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« Dès qu'on a le feu vert, on y va », promet Patricia Orsiny, penchée devant l’évier de sa petite cuisine ensoleillé. Avec son mari, elle fait le saut, participant à un projet sans précédent en territoire français pour éviter la montée des eaux.
Les Orsiny, propriétaires d’une auberge à Miquelon, à 20 kilomètres de Terre-Neuve, seront parmi les premiers du village isolé à accepter une indemnité non négociable offerte par la mairie et, en échange, de déménager sur des terres plus en hauteur, à quelques centaines de mètres de leur maison actuelle.
On espère que notre nouvelle maison sera hors d'eau hors d'air d'ici la fin de l'année si tout va bien, affirme-t-elle, le temps d’une pause après le petit-déjeuner. Torchon à la main, elle confie que sa maison actuelle ne vaut plus grand-chose. Presque tout le village est considéré inconstructible depuis une décennie, rappelle-t-elle, tellement les risques de submersion sont graves, selon les autorités françaises.

Un poney broute dans un champ non loin du village de Miquelon.
Photo : Radio-Canada / Patrick Butler
Théorique depuis des années, le projet d'envergure s’accélère depuis Fiona, la tempête post-tropicale dévastatrice qui fonçait sur Miquelon avant de dévier vers la côte sud-ouest de Terre-Neuve à la dernière minute. Au cours des derniers mois, quinze parcelles, soit la première phase du projet, ont été attribuées aux pionniers du nouveau village, dont les Orsiny.
C'est la première fois en France que l'intégralité d'un village se déplace en prévision d'un risque, affirme Franck Detcheverry, maire de la municipalité de 600 personnes, qui tente de persuader tous les Miquelonnais d'emboîter le pas au couple.

La plupart du territoire du village de Miquelon est considéré comme étant inconstructible par le gouvernement français depuis 10 ans.
Photo : Radio-Canada / Patrick Butler
On rentre dans le concret du projet, c'est-à-dire dans la phase de travaux, affirme le maire, pour qui le projet s’impose.
Le village de Miquelon est vulnérable tout simplement parce que l'intégralité du village est construite sur un isthme de sable et de galets qui est très, très plat et qui se situe environ à 2 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Franck Detchverry est maire de Miquelon.
Photo : Radio-Canada / Patrick Butler
Parmi les 15 premières parcelles, qui se trouvent toutes à au moins 10 mètres au-dessus du niveau de la mer, quatre sont réservées aux jeunes qui ne possèdent pas actuellement de maison. Sur la 15e parcelle se trouveront les premiers bâtiments gouvernementaux, notamment une nouvelle zone refuge en cas de tempête grave.
Lors de la deuxième phase du projet, plus conséquente, selon le maire, des dizaines d'autres parcelles seront ajoutées, ainsi que des installations pour le traitement des eaux.

Des dizaines de maisons longent la mer à Miquelon.
Photo : Radio-Canada / Patrick Butler
Petit à petit, on y arrivera
Racheter les dix premières maisons coûte 3 millions d’euros, soit 4,5 millions $. La mairie, grâce aux fonds provenant du gouvernement français, songe à en racheter une quinzaine d’autres dès l’an prochain. Mais il y a 250 maisons à Miquelon, au total, sans compter le centre médical, l’école, la boulangerie, les deux épiceries… Et que faire du cimetière et de l’église patrimoniale?
C'est un chantier assez titanesque qu'il faut le prendre étape par étape, une étape à la fois et petit à petit, on y arrivera, estime le maire, qui reconnaît que si toutes les structures de Miquelon sont rebâties sur des terres plus hautes, le projet pourrait durer jusqu’en 2100.

Le village de Miquelon, qui ne compte que 600 personnes, se situe sur une mince bande de terre très plate.
Photo : Radio-Canada / Patrick Butler
Il fallait commencer maintenant
Pour le moment, les Miquelonnais ne sont pas obligés de vendre leur maison et d’en construire une nouvelle. Laurent Pinon, président et directeur de Métamorphoses Urbaines, le cabinet parisien qui aide la mairie à monter le projet, estime toutefois que les risques de submersion et de tempêtes violentes ne cessent de croître.
On mise sur le fait qu'on est très en avance. On a la chance en fait de pouvoir s'adapter, souligne l'urbaniste. Malgré tout, l'exposition au risque, elle est actuelle. [...] Il est probable que cette exposition au risque soit de plus en plus forte.

Philippe Detcheverry cueille des fraises dans sa serre, à Miquelon, avec sa petite-fille, Élena, 3 ans.
Photo : Radio-Canada / Patrick Butler
Je ne crois pas, au fait, qu'on soit dans une bulle et que dans cette bulle-là il ne nous arrivera rien, renchérit Philippe Detcheverry, un autre Miquelonnais qui espère bientôt couler les fondations de sa nouvelle maison. Un jour, ça nous arrivera aussi, soutient celui qui s’inquiète également de l’assurabilité à long terme de sa maison actuelle.
Comme le maire, il admet que le projet ne fait pas l’unanimité. Certains Miquelonnais craignent que le projet dévitalise l’actuel village, alors que d’autres se disent trop âgés pour construire une nouvelle maison.

Quelques maisons à Miquelon se trouvent déjà sur des terres plus hautes, mais la plupart se trouvent à à peine 2 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Photo : Radio-Canada / Patrick Butler
On a dit, si ça se fait, on y va dans les premiers. Non pas pour faire partie de l'histoire, mais tout simplement parce qu'on passait la soixantaine, indique Philippe Detcheverry, à la retraite, qui confie qu’il n’avait jamais envisagé d’entreprendre un tel projet de construction à son âge. Il fallait commencer maintenant.

Patricia Orsiny est propriétaire de l'Auberge de l'île, à Miquelon. Avec son mari, les Orsiny seront parmi les premiers ménages à construire une nouvelle maison sur des terres plus hautes grâce à une indemnité du gouvernement français.
Photo : Radio-Canada / Patrick Butler
Il y a des gens qui sont encore sur la balance, qui se posent encore des questions, affirme Patricia Orsiny, convaincue que la décision d’accepter l’indemnité était la bonne. Ça sera certainement un effet boule de neige quand les premières maisons vont commencer, quand les gens vont voir que c'est vraiment concret et puis qu'on peut y aller, je pense qu'il y en aura d'autres qui vont se lancer.
En rachetant les maisons, la mairie de Miquelon s’engage aussi à les déconstruire. Elle envisage même de bâtir une recyclerie avec les matériaux des maisons qu’elle va démanteler. Ce centre pourra traiter les débris de la prochaine vague de maisons rachetées par la municipalité.