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« Avec le dépôt de ce projet de loi, ne le prenez pas mal, mesdames et messieurs du groupe socialiste, vous vous retrouvez le bec dans l’eau, ce qui, par les temps de canicule que nous vivons, peut avoir des aspects rafraîchissants, mais n’est pas, nous en conviendrons tous, une position durable. » (François Bayrou, le 1er juillet 2025, dans l'hémicycle).
Première séance de la courte session extraordinaire jusqu'à la fin de la semaine prochaine. C'est avec une certaine dose d'humour, celui qu'on a dans les cas désespérés, mais toujours avec le respect pour ses interlocuteurs, que le Premier Ministre François Bayrou a répondu ce mardi 1er juillet 2025 à la motion de censure déposée par le groupe socialiste à l'Assemblée Nationale. Les cas désespérés, c'est celui de son gouvernement qui, faute d'avoir une majorité, même relative, est soumis aux aléas de la vie parlementaire, au bon vouloir des différents groupes, en particulier du PS et du RN, la huitième motion de censure en six mois et demi, mais c'est aussi celui d'un parti socialiste qui, décidément, a définitivement perdu son esprit de responsabilité jusqu'à l'un de ses éminents membres, François Hollande, ancien Président de la République, qui a joué la posture démagogique jusqu'à voter lui-même la censure alors qu'il y était hostile par principe.
Officiellement, le groupe socialiste a déposé une motion de censure sous prétexte que le conclave sur les retraites ne serait pas concluant, ce qui ne serait pas la faute du Premier Ministre qui a laissé justement les partenaires sociaux négocier seuls. Le PS a dégainé cette arme fatale sous prétexte que François Bayrou ne déposerait pas de texte sur les avancées sur les retraites alors qu'il venait juste de dire qu'il déposerait un texte à l'Assemblée sur les accords acquis au cours de ce conclave.
On comprend surtout trop bien que la cuisine politicienne interne et externe du PS nécessitait de montrer haut et fort qu'il restait un parti d'opposition qui se dégageait complètement de toute bienveillance et aussi de tout sens des responsabilités avec le gouvernement.
Cuisine interne, puisque dans la nouvelle direction du parti socialiste, Boris Vallaud, le président du groupe PS à l'Assemblée, partisan acharné de la motion de censure, vient d'intégrer la direction nationale du PS aux côtés du premier secrétaire Olivier Faure. Ce dernier n'a pas obtenu la majorité absolue à la direction et sa majorité est complétée par le courant de Boris Vallaud avec 27 membres correspondant à 30% (au lieu des 17% de son audience au congrès), et Boris Vallaud a obtenu la coprésidence du conseil nationale, la direction de l'Académie Léon Blum, etc. Quant à l'opposant d'Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol fait partie encore de l'opposition et n'a même pas pu donner son avis sur le texte de la motion de censure contre laquelle il était.
Cuisine externe également, puisque le lendemain de l'examen de la motion de censure, le 2 juillet 2025 à Bagneux, sur l'invitation de l'ovni politique Lucie Castets (ne représentant personne d'autrre qu'elle-même), le PS et les écologistes se sont réunis pour réfléchir à une candidature unique de la gauche non-mélenchonique, et le PS devait se présenter dans la posture d'un opposant au gouvernement aux côtés des écologistes aux positions gauchistes assumées.
Reprenons ainsi quelques déclarations à l'occasion de cette discussion de cette énième motion de censure dont l'intérêt est tout relatif puisque le RN avait annoncé qu'il ne la voterait pas.
Sa défenseur socialiste Estelle Mercier n'a pas manqué de dire n'importe quoi pour justifier cette motion de censure : « Donner sa parole, c’est prendre un engagement, faire une promesse que l’on ne peut rompre sans se déshonorer. Monsieur le Premier Ministre, en rompant votre promesse, vous avez choisi le déshonneur. Cette faute, qui vous engage pleinement, appelle une réponse claire de notre assemblée : la censure de votre gouvernement. ».
Ainsi, ces contre-vérités-ci : « Vous n’avez cessé de revenir sur vos engagements, d’abord en écartant progressivement l’hypothèse d’un retour de l’âge légal à 62 ans, avant même la fin des discussions entre les partenaires sociaux, puis en annonçant devant cette assemblée, il y a quelques semaines, que si aucun accord n’était trouvé, la réforme Borne s’appliquerait, enfin en refusant de présenter devant le Parlement un texte sur les retraites qui reprenne les avancées, même minimes, de cette concertation. En agissant de la sorte, vous avez méthodiquement vidé de son sens le conclave sur les retraites. Vous avez explicitement autorisé le patronat français à ne pas faire de concessions, puisque vous l’avez conforté dans son intransigeance, et vous n’avez cessé de saboter les initiatives de compromis. Si vous aviez imaginé que les socialistes pourraient se contenter de mesurettes, même positives, intégrées à la va-vite dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026, mais ne modifiant en rien les équilibres fondamentaux de la loi Borne, vous vous êtes lourdement trompé ! Monsieur le Premier Ministre, au lieu d’ériger ce conclave en exemple de dialogue et de concertation, vous en avez fait un simulacre et vous avez fragilisé durablement la démocratie sociale. Pire encore, par vos renoncements successifs, vous avez trahi non seulement la parole donnée aux députés, mais surtout la parole donnée aux Français ! ».
Estelle Mercier a fustigé le gouvernement de faire le jeu de l'extrême droite alors que le PS demande lui-même une collusion avec les députés RN pour renverser le gouvernement ! Quels imposteurs, ces socialistes ! Elle a poursuivi en réclamant un nouvel interlocuteur à Matignon (qui serait immédiatement censuré) : « Nous défendons ici une ambition : celle de retrouver le chemin du progrès, du dialogue sincère et d’un changement de méthode. Nous souhaitons désormais pouvoir trouver à Matignon un interlocuteur responsable, respectueux du parlementarisme, un Premier Ministre qui travaille sur les sujets qui préoccupent réellement les Français, pouvoir d’achat, justice fiscale, justice sociale, éducation, écologie, accès à la santé et à la culture ; un Premier Ministre qui fixe un cap, qui nourrit pour la France une autre ambition que le retour au cumul des mandats et le scrutin proportionnel, autant de sujets hors-sol et hors d’âge qui ne sont pas à la hauteur des enjeux écologiques, économiques et démocratiques auxquels nous faisons face. Votre méthode inefficace ne sert qu’un seul intérêt, le vôtre ; qu’une seule ambition, rester au pouvoir. Il est désormais temps d’en changer au profit d’une méthode servant avant tout l’intérêt des Français. ».
