Après l’accident meurtrier de Carberry, la province veut réaménager l’intersection de la route Transcanadienne et de l'autoroute 5. De nombreux résidents considèrent qu'une intersection avec demi-tour restreint, l’une des trois pistes proposées, n’est pas la bonne solution.

Une centaine de personnes s’est rassemblée le long de l’intersection de Carberry où une collision a causé la mort de 17 personnes en juin 2023. Ils s’opposent aux réaménagements envisagés par la province pour l'intersection, qui ne seraient pas assez sécuritaires, selon eux.

Jordan Dickson qui vit à proximité de cette intersection, y a vu beaucoup d’accidents. Elle veut que la route soit plus sécuritaire et craint que les besoins de la communauté ne soient pas entendus. Le processus de consultation de la communauté organisé par la province a été frustrant et beaucoup de membres de la communauté ont été ignorés, selon elle.

C’est vraiment effrayant parfois, nous sommes toujours à l’affût des feux de détresse.

La province a réalisé une évaluation des risques puis a présenté trois aménagements possibles : l’intersection élargie, l’intersection avec demi-tour restreint et le carrefour giratoire. Mais l’option de l’intersection avec demi-tour restreint, aussi connue sous le nom de l’intersection RCUT, a été la plus discutée.

Trois options ont été proposées lors des consultations publiques : élargir le terre-plein central, créer un rond-point ou bien ajouter un demi-tour au lieu de tourner à gauche. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Chelsea Kemp

Cet aménagement oblige les conducteurs à tourner à droite, à s'insérer dans la circulation et à faire demi-tour au lieu de traverser ou de tourner à gauche.

C'est la recette pour un désastre.

Selon Jordan Dickson, cette approche n'est pas judicieuse dans une région où l'on trouve beaucoup d'engins agricoles et de poids lourds.

Une demande pour un viaduc

Deborah Steen, coorganisatrice du rassemblement, craint qu’une intersection avec demi-tour restreint déroute les automobilistes et qu'ils se rabattent sur des routes secondaires moins sécuritaires.

Deborah Steen et Jordan Dickson privilégient l’option du viaduc. Mais si cela n’est pas possible, elles recommandent d’élargir le terre-plein central, l'une des autres options proposées par la province. Le terre-plein actuel est trop étroit pour qu’une voiture ou un camion puisse s'y arrêter.

C'est à cette intersection qu'un semi-remorque et un autobus transportant principalement des aînés sont entrés en collision, faisant 15 morts et 10 blessés, le 15 juin 2023. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Tyson Koschik

Le printemps et l'automne sont particulièrement difficiles et le carrefour peut devenir un véritable chaos lorsque des engins agricoles l'encombrent. Je traverse cette intersection plusieurs fois par jour et c’est parfois un vrai cauchemar, déplore Deborah Steen.

Neil Adriaansen, agriculteur de la région de Carberry, explique que l'intersection des autoroutes 1 et 5 est un problème depuis des décennies. Les habitants demandent la construction d'un viaduc depuis le milieu des années 1960.

L’agriculteur ne veut pas d’une intersection avec demi-tour restreint. Il prévoit déjà d’emprunter un autre itinéraire si cela est mis en place. Je ne prendrai pas le risque, par un matin brumeux, d'essayer de fusionner sur trois voies et de devoir ensuite faire demi-tour et recommencer de l'autre côté. C'est étrange, assume-t-il.

Si un viaduc n’est pas possible, il privilégie aussi un terre-plein plus large ou des feux de circulation à l’intersection.

Un dernier cycle de consultations aura lieu au cours du printemps, et un rapport d'engagement est attendu de la province cet été concernant l'avenir de l'intersection.

Avec les informations de Chelsea Kemp