La communauté crie de Washaw Sibi poursuit ses démarches pour s’établir près de Matagami. La cheffe Annie Mapachee-Salt a présenté le projet lors de la Conférence annuelle du Secrétariat aux alliances économiques Nation Crie Abitibi-Témiscamingue présenté mercredi et jeudi à Amos.

La cheffe Mapachee-Salt a d’abord tenu à retracer les origines de sa communauté, photographies et documents historiques à l’appui, au bénéfice de la centaine de personnes présentes à l’Hôtel des Eskers.

Il y a encore beaucoup de personnes qui ne connaissent pas l’histoire de Washaw Sibi. Il y a du monde qui pensent qu’on vient d’autres communautés comme Waskaganish, Waswanipi et ailleurs. L’histoire est là depuis le début de 1900.

Elle a rappelé que les membres de la communauté ont été appelés à choisir le site où s’établir, en 2023, et qu’ils ont choisi celui situé tout juste à l’est de Matagami dans une proportion de 87 %.

Depuis, elle travaille avec son conseil à faire transférer 1 kilomètre carré de terres de catégorie 1, en vertu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, de chacune des neuf communautés. C’est un travail de longue haleine qui demande aussi la collaboration des gouvernements provincial et fédéral.

Plus de 200 personnes sont attendues durant les deux jours de la Conférence annuelle du Secrétariat aux alliances économiques Nation Crie Abitibi-Témiscamingue.

Photo : Radio-Canada / Martin Guindon

Le projet d’établissement reçoit déjà les appuis de la Ville de Matagami, de la Société de développement de la Baie-James et de la Nation Crie.

Les autres communautés sont toutes en faveur, par résolutions. J'ai fait une présentation l'année passée à l’assemblée générale annuelle du Grand Conseil des Cris et ils ont passé une résolution pour appuyer le projet du site de Matagami, précise Mme Mapachee-Salt.

Beaucoup à faire

Il reste encore beaucoup à faire au niveau politique. Annie Mapachee-Salt demande au Grand Conseil des Cris de faire de Washaw Sibi sa grande priorité politique.

Elle souligne l’ouverture du ministre responsable des relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, et voit d’un très bon œil l’arrivée de la nouvelle ministre des Services aux autochtones du Canada, Mandy Gull-Masty, qui connaît très bien le dossier.

La cheffe Annie Mapachee-Salt a présenté le projet d'établissement de la communauté de Washaw Sibi.

Photo : Radio-Canada / Martin Guindon

Vraiment, ça va beaucoup nous aider. Avoir l'appui des ministres, c’est important. Je sais que les gouvernements du Québec et du Canada nous attendent. On fait du bruit, je pense qu'ils savent qu'on s'en vient, a affirmé la cheffe de Washaw Sibi.

Depuis 18 mois, Washaw Sibi compte sur les conseils de l’ancien Grand Chef de la Nation Crie, Dr Abel Bosum, qui a travaillé à l’établissement de la communauté d’Oujé-Bougoumou.

Il est passé par là, alors il nous aide beaucoup. Il sait qui contacter, il sait avec qui parler pour faire avancer notre projet, souligne Annie Mapachee-Salt.

Travailler ensemble

Des discussions ont aussi lieu avec la Première Nation Abitibiwinni. En terminant sa présentation, la cheffe a rappelé avec émotions que sa mère était Crie et que son père était Anishinabe.

Je veux partager que notre foyer était un foyer heureux. J’ai entendu les deux langues. Je crois profondément que si ma famille a pu travailler ensemble, nos nations peuvent aussi travailler ensemble, avec nos voisins non autochtones, a-t-elle plaidé.

La cheffe Annie Mapachee-Salt espère attacher ce projet avant la fin de son mandat en 2027. Et pouvoir enfin dire que nous rentrons chez nous, a-t-elle déclaré, en entrevue.

Le conseil de Washaw Sibi estime le nombre de ses membres à environ 700.