En l'occurrence, à ce jour, le gouvernement Bayrou est sans aucun doute celui le plus « respectueux du parlementarisme » de tous les gouvernements de la Cinquième République, puisqu'il laisse l'adoption principalement de propositions de loi émanant des parlementaires eux-mêmes. C'est donc un mauvais procès fait à François Bayrou qui n'a pas manqué de prendre son temps pour répondre.
Car François Bayrou n'a pas été avare en argument pour démonter cette motion de censure : « Ne croyez surtout pas que je veuille banaliser cet événement, mais il s’agit de la huitième motion de censure que notre gouvernement doit affronter et de la deuxième du groupe socialiste, le tout en six mois et demi. C’est un rythme, vous l’avouerez, respectable et donc un exercice que je tiens à respecter, même s’il y a parfois des aspects baroques. Récemment, c’était une censure demandée contre le gouvernement parce que l’Assemblée n’était pas contente de l’Assemblée. Cette fois, c’est un peu plus complexe encore : la motion de censure a été annoncée solennellement par le président du groupe socialiste parce que "le gouvernement avait promis un projet de loi sur les retraites présenté devant le Parlement. Il n’y a pas de projet de loi. Donc nous censurons le gouvernement". Le problème, c’est qu’il y aura un projet de loi, je l’ai officiellement confirmé, reprenant les avancées principales, et à mes yeux significatives, du travail du conclave, que j’ai entendu Mme Mercier qualifier de "mesurettes", ce que nous allons vérifier. Avec le dépôt de ce projet de loi, ne le prenez pas mal, mesdames et messieurs du groupe socialiste, vous vous retrouvez le bec dans l’eau, ce qui, par les temps de canicule que nous vivons, peut avoir des aspects rafraîchissants, mais n’est pas, nous en conviendrons tous, une position durable. ».
Ainsi, prenant acte de la posture du PS, le Premier Ministre a accepté de lui délivrer un brevet d'opposition permanente : « Le but de la motion de censure, le Président François Hollande l’a clairement indiqué, n’est donc pas vraiment la censure du gouvernement. C’est un signal pour qu’il soit clair aux yeux de tout le monde, et singulièrement aux yeux du parti socialiste lui-même, qu’il est dans l’opposition, ce dont je lui donne bien volontiers acte. Bien que je n’aie pas de qualification particulière pour le faire, je délivre bien volontiers au parti socialiste, depuis cette tribune, un certificat d’opposition, de mécontentement, de condamnation, d’indignation, de révolte, de protestation, de sanction, d’accusation, de mise en cause, de dénonciation perpétuelle et continue ! Je signe des deux mains autant de certificats autographes que vous le voudrez. ».
Sur le fond du sujet, les retraites, François Bayrou a insisté sur la situation intenable pour les prochaines générations : « Qu’y a-t-il de réel, d’indiscutable, dans la situation des retraites, dans la situation des finances publiques de notre pays, dans la situation respective des générations, qui nous oblige, nous oblige !, si nous sommes responsables, comme nous prétendons l’être, à prendre des décisions, même difficiles, pour opérer dans nos affaires une remise en ordre nécessaire ? Stabiliser, remettre en ordre pour aller de l’avant, voilà le triptyque de l’action gouvernementale. Alors c’est simple ! Il y a, et vous pouvez enregistrer cette affirmation, que la situation ne peut plus continuer, au risque d’une guerre des générations, au risque d’un péril mortel pour notre modèle social, pour notre économie, pour les finances de notre pays et, au bout du compte, pour notre République. ».
Petit cours sur le système par répartition, et le problème de son financement très clairement exposé : « Notre système de retraites, je le dis non pas pour vous, qui le savez pertinemment, mais pour ceux qui nous écoutent, fonctionne par répartition. La règle d’or qui l’organise voudrait donc que les pensions soient payées, chaque année, chaque mois, par les cotisations des entreprises et des salariés, directement, si j’osais dire, du producteur au consommateur, du cotisant au pensionné. Mais il y a des décennies que cette règle n’est plus respectée. Pour la part des retraites dévolue à la fonction publique, ce sont quelque 30 à 40 milliards qui manquent chaque année. Pour les retraites du privé elles-mêmes, ce chiffre atteindra, d’après la Cour des Comptes, 6 ou 7 milliards en 2030, 15 milliards en 2035, 30 milliards en 2045. Il augmente chaque année ! Si rien n’est fait, la Cour des Comptes estime que pour le seul régime général, 350 milliards d’euros de dettes seraient accumulés dans les vingt années qui viennent. Ces chiffres, que je dénonce depuis des années, souvent seul, ces chiffres de désinvolture et d’immoralité, ce sont les chiffres de la pénalisation des enfants par les parents, des travailleurs qui n’en peuvent mais au profit des pensionnés. Ces sommes, si nous les avions, si nous les financions, il n’y aurait aucun problème ! Un pays riche est bien libre d’affecter à l’usage qu’il choisit l’argent tiré de ses impôts, de ses taxes et des charges qu’il prélève. D’ailleurs, s’agissant du social, ce système est bien connu : c’est le système que l’on appelle beveridgien, du nom de l’économiste anglais qui le définit pour Winston Churchill pendant la guerre, et qui fait payer les pensions par l’impôt et les taxes. L’autre système, celui dans lequel les actifs participent par un système d’assurance mutuelle, c’est le système bismarckien. Il n’y aurait aucun problème à ce que nous prenions un peu des deux, une partie issue des cotisations, une partie des impôts et des taxes. Mais l’argent que, par milliards, nous sommes obligés de fournir chaque année à notre système de retraites pour l’équilibrer, en dépit de la multiplication des impôts et des charges, cet argent, nous ne l’avons pas. Et ne l’ayant pas, que faisons-nous ? Nous l’empruntons tous les ans depuis des décennies, tous les ans, tous les mois, tous les jours, et il faudra bien que quelqu’un rembourse. On sait très bien, d’ailleurs, qui remboursera : ce sont les travailleurs d’aujourd’hui et de demain, les salariés, les entreprises, les indépendants ; tous ceux qui paieront des impôts et des charges pendant les vingt, trente, quarante ans qui viennent, c’est-à-dire les actifs d’aujourd’hui et leurs enfants. S’ils comprenaient le piège dans lequel on les a enfermés depuis quarante ans, tous ceux-là manifesteraient, et spécialement les plus jeunes, contre les gouvernants irresponsables et contre les démagogues qui plaident pour que l’on continue à creuser toujours davantage le déficit. Cette situation est un piège mortel ! Un pays ne peut pas survivre à un tel engrenage. ».
