombent dessus. Bon nombre d’internautes ont rétorqué qu’en période de confinement, tous les jeunes avaient une utilisation accentuée de leur téléphone et des réseaux sociaux et que l’heure tardive n’était en rien une protection.

Autre critique majeure à l’époque : le manque de vérification de l’âge des jeunes filles participant aux vidéos, pouvant donc être potentiellement mineures. Des contenus trop explicites, jugés dangereux voir « dégoûtants » par de nombreux internautes qui ont amené à des signalements en masse du compte Instagram du protagoniste. Celui-ci a été supprimé de la plateforme en mai 2020. AD Laurent s’est, à l’époque, défendu dans une interview avec le spécialiste de la téléréalité, Sam Zirah, en affirmant avoir imposé des règles lors de ses AD Show, prohibant la nudité ou les références pornographiques.

Industrie pornographique

En parallèle de ce scandale, AD Laurent a continué de cultiver son image masculiniste de mâle alpha ultra-musclé au sourire ultra-blanc et au vocabulaire trash envers les femmes. À la sortie du confinement l’ancien candidat de téléréalité s’est lancé pleinement sur la plateforme Mym, conçu pour fournir des contenus exclusifs contre un abonnement mensuel payé par des abonnés. La plateforme est particulièrement prisée pour la vente de photos et vidéos pour adulte. En parallèle, le candidat a véritablement entamé une carrière d’acteur pornographique en réalisant différents tournages, notamment aux États-Unis.

Populaire également sur Snapchat et sur TikTok, AD Laurent continue d’être très présent, fort de son 1,8 million d’abonnés qu'il appelle « mes pupuces ». Sur le réseau social chinois il s’affiche régulièrement aux côtés de jeunes femmes multipliant les références sexuelles. Des vidéos qui encouragent « une vision déformée et toxique de la sexualité où la domination et la violence prennent le pas sur le respect et le consentement » exprimait la ministre déléguée à l’Égalité femme homme, Aurore Berger dans une lettre adressée au président de TikTok France rendue publique le 14 mai. Elle demande que la plateforme retire les contenus publiés par l’influenceur.

Adrien Laurent a depuis longtemps laissé tomber la téléréalité traditionnelle, pour se consacrer à ces mises en scène sur les réseaux sociaux, notamment avec d’autres créateurs de contenu jugés très problématiques. À l’instar de ses nombreuses apparitions dans les vidéos de l’ancien candidat de téléréalité Sébastien Dubois, renommé Sebbydaddy. Ce dernier explique face caméra que c’est « plus intéressant d’être avec une jeune femme » de 22 ans, alors qu’« une jeune femme de 33 ans a déjà tout vécu ». Il explique aussi aimer « les femmes très soumises », qui ne travaillent pas et qui peuvent «s’occuper de lui».

Une plainte pour viol aggravé

En mars 2024, une plainte pour viol aggravé a été déposée à l’encontre d’Adrien Laurent. La plaignante anonyme évoque deux viols « particulièrement sauvages » qui se seraient produits lors d’un séjour en Australie en 2018, alors qu’elle est âgée de 22 ans. La plainte serait étayée de témoignages et examens médicaux. La plaignante affirme souffrir depuis d’un sévère traumatisme.

Dans une interview qu’Adrien Laurent a accordée à Sam Zirah à ce propos, l’acteur pornographique, sourire aux lèvres, dément les accusations. Dans la section commentaire de la vidéo postée sur YouTube et visionnée plus de 700 000 fois, ses adorateurs continuent d’exprimer leur soutien. « Le mec est spécial, controversé, sulfureux, provocateur... on peut lui reprocher plein de choses, mais sa franchise, son honnêteté et sa liberté sont géniales » peut-on lire.

Encore très populaire en ligne malgré ces graves accusations, AD Laurent est aussi régulièrement invité à faire des apparitions en boîte de nuit dans différentes villes de France. Des événements festifs qu’il organise parfois lui-même et qu’il renomme « pupuceland » dans lesquels il n’hésite pas à faire monter sur scène des jeunes femmes venues pour danser devant un public majoritairement masculin. Des événements qui affichent complets et dans lesquels des jeunes se bousculent pour l’apercevoir.

Dernièrement, sa venue dans la boîte de nuit le Boho à Rouen a suscité l’indignation des organisations féministes. Une manifestation a été organisée par le collectif Nous Toutes pendant la soirée devant l’établissement, tenant à rappeler à tous les participants la plainte déposée contre AD Laurent et son comportement particulièrement dégradant envers les femmes.

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