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Des créateurs québécois reprochent à Shein et Temu de les copier

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Des créateurs québécois ont découvert avec sidération dans la dernière année que leur travail avait fait le tour du monde… sans leur consentement. Par hasard, ils sont tombés sur des copies présumées de leurs dessins ou de leurs modèles, vendus à bas prix sur les plateformes chinoises Shein et Temu. Mais face à ces géants du commerce en ligne, les recours sont minces, et aussi coûteux qu’incertains.

« C’est déloyal, c’est déplorable, surtout de la part de grosses compagnies qui ont les moyens de créer à l’infini sans avoir à copier les autres », déplore Steeve Beaudet, président de Souris mini, une marque de vêtements pour enfants basée à Québec depuis une trentaine d’années.

En novembre, un de ses employés à cru reconnaître un pull de la collection d’automne 2022 sur le site de commerce en ligne Shein. N’en croyant pas ses yeux, il a commandé le produit pour en avoir le cœur net.

À vue d’œil, rien ne semble les différencier : deux pulls beiges en maille épaisse avec un col rond et deux boutons. Une frise de sapins verts et des formes géométriques rouge, orange et jaune décorent le bas du tricot.

« Le design est intégralement copié. La qualité, par contre, n’y est pas », commente M. Beaudet. Le prix de vente les distingue aussi : le pull de Souris mini s’est vendu à 49,95 $, sa version Shein, à 17,86 $, livraison incluse.

C’est très frustrant pour nos artistes, qui travaillent fort pour faire des créations uniques et originales.

— Steeve Beaudet

« C’est très frustrant pour nos artistes, qui travaillent fort pour faire des créations uniques et originales », se désole M. Beaudet. Il a toutefois vite abandonné l’idée d’engager des poursuites contre la plateforme chinoise.

« C’est un concurrent bien trop gros, bien trop puissant. On ne sait même pas à qui on a affaire, quelle entreprise a recréé notre modèle. Je perdrais mon temps et mon argent à les poursuivre », concède-t-il, exaspéré.

La pointe de l’iceberg

L’entrepreneuse et influenceuse Elisabeth Rioux, fondatrice de Hoaka Swimwear, est l’une des rares à avoir dénoncé cette pratique sur ses réseaux sociaux, en vain. Elle dit voir encore régulièrement des copies de ses maillots de bain bradées sur Shein.

« Ils volent mes designs, mais aussi mes photos. C’est mon corps et mes maillots de bain affichés sur leur site », fait-elle valoir, riant de cette « situation absurde ». En quelques clics, Le Devoir a pu confirmer la réutilisation des photos de l’influenceuse sur le site chinois.

Gabrielle Laïla Tittley, connue sous son nom d’artiste Pony, dit aussi avoir reconnu ses dessins sur des vêtements vendus par Shein, Temu et d’autres plateformes chinoises. « C’est devenu tellement fréquent ces dernières années. Avec Internet, c’est facile, les compagnies se servent sans aucune gêne », critique-t-elle.

Photo: Capture d’écran sur le site de Temu Gabrielle Laïla Tittley cite le cas d’un rideau de douche, créé en collaboration avec la compagnie Costume de bain, aperçu sur Temu.

Elle cite le cas d’un rideau de douche, créé en collaboration avec la compagnie Costume de bain, aperçu sur Temu. « Quand on leur écrit pour signaler un cas de plagiat, le produit est enlevé temporairement et réapparaît quelques mois plus tard sur la plateforme », affirme-t-elle.

Interpellées par Le Devoir, les plateformes Temu et Shein ont assuré « prendre au sérieux toutes les allégations de contrefaçon » et la « protection de la propriété intellectuelle ».

À la suite de nos questions sur ces cas précis présumés de plagiat, elles disent avoir « ouvert des enquêtes internes » et avoir retiré de leurs sites les produits considérés comme de potentielles copies. Le pull de Souris mini, le rideau de douche de Pony et l’un des maillots de bain d’Elisabeth Rioux n’étaient en effet plus accessibles jeudi après-midi.

Shein soutient que « les vendeurs sur [son site] sont tenus de certifier que leurs annonces ne portent pas atteinte à la propriété intellectuelle de tiers ». La règle s’applique aussi aux vendeurs de Temu. Ce dernier assure « appliquer [ses] règles par le biais d’une surveillance proactive et d’une action rapide en cas de signalement ».

Selon Damien Silès, président-directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), le problème est « majeur ». « Le plagiat sur Shein et Temu est constant. C’est de la concurrence déloyale, soutient-il. Vêtements, accessoires, bijoux, décoration : tout y passe. » Et si les détaillants n’en parlent pas publiquement, c’est parce qu’ils ne peuvent rien y changer, dit-il.

Une protection limitée

À l’instar du président de Souris mini, ni Elisabeth Rioux ni Pony ne comptent se tourner vers les tribunaux, estimant leur cause perdue d’avance. « C’est injuste comme situation, mais c’est vertigineux rien que de penser à s’attaquer à d’aussi grosses pointures », confie Gabrielle Laïla Tittley.

Et pour cause. « On est dans une zone où le droit est plus compliqué à appliquer, on se bat contre de puissantes plateformes étrangères qui pourraient ne pas jouer le jeu. Il est souvent difficile, voire impossible, d’identifier les véritables vendeurs et l’origine des marchandises », explique Alain Y. Dussault, avocat associé au cabinet Lavery, spécialisé en propriété intellectuelle.

Il évoque par ailleurs le manque de protection pour les créateurs de mode dans le droit canadien, une faille qu’exploitent certaines compagnies. Car, contrairement aux secteurs de la musique, du cinéma, du livre ou encore des arts visuels, le droit d’auteur ne peut s’appliquer à leurs modèles. Les images et photos réutilisées telles quelles sont, elles, protégées par le droit d’auteur.

Il est certes possible d’enregistrer des dessins industriels pour protéger l’apparence d’un produit, mais l’exercice est extrêmement coûteux. « Il faudrait payer pour chaque création, dans un milieu où la mode change chaque saison. Ça revient vite cher », souligne l’avocat, précisant que seuls les gros groupes s’en prévalent.

Or, sans cette protection, il devient légal de copier.

« En Europe, les créateurs ont droit à une protection, plus courte, mais automatique, sans avoir à rien enregistrer — ni payer, explique-t-il. La copie d’un design devient strictement interdite pendant trois ans après sa création. Malheureusement, ça n’existe pas ici. »

Poursuites en série

Temu et Shein n’en sont pas à leur première dénonciation en matière de violation de la protection intellectuelle, rappelle l’auteur Philippe Gendreau dans son essai Mode jetable. Ces dernières années, Shein s’est retrouvée au cœur de plusieurs poursuites lancées par de grands groupes comme H&M, Forever 21 ou Uniqlo. En 2023, Temu a poursuivi Shein pour plagiat. En 2024, c’est Shein qui poursuivait Temu. « Si Shein se défend d’avoir plagié, le site Ethically Dressed a publié une liste de plus de 40 firmes et designers dont elle aurait volé les designs. Jusqu’à présent, l’entreprise au banc des accusés n’a offert que quelques centaines de dollars en guise de compensation. Et elle a eu l’audace d’inviter celles et ceux qui la poursuivaient à participer à ses créations », écrit l’auteur.

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