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Le regard désenchanté et ferme à la fois, Jacqueline Thomas veux continuer à se battre. "Ma plus grande peur est qu'il arrive ici la même chose que dans ma communauté d'Ebbw Vale", raconte l'ancienne employée des hauts-fourneaux de Port Talbot. "Lorsque l'aciérie a fermé en 2000, le manque d'emplois a obligé les gens à émigrer dans le reste du pays de Galles. C'est pour cette raison que je suis venue travailler à Port Talbot. Ensuite, les magasins de la ville n'ayant plus de clients, ils ont commencé à fermer." Elle serre le poing. "Déjà submergée par les problèmes de santé mentale, la vallée est devenue pauvre. C'est pour cela qu'il faut trouver des emplois pour ces gens, pour qu'ils restent à Port Talbot."
Ces gens, ce sont les 2500 employés du conglomérat indien Tata, licenciés à la suite de l'arrêt des deux hauts fourneaux en juillet et en septembre 2024, et les milliers d'autres dans le reste de la chaîne d'approvisionnement. Un choc, tout d'abord psychologique, considérable pour la ville, situé au sud du pays de Galles, sur la côte, à l'est de la baie de Swansea. "Si tu étais originaire de Port Talbot et que tu voulais un emploi stable et bien rémunéré, environ 40 000 euros net par an (47 000 euros), la seule option était l'aciérie", rembobine Cassius Walker-Hunt, 29 ans. "Je faisais partie de la quatrième génération d'employés des hauts-fourneaux dans ma famille. Lorsque Tata nous a annoncé leur fermeture en janvier 2024, je n'y ai pas cru. Je n'ai réalisé qu'en le lisant dans les journaux le lendemain." À son pic, pendant les années 1960, l'aciérie de Port Talbot disposait à la fois du titre de plus grand employeur du pays de Galles, avec 18 000 travailleurs, et de celui de la plus grande aciérie d'Europe.
La spirale infernale du déclin économique
Pour empêcher la paupérisation de Port Talbot, la municipalité et le syndicat Community se sont associés pour ouvrir un centre de soutien dans le principal centre commercial de la ville. "L'idée est de lister les emplois disponibles, les besoins en formation, que nous offrons aux employés licenciés, pour qu'ils puissent retravailler au plus vite dans le corridor du sud du pays de Galles", explique Alun Davies, le secrétaire national de Community en charge des industries du métal et de l'acier pour le pays de Galles. "De cette manière, nous faisons tourner l'économie et la ville. Nous avons signé un bail de cinq ans pour le centre, donc nous sommes là pour le long terme." Cette initiative a pour le moment permis à des centaines d'employés de retrouver un travail. "Dans la construction, que ce soit en tant que responsables, manœuvres ou conducteurs d'engins, mais aussi dans des métiers plus spécifiques comme plombier, électricien, désamianteur", énumère Kate Flynn, employée de la municipalité. "Tout le monde se connaît à Port Talbot, donc le bouche-à-oreille est très efficace."
Royaume-Uni : les travaillistes comptent sur la santé, le train et les logements sociaux pour relancer le paysLes responsables du centre espèrent empêcher la spirale infernale, devenue inéluctable dans l'esprit de nombreux locaux. Depuis l'accélération des fermetures d'aciéries et de mines à partir des années 1980, le pays de Galles est devenu l'une des régions les plus pauvres du Royaume-Uni. En raison du manque d'infrastructures de transports, que ce soit des autoroutes ou des voies de chemin de fer, certaines vallées comme Ebbw Vale se sont retrouvés coupées du reste du pays, et, par conséquent, dans l'incapacité d'attirer d'importants investissements et employeurs.
Avant le Brexit, en faveur duquel 52,5 % des Gallois ont voté et 57 % des électeurs de Port Talbot, le pays de Galles figurait ainsi comme l'un des principaux récipiendaires des fonds européens de développement régional, comme le rappellent quelques affiches et pancartes toujours accolées à des édifices du centre-ville. "Les banques alimentaires sont devenues un élément normalisé du quotidien de tous les villages et villes de cette région, bien que la plupart de leurs utilisateurs disposent d'un travail", explique Sioned Williams, élue au parlement gallois du parti nationaliste gallois Plaid Cymru, politiquement à gauche. "Entre l'austérité, la hausse des factures, notamment des prix de l'énergie et des taxes municipales, et le manque de logements aux loyers abordables, de nombreux habitants ont quasiment plongé dans la misère."
Le Labour a perdu la moitié de ses soutiens
La fermeture des hauts-fourneaux a eu des conséquences politiques fortes à Port Talbot. "Le Labour nous avait dit avant l'élection de voter pour eux, parce qu'ils empêcheraient la fermeture des hauts-fourneaux", se souvient, amer, Cassius Walker-Hunt. "Nous l'avons fait. À peine élus, ils nous ont lâchés et ont signé l'accord entériné par les conservateurs quelques mois plus tôt. C'est d'autant plus inadmissible qu'au printemps ils sont intervenus pour nationaliser les hauts-fourneaux de Scunthorpe (à l'est de l'Angleterre, NdlR), qui allaient être fermés par leur propriétaire chinois." La réalité est moins tranchée. Le gouvernement est intervenu car le groupe chinois Jingye entendait mettre fin à toute activité, alors que la messe était déjà entendue à Port Talbot et que Tata y construira de nouveaux fours électriques. Cassius Walker-Hunt n'y voit que des excuses et estime que "les Anglais ne se soucient pas des Gallois".
Cette impression a été renforcée par la décision politique du Premier ministre Keir Starmer et de la ministre de l'Economie et des Finances Rachel Reeves de réduire les aides et allocations distribuées aux retraités et aux handicapés pour équilibrer le budget national. Le Labour, qui avait remporté 37 % des voix galloises lors de l'élection générale du 4 juillet 2024, a ainsi perdu la moitié de son soutien (18 %), selon un sondage publié en mai par l'institut YouGov. À un an de l'élection du parlement gallois, il se retrouve désormais en troisième position, loin derrière Plaid Cymru (30 %) et Reform UK, le parti populiste anti-immigration dirigé par Nigel Farage (25 %). À moins d'un fort retournement de situation, sa mainmise sur le parlement gallois depuis sa création en 1999 prendra donc fin.
En perdition dans les sondages, le Labour s'est droitisé: "Apaiser les électeurs les plus à droite ne fonctionnera pas"La colère ne se limite pas aux électeurs. Ces dernières semaines ont montré une forte contestation interne au Labour. Des discussions très tendues ont ainsi été organisées entre les députés mécontents et Rachel Reeves, qui a fini par fondre en larmes mercredi à la Chambre des communes. Il faudra néanmoins sans doute plus pour changer son image de femme inflexible, prête à s'en prendre aux populations les plus fragiles : des larmes, à Port Talbot, hommes et femmes en ont versées.
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