D'où sa mission (kamikaze !) : « Et si personne n’alerte, si personne n’entend, nous allons nous perdre dans le surendettement et ce sont tous les actifs de notre pays, puis nos enfants, qui paieront l’addition de notre désinvolture. Je ne suis pas là, et le gouvernement non plus, pour être dans le confort, pour être tranquille, (…) pour échapper à des motions de censure successives, pour gagner du temps, résignés à la douce lâcheté et aux renoncements pour durer. Nous sommes là pour que les Français sachent ce qu’il en est, où nous en sommes, où nous allons et où nous pouvons aller, et qu’ils prennent ensemble, les yeux ouverts, les décisions qui rendront possible la sauvegarde de notre pays, et ce que je dis sur les retraites vaut aussi pour ce dont nous parlerons dans quelques jours, aussitôt après le 14 juillet, dans le cadre de la réflexion que nous avons à conduire pour nos finances publiques. (…) Pour ma part, j’ai un devoir : celui de dire la vérité au peuple qui nous gouverne, de ne pas le tromper, de ne pas accepter son affaissement et son asservissement aux prêteurs, aux intérêts étrangers, d’être ici, à cette tribune et quel que soit le lieu où je m’exprime, son défenseur véridique, même si ce défenseur doit dire des choses difficiles et se retrouve par voie de conséquence impopulaire, parce qu’il refuse d’être le démagogue applaudi qui conduit à l’abîme. ».
Concernant le conclave sur les retraites : « J’ai entendu bien des observateurs prononcer le mot d’échec ; mais je nie absolument, à cette tribune, que le conclave ait été un échec, même s’il est vrai que certains des participants (…) n’ont pas osé faire le dernier pas, comme si l’on craignait toujours l’accusation de trahison de la part de son propre camp. En réalité, les progrès ont été déterminants ; ils ont même été beaucoup plus significatifs qu’on ne pouvait l’imaginer au départ de ce processus. Ce bilan est positif et encourageant. (…) Je sais bien qu’il ne plaît pas à tout le monde de voir la démocratie sociale apporter des résultats et que de nombreux courants, de nombreuses autorités pensent sans le dire, ou même en le disant, pour certains qu’il n’y a rien à attendre des entreprises, toujours réputées égoïstes, et pour d’autres qu’il n’y a rien à attendre des syndicats, toujours réputés démagogues. Je crois exactement le contraire ! Je pense qu’il y a, dans une société comme la nôtre, des marges de progression incroyables ou en tout cas remarquables à attendre, pour le plus grand bien de l’esprit civique, de la prise de responsabilité conjointe des représentants des acteurs de terrain. ».
Parmi les avancées sociales : « La situation faite aux femmes, dont les maternités empêchent souvent l’établissement des droits. Les femmes auront désormais non plus la référence des vingt-cinq meilleures années pour l’établissement des pensions, mais si elles ont un enfant, les vingt-quatre meilleures années, et si elles ont eu deux enfants ou davantage, les vingt-trois meilleures années. Allez donc leur dire que cela ne présente aucun intérêt ! Que ce sont des mesurettes ! Vous êtes scandaleux à l’égard de celles qui travaillent et de celles qui ont besoin qu’on les entende pour prendre leur retraite ! (…) L’âge de suppression de la décote sera fixé non plus à 67 ans mais à 66 ans et demi. Je sais bien que six mois dans la vie, pour vous, n’ont aucune importance tellement vous êtes en dehors de ces considérations, mais je persiste à affirmer que si vous dites aux femmes qui travaillent que vous vous opposez à cette mesure de progrès, c’est que vous travaillez contre elles, parce que vous êtes indifférents à leur vie ! Seule la politique électorale vous intéresse ! Ce n’est pas notre cas et nous avons l’intention d’aller encore plus loin. J’en suis convaincu : pour les métiers usants, dans le domaine de la santé, de la dépendance, du handicap, de la vieillesse ou de la petite enfance par exemple, après des carrières hachées, ce gain de six mois est une vraie reconnaissance. C’est en tout cas ce qu’ont pensé les organisations présentes autour de la table : la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, le Medef et la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises). À l’unanimité, ils ont accepté ces progrès, et vous qui êtes loin du monde du travail, vous nous expliquez qu’il faut les oublier ! Ce n’est pas du tout notre conception de la vie. Vous n’êtes pas sur le terrain : vous exploitez les difficultés de nos concitoyens. ».
Le chef du gouvernement a résumé la situation ainsi : « Impératif d’équilibre financier, acceptation lucide du cadre d’âge, abaissement de l’âge de la décote, reconnaissance de la situation des femmes ayant eu des enfants, reconnaissance des critères de pénibilité, reconnaissance de la cartographie des métiers à risques, reconnaissance des politiques de prévention et approche d’une politique de réparation, ce sont des pas en avant décidés à l’unanimité. La volonté du gouvernement est d’inscrire dans la loi les avancées réelles qui ont été celles du conclave, que personne, en dépit des hurlements, ne peut nier, et qui nous permet de dessiner ce que doit être une méthode d’association des Français, des entreprises, des salariés et des professionnels à la gestion de leur avenir commun. La démocratie sociale est prise en compte, la démocratie politique prend ses responsabilités et la société française doit en être plus responsable et plus unie. J’ajoute que d’autres pas en avant ont été permis par ce travail en ce qui concerne le financement par accord des entreprises et des représentants des salariés. L’ensemble de ces dispositions représentant environ 1,4 milliard d’euros, un accord a été trouvé sur les deux tiers, soit 1 milliard, avec les délégations syndicales et des entreprises. Reste à trouver le financement d’environ 400 millions, et le gouvernement prendra ses responsabilités dans le texte qui sera présenté à l’automne pour que cette question reçoive une réponse qui ne pénalise ni les uns ni les autres,et sans augmenter le coût du travail, dont l’alourdissement serait lourd de conséquences pour la compétitivité des entreprises dans le monde de concurrence sauvage qui est le nôtre, et par voie de conséquence pour l’emploi. J’ai parlé de 400 millions. Sur 407 milliards d’euros de pensions versées, cela représente un peu moins d’un millième. Je suis persuadé qu’on peut y arriver par des adaptations justes et légères. ».
