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Ils n’ont pas encore l’âge de voter, mais déjà celui de se battre. À Cornwall, en Ontario, des élèves de l’école secondaire francophone de la ville mènent une lutte bien concrète : ils réclament une nouvelle école. Mais derrière leur combat pour un bâtiment neuf se cache une revendication bien plus large, celle d’exister, en français, dans une ville ontarienne où l’anglais domine.
Située à environ une heure de Montréal, Cornwall est officiellement désignée comme une ville ontarienne bilingue, dont plus de 60 % des habitants sont anglophones. Jacob Pilon, président du Comité 73 pour une nouvelle école francophone à Cornwall, fait sa vie quotidienne en anglais. À l’école, par contre, pas besoin de traduire sa pensée, c’est en français que tout se passe. Et il en est fier.
« C’est notre culture, c’est notre identité », lance-t-il au sujet de la langue de Molière.
Le problème, c’est que les installations de la seule école francophone de la ville ne sont plus à la hauteur de ses attentes. « Nos gymnases sont trop anciens, on ne peut pas accueillir les tournois auxquels on participe souvent puis qu’on gagne aussi », donne Jacob à titre d’exemple. Les pièces de théâtre doivent aussi être répétées et jouées à l’extérieur des murs de l’école, par manque d’espace et d’installations adaptées. « On peut le voir dès qu’on marche dans l’école ! » raconte-t-il en évoquant la vétusté des lieux.
Pour résoudre le problème, le Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien a demandé au ministère de l’Éducation de l’Ontario le financement nécessaire pour une nouvelle construction. En janvier dernier, le ministère a annoncé qu’il ne financerait pas le projet.
« Ça a cloché un peu dans ma tête », se souvient Jacob. C’est à ce moment qu’il a décidé de prendre les choses en main en créant le Comité 73. « Je veux faire ma part pour être capable d’avancer les choses. ».
D’où vient le nom « Comité 73 » ?
Le Comité 73 fait référence à un moment charnière de l’histoire scolaire francophone à Cornwall. En mars 1973, des élèves ont déclenché une grève pour réclamer la création d’une école secondaire de langue française. À l’époque, l’enseignement en français était limité et souvent relégué à des classes dans des écoles anglophones. Cette mobilisation a mené à l’ouverture de l’École secondaire catholique La Citadelle quelques mois plus tard. En adoptant le nom « Comité 73 », le comité veut perpétuer cette lutte pour des conditions d’apprentissage équitables en français.
Manifestation, grève étudiante et campagne de lettres, les étudiants se sont rapidement mis à la tâche pour faire entendre leurs voix. Ils ont multiplié les actions sur le terrain, allant jusqu’à se rendre aux bureaux de leur député provincial, Nolan Quinn, pour lui présenter leur dossier. « On a eu la chance de le rencontrer à son bureau. On lui a présenté le dossier de la Citadelle, du Comité 73, pour voir comment on pourrait collaborer. On s’est engagés à continuer ces discussions-là », raconte Jacob.
La lutte continue
Même s’il a terminé son secondaire, Jacob continue de piloter la mobilisation durant l’été. À la rentrée, il commencera des études en science politique et en droit à l’Université d’Ottawa. « Je reste ici cet été pour amorcer la deuxième vague de mobilisation, mais je suis certain que le comité va continuer ses efforts lorsque je prendrai mon départ. »
Cette relève, il l’a déjà préparée. Le Comité travaille actuellement sur une nouvelle phase d’actions. « On vient juste de finir une grosse vague de mobilisation. En ce moment, on travaille notre plan stratégique. Il va y avoir des détails qui vont sortir dans les prochaines semaines », annonce le responsable des communications du Comité, Arsen Nelson, qui vient de terminer sa 11e année.
Les deux jeunes hommes, rencontrés devant leur école secondaire, tiennent toutefois à rappeler ce qui est au cœur de cette lutte : un principe de justice linguistique. « On parle souvent de la Charte canadienne des droits et libertés, l’article 23, qui dit qu’on a droit à une éducation équivalente et équitable. Ce droit-là, il est là, il reste pour toujours, puis on va l’utiliser. »
On vient juste de finir une grosse vague de mobilisation. En ce moment, on travaille notre plan stratégique.
— Arsen Nelson
À Cornwall, où la majorité de la population est anglophone, la Citadelle représente bien plus qu’une école. C’est un lieu de transmission, d’identité et de fierté. « Nous autres, les élèves francophones, on a l’occasion de vivre en anglais à l’extérieur de l’école, puis de vivre pleinement notre éducation en français. Ça nous permet de développer notre bilinguisme, qui peut être très utile. » À ceux qui leur suggèrent simplement de changer d’école pour obtenir de meilleures installations, Jacob répond sans détour : « Eh bien, c’est notre droit d’avoir une éducation francophone. »
Étudier en anglais n’est pas une option, dit-il. « Non. C’est ici qu’on veut être. En français. »
La mobilisation dépasse donc le simple enjeu d’infrastructure. C’est aussi une affirmation de leur place, en français, dans une ville où leur langue n’est pas la plus entendue.
Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.