Il a conclu de façon laconique : « Les temps sont durs, mais la preuve est apportée que nous pouvons avancer ensemble, ou plus exactement, plus profondément, c’est parce que les temps sont durs que nous devons avancer ensemble. ».
Je propose ensuite quelques extraits de certaines interventions de députés dans cette discussion parlementaire, elles ne sont pas forcément représentatives de l'ensemble de l'Assemblée car je n'ai repris que les interventions qui me paraissaient utiles à la compréhension.
Le député LR Thibault Bazin s'est moqué de la posture hypocrite des socialistes : « En ce jour caniculaire, nous voici réunis pour une énième motion de censure : la huitième en six mois ! Mesdames et messieurs les députés du groupe socialiste, signataires de cette motion, qui êtes en train de quitter l’hémicycle, n’avez-vous pas peur de lasser les Français ? Est-ce le moment de perdre un temps parlementaire précieux ? Vous voulez censurer le gouvernement ; et après ? N’avez-vous pas appris des conséquences de la censure du gouvernement de Michel Barnier ? Le vote du 4 décembre dernier a fait perdre à la France de la croissance économique, a causé de l’instabilité et freiné les investissements, ce qui a ralenti les embauches et donc entraîné des pertes de recettes pour notre système de protection sociale. Vous en portez, avec d’autres, la lourde responsabilité. Ces derniers mois ne vous ont-ils rien enseigné pour que vous en arriviez de nouveau à voter avec la France insoumise une motion de censure dont le succès ne ferait qu’affaiblir encore la France, aggraver l’équilibre des comptes publics, notamment des comptes sociaux, et finalement pénaliser les Français. Je me souviens d’un temps, pas si lointain, 2015, où un Président de la République socialiste déclarait : "Nous devons rassurer [les jeunes] en montrant la capacité de notre système de répartition à leur verser les pensions auxquelles ils auront droit par leurs cotisations. (…) c’est la plus élémentaire des précautions et c’est même le respect de la promesse de la sécurité sociale (…). C’est très important d’avoir cette vision longue". Votre manœuvre tactique du jour est bien loin de ces propos. Mesdames et messieurs les députés du groupe socialiste, nous sommes souvent en désaccord, mais je pensais naïvement que nous partagions un esprit de responsabilité devant les grands défis de notre pays. Je constate, à regret, que je me suis trompé. Il est encore temps de vous reprendre en retirant votre motion. À moins qu’il ne s’agisse d’un faux-semblant et que vous n’espériez l’échec de votre propre motion ? Ce ne serait pas sérieux. (…) Sous le quinquennat de François Hollande, n’avez-vous pas augmenté la durée de cotisation pour la porter à quarante-trois annuités ? Cela revenait à se rapprocher d’un départ à la retraite à 64 ans puisque l’âge moyen d’entrée dans la vie active s’est stabilisé à 21 ans depuis trente ans. En effet, 21 plus 43 égale 64 ! ».
L'ancienne ministre MoDem Geneviève Darrieussecq n'est pas plus complaisante à l'égard des socialistes : « Peu importe que la dernière motion ne date que de juin et que les députés socialistes ne l’aient pas votée. Rappelons-nous les termes employés alors, il y a tout juste un mois, par leur oratrice : "Nous considérons que le vote de la motion de censure défendue cet après-midi n’est ni la bonne réponse, ni le message que nous souhaitons faire passer ; nous ne l’avons pas cosignée et nous ne la voterons pas, car nous ne voulons pas voter une motion de censure contre le Parlement". En un mois, le parti socialiste a fait du chemin. En effet, vous vous apprêtez à voter une motion de censure non seulement contre le gouvernement et contre le Parlement, mais également contre la démocratie sociale et les avancées qu’elle permet, par le dialogue et le compromis. Le prétexte ? Le Premier Ministre ne respecterait pas ses engagements. En voilà, une nouvelle fable ! En février, le dialogue social a été engagé, grâce au Premier Ministre, sur la réforme des retraites de 2023 et les améliorations à y apporter. Après quatre mois de conclave, ou plutôt, pour employer des mots plus justes, de concertation paritaire, l’accord total que nous pouvions espérer n’a pas été trouvé, mais les partenaires sociaux se sont accordés sur de nombreuses mesures de justice et d’équilibre, qu’a rappelées M. le Premier Ministre. Ce n’est pas rien ! Le gouvernement serait-il coupable, à vos yeux, de vouloir que le dialogue social se poursuive afin de parvenir à un accord global plus ambitieux ? Serait-il coupable, à vos yeux, de promettre que les premières mesures issues de l’accord entre partenaires sociaux trouveront une traduction dans les textes budgétaires de l’automne, ce qui est la voie logique et pertinente pour ce type de mesures, car elle permettra au Parlement de se prononcer in fine. ».
Et de traduire la motion de censure débattue : « Pour simplifier, disons que le parti socialiste, jamais à l’abri d’une bonne idée, estime qu’il convient de censurer le dialogue social dans la mesure où il n’est pas parvenu à un accord global dans le temps imparti. Naturellement, ajoute-t-il, la faute en revient au gouvernement lui-même, qui aurait posé des bornes trop rigides et serait trop soucieux de l’équilibre budgétaire, un comble ! Et tant pis pour les partenaires sociaux qui échangent depuis plusieurs mois et se sont mis d’accord, par exemple, sur l’âge pivot de 64 ans, sur l’abaissement de l’âge de départ à taux plein à 66 ans et demi, contre 67 actuellement, sur des mesures plébiscitées concernant les critères de pénibilité ou permettant aux femmes de bénéficier d’un calcul plus juste de leur pension. Tout cela passerait donc par pertes et profits, au tamis des débats internes du parti socialiste, tout affairé à paraître plus à gauche que la gauche, plus dans l’opposition que l’opposition, ne cherchant même plus à cacher ses incohérences, votant tour à tour pour une motion de censure en décembre, contre une autre en février, contre la suivante au début du mois de juin et pour celle-ci aujourd’hui, sans que personne comprenne grand-chose à ce positionnement politique erratique. Cela ne semble convaincre personne, ni la gauche de la gauche, à en croire les réactions de certains, ni ceux qui pensaient que vous aspiriez à être de nouveau le parti de gouvernement sérieux et responsable que vous avez été. Car l’esprit de responsabilité est aujourd’hui du côté de tous ceux qui tentent de trouver des issues aux difficultés de notre pays et qui redonnent toute sa place au dialogue social en faisant confiance aux organisations syndicales. (…) Dans leur majorité, elles se tiennent loin des considérations politiciennes dont vous vous faites les chantres aujourd’hui par cette motion. Car que censurez-vous aujourd’hui ? Le calcul des pensions pour les femmes qui prend en compte les vingt-quatre meilleures années à partir du premier enfant ? La réintroduction, parmi les critères de pénibilité, du port de charges lourdes, des postures pénibles ou des vibrations ? La décote à 66 ans et demi qui permet de toucher plus tôt sa pension à taux plein ? Finalement, ce que vous censurez par cette motion, c’est le dialogue social et l’esprit de compromis des partenaires sociaux, qui ont permis d’aboutir à des avancées réelles pour les Français. Celles-ci ne vous conviennent peut-être pas, ou ne vous suffisent pas, mais elles ont été obtenues grâce à la confiance accordée aux partenaires sociaux pour améliorer le dispositif tout en prenant en considération les lourdes contraintes, budgétaires en particulier, auxquelles notre pays est confronté. Ils ont démontré par là leur esprit de responsabilité et méritent notre entier respect. Je constate que vous ne faites pas preuve du même esprit. Tout cela ressemble bien à de petites manœuvres partisanes, quand nous aurions tant besoin de sortir des postures et de nous rassembler autour de ces considérations d’intérêt général. ».
La députée Horizons Anne Le Hénanff était aussi en colère contre le « spectacle aussi désolant que prévisible » des socialistes : « Parlons vrai : que reprochent exactement les auteurs de cette motion au gouvernement ? D’avoir tenté de conduire une concertation sur les retraites ? D’avoir refusé de céder aux sirènes de la démagogie en maintenant le cap de l’équilibre financier ? D’avoir rappelé que la responsabilité d’un gouvernement est de préserver l’avenir de nos enfants plutôt que de distribuer des promesses impossibles à tenir ? Le groupe socialiste nous parle de trahison. Mais en quoi le refus de compromettre l’équilibre de notre système de retraites constitue-t-il une trahison ? En quoi le fait de rappeler que les lois de la comptabilité publique s’imposent à nous tous, donc aussi à vous, constitue-t-il une trahison ? (…) Et que dire des leçons de morale dispensées par un parti qui, il y a quelques semaines à peine, se déchirait publiquement lors de son congrès de Nancy, un parti divisé entre certains qui s’acoquinent avec Jean-Luc Mélenchon et d’autres qui dénoncent l’obsession égotique du leader insoumis ? Comment pouvez-vous prétendre à la cohérence gouvernementale quand vous ne parvenez pas à vous accorder ? Comment pouvez-vous invoquer la responsabilité quand vous votez la censure du gouvernement Barnier, précipitant le pays dans l’instabilité ? Comment pouvez-vous parler de brutalité démocratique quand vous vous alliez à l’extrême droite pour faire tomber les gouvernements ? Alors qu’il y a quelque temps, la gauche proclamait son attachement à la stabilité institutionnelle, elle multiplie aujourd’hui les motions de censure, au risque de paralyser le pays. Permettez-moi de mettre en question la logique de la posture défendue notamment par le Président François Hollande : celui-ci affirme qu’il votera la motion de censure contre le gouvernement, mais seulement si le Rassemblement national ne s’y associe pas. Quelle étrange conception de la responsabilité parlementaire ! Depuis quand la défense de l’intérêt général se mesure-t-elle à l’aune des intentions supposées de l’extrême droite ? Cette position révèle une inquiétante dérive : on ne censure plus un gouvernement pour ses actes mais en fonction de ceux qui pourraient éventuellement voter à ses côtés. Surtout, chacun le sait ici, cette motion relève d’un exercice de pure façade ! Ceux qui l’ont déposée l’ont fait pour se draper d’une bonne conscience aux yeux de leurs alliés, tout en sachant pertinemment qu’elle ne serait jamais votée. C’est le théâtre de la vertu sans le courage de l’action, la mise en scène d’une indignation de circonstance, soigneusement calibrée pour ne rien changer. La République attend de ses représentants du courage dans de telles circonstances, non pas une énième contorsion politicienne. Les Français, nous le croyons, n’ont que faire de ces jeux d’ombres. La France mérite mieux que ces manœuvres. (…) Voilà ce que produit cette politique du spectacle : une nation qui s’endort à crédit, qui s’abandonne à la facilité et qui laisse filer la confiance et la fierté de son peuple. Les Français attendent des responsables qu’ils affrontent les obstacles, qu’ils refusent le fatalisme et qu’ils ouvrent un chemin, même difficile, vers la puissance retrouvée de notre pays. La vraie responsabilité politique consiste non pas à multiplier les motions de censure mais à prendre des décisions difficiles pour préparer l’avenir du pays. ».
Attendu pour sa position cruciale, l'orateur du groupe RN, Gaëtan Dussausaye a rejeté tant la gauche que la majorité actuelle : « En effet, pour dire les choses franchement, si la retraite à 64 ans est d’abord une décision de la Macronie, elle est aussi et surtout le résultat de fautes de la gauche. (…) Qui, en 2023, a privé les Français d’un référendum sur cette réforme en refusant de voter la proposition du groupe RN ? C’est encore vous, c’est la gauche ! La liste est longue, accrochez-vous bien ! Qui, toujours en 2023, par ses habituelles méthodes d’obstruction parlementaire, par son éternelle bordélisation de l’Assemblée, contre l’avis des syndicats qui battaient le pavé chaud de la capitale au même moment, a empêché un vote clair sur l’article 7 de la réforme, celui qui actait l’augmentation de deux ans de l’âge légal de départ à la retraite ? C’est vous, c’est la gauche ! Qui, en 2024, a préféré faire réélire Élisabeth Borne, l’artisan de la retraite à 64 ans, plutôt que faire élire un député RN, alors qu’une majorité RN aurait abrogé la réforme, comme l’exigeaient des millions de Français ? C’est toujours vous, c’est toujours la gauche ! (…) La vérité du jour est que le parti socialiste a menti au moins deux fois aux Français au cours de la présente législature. Vous avez d’abord menti pendant plusieurs mois en les laissant croire que le conclave sur les retraites pourrait aboutir à l’abrogation de la réforme, alors qu’il n’en était rien. Vous mentez une nouvelle fois aujourd’hui, avec le soutien de l’extrême gauche, en faisant croire aux Français que la censure permettrait par magie de leur rendre les deux années de retraite volées par la Macronie. Osez dire aux Français, en les regardant droit dans les yeux, que votre censure servira à quelque chose ? Elle n’apporte rien, elle ne change rien. Le Rassemblement national n’est pas le seul à le dire : le Président François Hollande le fait aussi, alors qu’il siège dans vos rangs. Que se passerait-il si nous faisions tomber le gouvernement ? La retraite à 64 ans serait toujours la règle, en attendant un nouveau gouvernement. Puis un autre gouvernement macroniste et LR prendrait la place de l’actuel, et la retraite à 64 ans serait toujours en vigueur. Libre à vous, socialistes, de mentir deux, trois ou cent fois si ça vous chante ! Ce que vous faites est d’une hypocrisie crasse, c’est un mensonge qu’aucun Français ne vous pardonnera. Le Rassemblement national n’a aucune difficulté à censurer le gouvernement. Nous l’avons fait, avec Marine Le Pen, lorsque le gouvernement Barnier a cherché, avec les bénédictions de MM. Retailleau et Attal, à augmenter les taxes sur l’électricité, à désindexer de l’inflation les pensions de retraite, à dérembourser les médicaments ou à réduire les allègements des charges pour les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME). La différence entre vous et nous est que nous censurons quand c’est utile pour le pays, quand cela permet concrètement et immédiatement de protéger les Français de mauvaises décisions prises par le gouvernement. Députés socialistes, les seuls intérêts qui vous animent sont les vôtres, à quoi s’ajoutent vos petites chamailleries, d’une inutilité abyssale, avec les Insoumis au sein du nouveau front populaire. Cette préprimaire de la gauche en vue de l’élection présidentielle offre un spectacle affligeant. D’une part, elle n’intéresse que vous. D’autre part, tout le monde sait que vous saurez très bien vous retrouver en temps voulu, les Glucksmann, Ruffin, Mélenchon et Tondelier, avec l’espoir de vous partager les ministères, comme vous l’avez toujours fait. ».
Le député EPR Stéphane Vojetta, tout en fustigeant les socialistes, a voulu évoquer le fond du sujet : « Je vous le demande : quel est le véritable sens de notre fonction de parlementaire, si nous ne pouvons nous mettre d’accord sur rien, pas même sur des constats ? Ne sommes-nous donc ici que pour mieux préparer notre prochaine élection ou favoriser celle de notre chef ? Ou pour préparer un congrès ? C’est hélas souvent l’impression que nous donnons, vous en particulier, monsieur Faure, notamment en déposant cette motion de censure qui témoigne davantage d’un serment d’allégeance à la France insoumise que d’une volonté réelle de faire tomber ce gouvernement ou de proposer des solutions réalistes à la situation des retraites. Ne devrions-nous pas plutôt aspirer à nous saisir de chaque seconde de notre mandat, un mandat qui peut finir demain, nous le savons, pour faire bouger les choses ou, comme l’auraient suggéré vos prédécesseurs sur ces bancs, pour changer la vie ? Mais pour cela, encore faudrait-il que vous soyez capables de sortir de la posture et de regarder la vérité en face. ».
Et de mettre en cause principalement l'impartialité de la Cour des Comptes : « Chers collègues socialistes, vous reprochez au Premier Ministre et au gouvernement d’avoir nui aux travaux du conclave, court-circuité le dialogue social et empêché un débat parlementaire sur la réforme des retraites, en écartant d’emblée le retour à la retraite à 62 ans et en imposant une trajectoire d’équilibre financier. Si une chose a nui à la qualité des travaux du conclave, c’est bien moins l’attitude de François Bayrou que celle de la Cour des Comptes, qui nous a refusé le diagnostic impartial qu’elle avait pourtant le devoir de réaliser. Revenons en effet quelques mois en arrière, à la déclaration de politique générale du 14 janvier dernier. Monsieur le Premier Ministre, vous nous préveniez alors en ces termes : "Le déséquilibre du financement du système de retraites et la dette massive qu’il a creusée ne peuvent être ignorés ou éludés". Pour financer les retraites, une fois épuisées les cotisations, "restent 55 milliards, versés par le budget des collectivités publiques, au premier chef le budget de l’État, à hauteur de quelque 40 ou 45 milliards. Or, ces 40 ou 45 milliards annuels, nous n’en avons pas le premier centime. Chaque année, cette somme, le pays l’emprunte. Autrement dit, il a choisi de mettre à la charge des générations qui viennent ou qui viendront (…) une partie du montant des pensions que nous versons aux retraités actuels".Voilà pourquoi, monsieur le Premier Ministre, vous aviez alors demandé à la Cour des Comptes de nous fournir l’état actuel et précis du financement du système de retraites. Ce diagnostic devait ensuite être soumis aux partenaires sociaux, à charge pour eux, dans le cadre du conclave, de nous montrer, à nous parlementaires, le chemin vers une refonte indispensable de notre système de retraites. Il faut bien le reconnaître : la Cour des Comptes a failli dans la mission qui est la sienne, elle qui est censée assister le Parlement et le gouvernement en fournissant de manière indépendante des analyses utiles aux décideurs et susceptibles de contribuer activement à l’amélioration de la gestion publique et de ses résultats. Oui, la Cour des Comptes a failli dans sa mission. En affirmant que le système de retraites a été "légèrement excédentaire" en 2023, elle a choisi de perpétuer une forme de dissimulation comptable au sein de nos finances publiques. Le conclave s’est donc ouvert sur cette base faussée. Comment, d’ailleurs, évoquer ce conclave et les débats sur les retraites qui nous occupent constamment depuis 2019, sans tenter de comprendre comment notre ignorance collective a été sciemment organisée, précisément pour nous empêcher d’avoir la moindre chance d’arriver à débattre sur des bases saines ? ».
Et de rappeler les véritables chiffres du système de retraites : « Pour rappel, les pensions de retraite représentent chaque année un quart de nos dépenses publiques et absorbent 14% du PIB de la nation. Personne, pas même vous, ne conteste ces chiffres. Pourtant, nous ne savons pas mesurer correctement l’impact de ces dépenses sur nos finances publiques. En effet, la comptabilité de ce système de retraites, en particulier le compte d’affectation spéciale (CAS) Pensions, a été instaurée en 2006 pour que les déficits éventuels soient répartis dans le budget de chaque ministère. Ils se retrouvent donc partout, sauf dans le système de retraites, dans le but d’entretenir, quoi qu’il arrive, la fable d’un système de retraites par répartition juste et à l’équilibre. Cette fable, vous la connaissez : voilà des années que la Cour des Comptes et le Conseil d’orientation des retraites (COR) nous la racontent le soir pour nous endormir, en s’appuyant sur les conventions comptables votées par nos prédécesseurs. Cette volonté systémique de dissimulation est réelle et son implication sur la gestion de nos finances publiques est dangereuse. Je citerai quelques exemples illustratifs. Cette volonté de dissimulation affaiblit la sécurité sociale, notamment ses branches famille, chômage et accidents du travail, en leur imposant chaque année une quinzaine de milliards de transferts de cotisations vers la branche vieillesse. Ce mécanisme aboutit désormais à la fragilisation de l’ensemble et à la reconnaissance par la Cour des Comptes d’un risque de défaut de paiement de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades) en 2027, mais, bien sûr, pas à la reconnaissance d’un déficit du système de retraites. Cette volonté de dissimulation contamine également nos débats budgétaires. Quand nous votons ici le budget de l’éducation nationale, savons-nous vraiment que 28% de ce budget est absorbé par les cotisations et surcotisations retraite payées par l’État employeur ? Cette part est d’ailleurs en augmentation constante, puisqu’elle était de 22% en 2006. ».
La falsification des comptes de l'État où l'on place dans le budget des ministères le budget de la retraites des leurs fonctionnaires : « Lors des débats budgétaires pour 2025, combien d’entre nous pensaient sincèrement consacrer 87 milliards d’euros à l’éducation de notre jeunesse, alors qu’en réalité, 24 milliards d’euros de ces autorisations d’engagement votées étaient ponctionnés pour financer les pensions des enseignants retraités ainsi que certains régimes déficitaires de la fonction publique ? Vous êtes-vous déjà penchés, ne serait-ce qu’une fois, sur la fiche de paie d’un enseignant ? Faites-le : vous y verrez un salaire net réduit à la portion congrue, enseveli sous une montagne de surcotisations, salariales et surtout patronales, qui grèvent son pouvoir d’achat et minent l’attractivité du métier. Cette situation s’aggravera cette année encore, car le taux de cotisation de l’État employeur passera de 74% à 78% du traitement brut, contre seulement 28% dans le secteur privé. Et cela pèsera davantage encore sur le budget de l’éducation nationale, sans pour autant améliorer la rémunération nette des enseignants, et sans autre justification que d’équilibrer les recettes et les dépenses du CAS Pensions. Dans la même veine, êtes-vous conscients que, pour faire face à la dégradation des comptes de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL), le taux de cotisation patronale des collectivités passera de 32 % en 2024 à 44 % en 2028, sans autre justification que le nécessaire équilibrage des recettes et des dépenses de retraite ? Ainsi, la masse salariale brute des agents des fonctions publiques territoriale et hospitalière augmentera de 3% par an et pèsera sur le budget des collectivités et des hôpitaux, qui reviendront vers nous pour évoquer ce problème, sans aucun effet sur le salaire net de ces agents. René Magritte nous aurait dit : "Ceci n’est pas une pipe". La Cour des Comptes, quant à elle, nous dit dans son rapport : "Ceci n’est pas un déficit". Selon elle, c’est tout simplement "un besoin élevé de financement qui implique une diversification des ressources au-delà des cotisations sociales". Une fois cette centaine de milliards de surcotisations, de subventions et de transferts divers pris en compte, le régime des retraites affichait effectivement un excédent comptable de 8,5 milliards en 2023. Et voilà, le tour est joué ! Un miracle comptable digne de Bernadette Soubirous ou un tour de prestidigitation qui évoque Gérard Majax, à moins qu’il ne soit plutôt du niveau de Garcimore. Le tour est joué, et nous pouvons regarder ailleurs au moment de chercher les postes de dépenses qui pourraient être ciblés dans la tâche pourtant inévitable et inéluctable de réduction du déficit budgétaire. Nous faire regarder ailleurs, c’est précisément l’objectif recherché. Reconnaissons-le : ce système est opaque, même pour nous qui débattons et votons le budget de la nation. Ce système, en torturant la langue et les concepts comptables, nous empêche de penser clairement. Le déficit d’un système par répartition devrait être la différence entre les pensions versées et les cotisations perçues. Lorsque les cotisations ne suffisent plus à couvrir le paiement des pensions, le système est en déficit. Pour éviter la cessation de paiement, il faut alors faire appel à une source extérieure de financement : soit l’État, donc le contribuable ; soit, à défaut, la dette. Or notre système, que l’on dit par répartition et qui est présenté comme étant à l’équilibre, n’est financé qu’aux deux tiers par des cotisations prélevées sur la masse salariale. Le tiers restant provient de l’État. Et à part vous, chers collègues, qui peut encore croire que ces milliards qui sortent des poches de l’État et du contribuable n’ont aucun impact sur notre déficit ni sur notre dette publique ? ».
L'intervention de Stéphane Vojetta a sans doute été la plus instructive des députés dans cet examen de la motion de censure en mettant en perspective le financement du système : « Au fond, la réalité est plus simple que tous ces artifices comptables. La réalité, c’est que notre système de retraites hypothèque notre avenir et celui de nos enfants, en creusant chaque année un déficit budgétaire de plus de 50 milliards. Cette accumulation de déficits explique pourquoi les retraites pèsent pour la moitié des plus de 1 000 milliards de dette supplémentaire accumulés par notre pays ces dix dernières années. Nous étions au gouvernement, mais la responsabilité est partagée (…). La réalité, c’est celle d’un système qui nuit au pouvoir d’achat des actifs, qu’ils travaillent dans le secteur public ou le secteur privé. La réalité, c’est celle d’un système qui accélère la paupérisation de notre éducation nationale, de notre système de santé et de nos services publics. La réalité, c’est celle d’un système incapable d’assurer l’équité au sein d’une même génération, alors que nous ne savons pas dire combien coûte l’écart de droits entre le système de retraites du public et celui du privé. La réalité, c’est celle d’un système incapable d’assurer l’équité entre les générations, puisque nous savons déjà que les taux de remplacement chuteront. Les retraités actuels touchent 75% de leur dernier salaire, alors que les actifs actuels, eux, devront se contenter de 54% lorsqu’ils arriveront à l’âge de la retraite, malgré l’allongement de leur durée de cotisation. La réalité, c’est enfin celle d’un système qui empêche tout pilotage efficace par le gouvernement ou par le Parlement, en nous rendant incapables d’identifier les véritables causes du déficit budgétaire de la France. Alors que nous faisons face à un déficit annuel de plus de 150 milliards d’euros, nous concentrons nos débats sur des fusions d’agences de l’État qui ne permettront que des économies marginales, ou sur la traque des centenaires algériens dans les bleds, dans l’espoir d’en retirer les 40 millions évalués par la Cour des Comptes. L’attitude de ceux qui, à l’instar de la Cour des Comptes, pourraient lever le voile mais choisissent de ne pas le faire, est coupable. Si cette attitude permet d’éviter de reconnaître un déficit comptable, elle favorise aussi l’installation d’un déficit démocratique, celui qui consiste à laisser les Français, leurs représentants élus et les partenaires sociaux débattre de l’avenir de nos retraites sur la base d’un diagnostic trompeur. (…) Oui, il faut du courage pour accepter de voir la réalité en face, car il serait alors inévitable et inéluctable de trouver des solutions qui vont à l’encontre soit de certains de vos récits politiques, soit de certains de nos intérêts électoraux. Je suis désolé de vous le dire, cela va vous choquer, même si je reconnais aisément que l’on peut reprocher des choses à ce gouvernement, le courage que j’évoquais à l’instant, un seul l’incarne ici : François Bayrou. (…) Nous encourageons le Premier Ministre et son gouvernement à poursuivre son combat courageux en faveur de davantage de transparence et de justice pour les actifs actuels et pour les générations futures. ».
Il m'a semblé utile de proposer ces interventions, parfois longues à la lecture, pour bien comprendre d'une part, le problème de fond, un système de retraite malade d'être déficitaire chronique et que le député Stéphane Vojetta a très bien expliqué, et d'autre part, l'imposture de la posture du parti socialiste. Quant à François Bayrou, il a répété le contenu de sa conférence de presse du 26 juin 2025 sur la réalité des accords obtenus lors du conclave sur les retraites et qu'il entend fermement mettre en œuvre le plus rapidement possible.
Sans surprise, la motion de censure a été rejetée vers 20 heures 20 ce mardi 1er juillet 2025 car elle n'a recueilli que 189 votes pour, alors qu'il en fallait au moins 289 (majorité absolue), soit 71 FI sur 71, 66 PS (dont François Hollande !) sur 66, 36 EELV sur 38, 13 PCF sur 17 et 3 LIOT sur 23. La pièce de théâtre est terminée, mauvais vaudeville au comique de répétition suranné. Rideau !
Sylvain Rakotoarison (02 juillet 2025)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
8e motion de censure pour convenance personnelle (du PS).
La réforme de l'audiovisuel public rejetée par les députés (en première lecture).
L'indignation de François Bayrou.
Conférence de presse du Premier Ministre François Bayrou le 26 juin 2025 à Matignon (texte intégral et vidéo).
Déclaration du Premier Ministre François Bayrou le 24 juin 2025 à Matignon (texte intégral et vidéo).
L'échec du conclave sur les retraites : une occasion perdue.
Emmanuel Macron à la télévision : Mélanie avant l'Urgence Océan.
Mélanie, la douceur incarnée.
Sidération institutionnelle.
Il y a un an, la dissolution !
La proposition de loi Duplomb pour les agriculteurs.
Le rejet de la 7e motion de censure contre le gouvernement Bayrou.
Interview de François Bayrou le 27 mai 2025 sur BFMTV (vidéo intégrale).
La longévité du Professeur Bayrou.
Les Républicains.
Le PS.
EELV.
Emmanuel Macron : qu'allait-il faire dans cette galère ?
Interview du Président Emmanuel Macron le mardi 13 mai 2025 sur TF1 (vidéo).
Emmanuel Macron à l'initiative pour la paix en Ukraine.
Emmanuel Macron, le référendum et les Français.
Emmanuel Macron veut-il influencer l'élection du nouveau pape ?
Bétharram : François Bayrou a apporté les preuves de sa bonne foi.
Bétharram : François Bayrou bouleversé par le témoignage de sa fille.
Budget 2026 : François Bayrou promet-il du sang et des larmes ?
Discours du Premier Ministre François Bayrou le 15 avril 2025 à Paris (texte intégral et vidéo).
Emmanuel Macron sur le front du commerce international.
François Bayrou et l'heure de vérité de l'Europe.
Gabriel Attal attaque Marine Le Pen sur l'Ukraine.
Manuel Valls pour la paix, mais pas au prix de la fin de l'Ukraine !
Claude Malhuret s'en prend à Néron et à son bouffon !
Emmanuel Macron : la patrie a besoin de vous !
François Bayrou : la France avait raison !
Le Pen : inéligibilité, exécution provisoire, récidive et ordre public.
Marine Le Pen, est-elle si clean que cela ? (22 février 2017).
Condamnation Le Pen : la justice vole-t-elle l'élection présidentielle de 2027 ?
Le fond accablant de l'affaire Le Pen.
Texte intégral du jugement délibéré du 31 mars 2025 sur l'affaire Le Pen (à télécharger).
Affaire Le Pen : ne confondons pas victime et coupable !
Marine Le Pen : voler l'argent des Français !
Marine Le Pen et la sérénité d'une future condamnée ?
L'avenir judiciaire de Marine Le Pen dans une décision du Conseil Constitutionnel ?
L'installation du nouveau Conseil Constitutionnel présidé par Richard Ferrand.
Richard Ferrand validé de justesse par le Parlement.
François Bayrou et la motion de censure de congrès du PS.
François Bayrou surmonte une 6e motion de censure en cinq semaines !
Bétharram : François Bayrou contre-attaque !
Bétharram : François Bayrou coupable... de quoi, au fait ?
Alain Juppé à la rescousse de Richard Ferrand ?
Mission accomplie : les budgets 2025 (PLF et PLFSS) définitivement adoptés (ouf !).
4 motions de censure et pas d'enterrement !
Emmanuel Macron à la télévision le dimanche soir !
Interview du Président Emmanuel Macron le dimanche 9 février 2025 sur France 2 (vidéo).
Sam Altman salue la France, centre névralgique de l'intelligence artificielle.
François Bayrou, le début du commencement.
La quadrature du cercle de Michel Barnier.